RÄUM

Deuxième album pour RÄUM, « Emperor Of The Sun » est aussi apocalyptique que nuancé. Entre belles atmosphères et blasts surpuissants, on peut dire que le black metal de ces musiciens belges est de haute qualité. Si l’expérience sonore vous paraît immersive, attendez de les voir en live et vous saurez ce que c’est d’être pris dans un tourbillon intense et prenant.
 

Votre deuxième album, « Emperor Of The Sun », est récemment sorti. Comment a-t-il été accueilli ? Avez-vous un retour des fans ?
Geoffrey Deghaye : Le release-show a eu lieu ce 22 février 2025 au Kultura à Liège, une belle affiche 100% belge avec DAGGERS, AUFHEBUNG et CROUCH. L’accueil a été intense, à la hauteur de ce qu’on espérait et même au-delà. On ressent une vraie résonance avec les auditeurs, et les premiers retours soulignent l’évolution du son de RÄUM, sa densité et son atmosphère plus immersive. Les médias spécialisés semblent aussi avoir bien perçu notre intention : un album puissant, mais chargé de nuances. Et du côté des fans, certains morceaux reviennent déjà régulièrement dans les discussions, ce qui est plutôt bon signe.

Revenons un peu à la genèse de RÄUM. Le groupe est né en 2020, est-ce que la pandémie mondiale qui nous a frappés a été l’élément déclencheur pour faire de la musique ? RÄUM a-t-il été une sorte d’exutoire ?
Oui et non. L’envie de composer existait déjà, mais l’isolement forcé a certainement accéléré le processus. Ce contexte a créé un besoin vital d’expression, un exutoire, comme tu le dis. Mais ce qui nous a vraiment forgés, c’est ce qu’on a construit après : l’énergie du live, la connexion avec le public, et surtout le fait de pouvoir repousser nos propres limites en tant que musiciens et artistes.

De qui se compose RÄUM ? Et comment composez-vous ?
RÄUM, c’est : Karim Bechoux et moi, Geoffrey Deghaye aux guitares, Olivier Jacqmin au chant et Xavier Legrand pour la batterie. Je m’occupe principalement de la composition initiale et du concept général, mais tout passe ensuite par un travail collectif. Nos morceaux naissent souvent d’une ambiance, d’une texture sonore ou d’un riff fort, puis on les façonne en studio, en y intégrant des éléments issus de nos expériences live. Le processus est assez instinctif, on cherche à ce que chaque morceau raconte une histoire, avec une tension dramatique propre.

Votre premier album, « Cursed By The Crown », a été suivi de pas mal de dates de concerts. Est-ce que vous avez été surpris de l’engouement qu’a suscité votre musique dès le départ ? Êtes-vous fiers de ce beau début de carrière ?
Honnêtement, oui. On ne s’attendait pas à un tel accueil aussi rapidement. Notre musique est assez exigeante, pas forcément immédiate, mais on a rapidement senti une connexion avec le public. Les concerts ont joué un rôle clé : ils nous ont permis d’affiner notre son, de tester des choses et d’évoluer. Ce début de parcours est une belle satisfaction, mais on voit surtout tout ce qu’il reste à accomplir. L’excitation est à son comble afin de poursuivre l’aventure !

« Emperor Of The Sun » est un album massif, apocalyptique, mais tout en nuances aussi, comme tu le disais, avec de belles atmosphères et une grande mélancolie sous-jacente. Qu’est-ce qui a inspiré la composition des sept nouveaux morceaux ?
L’album explore la montée et la chute des civilisations, l’idée que tout pouvoir porte en lui sa propre destruction. Ce cycle éternel nous fascine, et il se retrouve autant dans les paroles que dans la structure même des morceaux : des montées en tension, des effondrements, des moments de grandeur et de désolation. On a aussi puisé dans nos expériences live pour donner plus d’impact aux morceaux, et certains arrangements, notamment les cuivres, ont été travaillés avec Thomas Cochrane, qui a apporté une richesse supplémentaire au son de l’album.

Si on prend le morceau qui donne son nom à l’album, on retrouve toute cette richesse, avec des lignes de chant hypnotiques, la beauté mêlée au chaos. Est-ce cette vision que vous voulez donner du monde qui nous entoure ? Est-ce que votre musique reflète votre état d’esprit ?
Absolument. L’opposition entre beauté et chaos est un fil rouge dans notre musique. Il y a une forme de grandeur dans l’effondrement, une esthétique dans la destruction. Ce n’est pas un regard cynique, mais plutôt une prise de conscience : rien n’est immuable, tout est destiné à changer, à muter, à disparaître. C’est ce qu’on exprime à travers nos compositions, entre violence brute et moments suspendus.

D’ailleurs, qui est cet « Empereur du Soleil » ?
C’est une figure symbolique, à la fois architecte et victime de son propre règne. Il incarne la gloire et la chute, un souverain qui pense dominer la lumière mais qui finit consumé par elle. Il pourrait être l’image de n’importe quelle civilisation qui s’élève trop haut et finit par s’effondrer sous son propre poids.

Peux-tu nous parler de la pochette de l’album, hautement symbolique elle aussi, qui pourrait faire penser à une des arcanes du tarot de Marseille ?
C’est une lecture intéressante. L’image évoque effectivement une symbolique proche du tarot, avec cette dualité entre pouvoir et fatalité. L’iconographie rappelle des représentations anciennes, mais traitées avec une approche plus contemporaine et minimaliste. L’idée était d’évoquer une figure solaire en plein déclin, avec une lumière aveuglante qui n’illumine plus, mais consume. L’illustration a été réalisée par Sözo Tozö, une artiste dont l’univers graphique nous parle particulièrement. Son travail joue souvent sur des figures mystiques et ésotériques, avec une approche brute et organique qui résonnait parfaitement avec l’atmosphère de « Emperor Of The Sun ». Nous lui avons donné quelques directions, notamment cette idée d’un monarque solaire pris dans sa propre démesure, et elle a su traduire cette vision avec une force visuelle puissante.

Il semble que de nouvelles dates de concerts soient prévues pour présenter l’album au public. Est-ce un moment que vous attendez ? Que peut-on attendre du nouveau show ?
Oui, clairement, on a hâte de défendre « Emperor Of The Sun » sur scène. Nos concerts sont conçus comme une véritable expérience immersive, où la lumière, l’ombre et la fumée jouent un rôle central dans la mise en scène. L’ambiance est primordiale pour retranscrire l’univers du disque, et sur cette tournée, nous voulons aller encore plus loin dans cette approche sensorielle. Nous avons déjà travaillé le show en résidence afin d’affiner notre approche visuelle et scénographique, en explorant différentes manières de traduire la densité émotionnelle de l’album sur scène. Mais l’expérience scénique elle-même va aussi nourrir cette création atmosphérique. Rien n’est figé : chaque concert est une opportunité d’ajuster des éléments, d’accentuer certaines nuances et de laisser une part d’improvisation guider l’interaction avec le public. D’ailleurs, nous sommes attachés à cette idée d’évolution permanente. Nous ne voulons pas d’un show répétitif et figé dans un cadre rigide, mais plutôt d’une performance qui respire et se renouvelle au fil des dates. Chaque lieu, chaque scène, chaque public impose sa propre énergie, et nous faisons en sorte de nous adapter à ces paramètres pour proposer une expérience unique à chaque fois, sans pour autant perdre la cohérence qui fait l’identité de RÄUM. C’est cette tension entre structure et spontanéité qui rend chaque concert vivant, et qui nous motive à repousser toujours plus loin l’intensité de nos performances.

Y a-t-il des dates que vous attendez particulièrement, ou des scènes sur lesquelles vous aimeriez bien jouer ?
On a quelques festivals en ligne de mire qui nous tiennent à cœur, mais pour l’instant, on est surtout concentré sur les premières dates qui vont suivre la sortie. Jouer en France, en Allemagne ou aux Pays-Bas reste un plaisir particulier, car c’est là que notre musique a trouvé son premier public. Un des événements qui nous enthousiasme particulièrement est notre participation au Rituel Noir, le festival organisé par notre label Les Acteurs de l’Ombre. Un rassemblement, qui se tiendra en mai 2025 en Bretagne. L’idée de jouer dans un cadre aussi singulier, aux côtés de groupes que nous respectons énormément, est un moment que nous attendons avec impatience. L’ambiance promet d’être unique, et c’est exactement ce type d’événement qui donne tout son sens à la musique que nous créons.

On commence une nouvelle année, alors que peut-on souhaiter à RÄUM ?
Des concerts intenses, des rencontres marquantes et surtout que « Emperor Of The Sun » trouve son chemin vers ceux qui sauront l’apprécier.

Cela ne fait aucun doute ! Avant quelques mots pour nos lecteurs, ce sera un plaisir de vous croiser au gré de vos lives en France !
Merci à toi et à HARD FORCE pour l’intérêt que vous portez à notre musique. À ceux qui nous lisent, on espère vous voir en concert, partager un moment ensemble et vous faire entrer dans l’univers de « Emperor Of The Sun ». À très bientôt sur scène.