Ils ont certainement jugé la fête des amoureux trop sacrée pour débarquer avec leur nouvel album d'extreme gothic metal. C’est donc une semaine après que les Allemands de NACHTBLUT envoient ce « Todschick » sur nos platines. Séance de rattrapage...
Tu aimes l’ambiance gothique dégoulinante de chœurs, de violons épouvantés et de nappes d’orgue dignes de la Hammer Films ? Tu adores les riffs martiaux collés à la langue de Goethe slammée ? Alors "Von Hass Getrieben" a été mixé pour tes oreilles, indescriptible rejeton de RAMMSTEIN et CRADLE OF FILTH. L’horreur sait se montrer facétieuse, la mort ultime, ou "Todschick", swingue joyeusement façon Rob Zombie sur une dark-wave sous ecstasy, tandis que l’on martèle sans vergogne la batterie. Classieuse est la faucheuse qui se pare de riffs lourds et huileux.
Nous trouvons également beaucoup d’inspiration classique chez NACHTBLUT. Chœurs style Renaissance et clavecin se marient fort bien avec des blast-beats, sur ce "Nachtgeweiht" doté d’un chant narratif aussi polisson qu’un farfadet à la saint Patrick. Énergique petite musique de nuit. Le propos impertinent colle aux titres, le groupe n’étant définitivement pas korrect, la semi-ballade "Das Leben Der Anderen" égratigne la bien-pensance de monsieur tout le monde à coup de cris et de riffs qui démangent subtilement, avec un tempo synth-wave bien mélodieux. Je mentionnais la new wave des dancefloors, voilà un "Manchmal Kommen Sie Wieder" qui nous ramène loin en arrière, entre KRAFTWERK et FRONT 242. Hypnotique sarabande pour vampires, obsédant riff, nous prenons un shoot digne de l’âge d’or des claviers néonesque. Respect.
Reprise d’une rythmique folle pour "Mein Ist Die Hölle", qui voit Askeroth le frontman comme devenu possédé, vitupérant comme un beau diable dans une nuit glacée. Nous apprécions "Götterstille", silence divin, un titre qui annonce clairement à quoi s’attendre, du pur metal noir et gothique, plus vif que dépressif toutefois. Basse et batterie en accélération, nous sommes entre black et speed metal. Excellent. Toujours dans la revendication, "Kinder Des Zorns" narre la colère des enfants, que nous comprenons parfaitement, éternels gavroches que nous sommes face à un monde devenu fou. Toujours dans une atmosphère de film gothique, avec cris aussi aiguisés que la lame d’un barbier, riffs plus rapides que la main de la famille Adams, le titre ne souffre d’aucune baisse rythmique.
Étonnement dans les dernières minutes, "Stirb Langsam" se révèle joyeusement pagan, et nous passons un agréable moment endiablé au son de violons, fifres et accordéons, en bref les guitares électriques des ménestrels du Moyen-Âge. L’amusement a toujours été rock. Nous achevons l’écoute avec "Schneller Als Der Tod". Qu’est ce qui peut être plus rapide que la mort ? Un chant de western spaghetti portée par une mandoline ? Selon NACHTBLUT, il semblerait. Ennio Mort-îcone fait des merveilles avec ses « hoo, ha, hoo, ha », portés par le galop de la rythmique et les hennissements des riffs. J’en suis époustouflé, moi le fan de westerns italiens, je viens très certainement d’être transporté par le titre le plus audacieux et jouissif depuis longtemps !
Après cette succession de dark et gothic metal, d’envolées audacieuses et de riches atmosphères, je ne peux que vous recommander l’écoute de « Todschick ». Un album de NACHTBLUT en grande pompe... funèbre.