
À peine quatre mois après avoir délivré son quatrième album, « Friend of a Phantom » et enchanté les salles européennes, VOLA se lance à l'assaut d'une tournée américaine. L'occasion de discuter de ce nouveau disque et d'en apprendre davantage sur le projet musical du groupe danois avec le chanteur (...et jeune fier papa), Asger Mygind.
Vous jouez actuellement sept des neuf morceaux de votre nouvel album en live, était-ce le meilleur moyen de le faire découvrir aux fans ?
Nous avons beaucoup débattu de la set-list, c'est devenu plus difficile avec quatre albums. Nous avons tous nos chansons préférées que nous voulions garder, mais nous avons dû en écarter certaines qui nous tenaient à cœur. Je crois que ce compromis fonctionne bien, il laisse quand même de la place pour d'anciens morceaux.
Le premier single "Paper Wolf" a été dévoilé dès août 2023. Pourquoi ce choix de le sortir si tôt avant l'album ?
En raison du COVID, notre tournée pour le précédent album « Witness » a été bouleversée. Nous avons donc choisi de procéder ainsi pour garder une sorte d’élan, montrer à nos fans que nous étions toujours vivants. À cette période, tout n'était pas prêt pour l'album, nous avons même dû aller en studio à deux reprises. Lors de la première session, toutes les chansons n'étaient pas encore écrites. Nous avons même terminé d'écrire "Bleed Out" dans le studio. C'était assez mouvementé, mais nous en sommes très fiers.
L'album démarre avec "Cannibal", en featuring avec Anders Fridén d'IN FLAMES. Quand vous décidez d'une collaboration comme celle-ci, quels sont les critères pour que l'idée vous plaise ?
Elle doit s'inscrire parfaitement dans la chanson, qui est le point de départ. C'est pourquoi nous avons par exemple eu Shahmen en featuring sur « Witness », parce que nous voulions cette voix très grave pour créer une sorte de vibe démoniaque. Sur "Cannibal", l'idée était d'avoir des screams très agressifs et je n'y arrive pas personnellement. Nous avons eu une très belle connexion avec Anders, et c'est pour ça que nous l'avons sollicité.
Est-ce qu'il a essayé de t'apprendre à screamer ?
(Rires) Je lui ai envoyé la démo de la chanson sur laquelle j'avais fait quelques screams, simplement pour lui donner une idée de comment ça sonnerait s'il le faisait. Et à partir de là, il a fait son truc... et bien mieux que moi.
Y a-t-il d'autres artistes avec lesquels vous rêveriez de collaborer ?
Avec quelqu'un comme Billie Eilish, ce serait cool, avec son univers très sombre. Même si elle fait en grande partie de la pop, c'est souvent assez morose, et j'aime la musique quand il y a une sorte de danger qui se cache derrière, quelque peu intimidant. Le moi adolescent répondrait James Hetfield également (rires).
Pour en revenir à l'album, j'ai beaucoup apprécié "Break My Lying Tongue". Est-ce que tu peux m'en dire davantage sur cette chanson et sa place au coeur de l'album ?
C'est un des morceaux que nous avons fini d'écrire très tôt. Il démarre avec ce riff de synthé écrit par Nicolai (Mogensen, bassiste du groupe, NDLR) et il s'est développé à partir de là. C'est un titre court, mais parfois c'est bien de simplement venir flanquer un bon poing dans la figure et repartir aussitôt. Cette chanson parle d'une relation où l'un des deux ment sur le fait d'avoir une addiction à la drogue. Mais c'est un morceau très énergique, donc il fait partie de mes préférés à jouer en live.

En quoi « Friend of a Phantom » est-il un album différent de ce que vous avez écrit par le passé ? Est-ce que c'était une volonté de votre part dès le début d'inclure autant d'effets électro ?
Nous adorons la musique électro et c'est très intéressant à inclure comme contraste aux distorsions des guitares. Cela nous semble une bonne alternative aux guitares et à la puissance de la batterie. Et de manière générale, je crois que l'album est plus varié que « Witness ». Il y a l'ambiance sur "Glass Mannequin" qui, je crois, aurait été trop calme pour « Witness ». Le spectre des ambiances est bien plus grand que sur tous nos albums précédents.
« Friend of a Phantom » s'appuie plus sur l'énergie, avec en particulier les refrains de "Paper Wolf" ou "Break My Lying Tongue".
Est-ce que vous avez eu des influences particulières pour cet album précisément ?
Je crois que Billie Eilish était là quelque part dans ma tête, tout comme le groupe DEATH GRIPS, qui est plus orienté hip-hop. Mais au final, je suis toujours influencé par tous les groupes que j'ai découverts en étant adolescent : PORCUPINE TREE, OPETH, SOILWORK, IN FLAMES, MESHUGGAH... Ils sont encore dans mon ADN et seront toujours présents quand j'écris.
VOLA est un groupe qui existe depuis 18 ans désormais. Comment encouragez-vous à évoluer avec le temps ?
Je crois qu'à chaque fois, nous essayons de réagir à l'album précédent. Notre premier album, « Inmazes », était très djent ; ensuite, nous avons fait quelque chose de plus indie et live, moins mécanique, avec « Applause of a Distant Crowd ». Nous avons ensuite proposé un album plus rationalisé avec « Witness ». Quant à cette nouvelle réalisation, elle nous permet à nouveau d'aller ailleurs. C'est un peu un cliché, mais l'objectif reste de ne pas faire deux fois le même album. C'est ennuyeux de s’asseoir devant un ordinateur et d'écrire sans avoir l'impression d'explorer de nouveaux territoires. C'est là que le plaisir se trouve.
Justement, à quoi ressemble votre processus de création ?
Nous écrivons chacun un peu de notre côté et mettons en commun nos idées sur un serveur. Nous sommes plutôt un "groupe par ordinateur", sans véritable espace de répétition. Parfois je peux aussi partir sur une idée et composer autant que je veux, ça convient aussi aux autres. À d'autres moments, je m'inspire d'idées de Nicolai ou Martin (Werner, claviériste du groupe NDLR) et je vois où cela m'emmène. Cela peut aussi marcher dans l'autre sens. La première chose qui compte, c'est d'être fans nous-mêmes de ce que nous créons. J'essaie d'écrire de la musique que j'ai envie d'écouter en boucle, quand je pars me balader avec mon casque sur les oreilles. Elle doit me faire quelque chose, qu'une part de moi se sente plus épanouie en l'écoutant. Alors qu'en réalité, une fois que la chanson est enregistrée, je ne la réécoute presque jamais (rires).
Concernant l'écriture des paroles, comment décidez-vous des thèmes que vous souhaitez aborder ?
C'est moi qui écris. C'est très instinctif… je commence dès les premières étapes de la démo. Il va peut-être y avoir simplement une phrase qui me vient dans un premier temps et qui va déterminer ce à quoi tout le morceau va ressembler. Par exemple pour "Paper Wolf", le refrain « You better watch out the wolf is coming » m'est juste apparu et je suis parti de là pour explorer l'histoire que cela pourrait donner.
Sur un plan plus personnel, tu es devenu papa il y a quelques mois. Qu'est-ce que cela change pour toi dans ta carrière de musicien ?
Largement moins de sommeil (rires). Je dors davantage en tournée désormais. Pour ce qui est de l'écriture, le processus était terminé quand on a su que ma compagne était enceinte, donc ça ne se ressent pas trop, même si j'imagine que cela pourrait à l'avenir. Bien sûr, cela représente un effort d'être père et je veux le faire à 100%. Je suis extrêmement enthousiaste à ce sujet. Cela fait une personne de plus qui me manque quand je pars en tournée, mais on s'appelle en vidéo tous les jours. On dirait qu'il a assez grandi maintenant pour reconnaître mon visage et ma voix au téléphone, donc c'est génial. Ce sera forcément différent à l'avenir, mais j'aime ma famille et ce groupe, donc c'est comme si je voulais tout avoir dans ma vie (rires).
Avec un passage à Petit Bain, si je te parle de la France, quelle est la première chose qui te vient à l'esprit ?
Je dirais Paris. J'étais ici avec ma compagne il y a quelques années, on adore faire du tourisme. Je l'ai même demandée en mariage à Paris, donc j'ai beaucoup de souvenirs magnifiques dans cette ville.
À chaque fois que je viens, je me balade dans la ville sans avoir vraiment de plan. C'est quelque chose que j'apprécie beaucoup, marcher dans une ville en écoutant des podcasts.
Je tire une grande partie de mon inspiration simplement en observant le monde, les gens qui vivent leur vie autour de moi.