Vous pensiez que WHITECHAPEL avait définitivement pris une direction plus mélodique et teintée de chant clair avec les albums « The Valley » et « Kin » ? Il semblerait cependant que le groupe en a décidé autrement, et c’est avec leur 9e album « Hymns In Dissonance » que le quintette américain capture sa croissance vers un spectre plus lourd, plus bestial encore que les premiers albums.
Mais cet album n’est pas une découverte musicale, c’est l’ouverture vers un rituel occulte, sombre et terrifiant. Ne vous fiez pas à la guitare claire dès les premières notes de "Prisonner 666", ce premier titre annonce la tournure infernale de cet album. C’est le début de l’histoire du Dernier Fils, celui qui rejette la Foi, et décide de se tourner vers Satan, qu’il croit être son père. Et c’est pourquoi "Hymns In Dissonance" avec ses accords perturbants qui brisent tout signe de mélodie et d’harmonie, marque l’avènement de ce culte, que seuls les êtres les plus vils peuvent suivre, afin de ressusciter leur Seigneur à travers les Sept Péchés Capitaux.
Ainsi chaque titre est la personnification d’un des Sept Péchés Capitaux. "A Visceral Retch", porté par la voix puissante et abrasive de Phil Bozeman, des riffs percutants à mi-tempo et une atmosphère noire entrecoupés de moments plus lents, symbolise la Gloutonnerie tandis que "Mammoth God", à l'ouverture la plus mélodique et la plus sombre du disque, crée une ambiance étrange avant de se déverser dans des blast-beats et plus tard dans un chugging tonitruant et illustre l’Avarice, le vol des terres, la colonisation de chaque parcelle du Monde. L’apathie et l’inaction devant la mort d’innocents, leur absence d’empathie, se ressent dans les riffs lents, pesants et les breakdowns lourds de "Diabolic Slumber ", le Péché de Paresse.
Si l’album illustre une évolution du groupe vers un autre niveau de brutalité et de noirceur, son apogée réside cependant sur l’enchaînement de l’interlude "Ex Infernis" (traduction : des Enfers), véritable ode à l’essence diabolique et tribale de l’album et le titre "Hate Cult Ritual" qui est une vraie démonstration d’agressivité, une véritable poussée d’adrénaline pour les amateurs des anciens albums, marqué par un joli solo mélodique et des lignes vocales répétées et d’une dureté implacable. Et vous pouvez donc le deviner aisément, il symbolise le Péché de Colère.
Mais WHITECHAPEL a aussi su ravir les fans du genre deathcore plus typique avec "Bedlam", au groove de double basse délibérément lent suivi d’accords dissonants qui ajoutent une mélodie pesante et lourde, livrant un titre abouti, aux intonations grindcore intéressantes, qui introduit le Péché d’Envie à travers un clin d’œil à l’album « This is Exile » dans lequel nous découvrions le frère du Leader de notre Culte diabolique, Daemon. Ici "Bedlam", portraitisant le Péché d’Envie est le témoignage de sa jalousie envers son frère, piégé dans son corps sans vie.
La clôture est à l’image de l’album, lourde et agressive, agrémentée de changements de rythmes maîtrisés par le batteur nouvellement confirmé en tant que membre permanent du groupe Brandon Zackey, et une rupture nette du titre sur la dernière partie, marquant la présence d’un solo de guitare envoutant, à la dernière note trainante, lancinante. "Nothing Is Coming For Any Of Us" achève le rituel infernal sur la représentation du Péché de Luxure. La Terre, représentée par une femme, porte l’Enfant, leur Seigneur.
Ce rituel infernal, dans lequel chaque Péché est aussi bien illustré musicalement que lyriquement, est une œuvre infernale aboutie, la signature immorale de la noirceur, diabolique et majestueuse. Cet album est un coup de maître, qui nous captive par son récit et nous invite à reconnaître chaque Péché Capital et sitôt son écoute terminée, l’envie d’écouter le Diable à nouveau se fait impérieuse.
