
Cette année, un alignement astral très particulier s’est produit pour le 8 mars : à la date de la journée internationale des droits des femmes, MADAM donnait un concert au Forum de Vauréal. Pour celleux qui ne connaîtraient pas encore le trio féminin, il s’agit d’un groupe toulousain dont les morceaux ont autant d’énergie et de panache que le Sud de la France offre de bonne humeur et de lumière. Rien de mieux, pour contrer le pessimisme provoqué par l’actualité internationale, que de conclure la journée par un concert qui apporte de l’espoir et du féminisme à une salle comble, avide de bonne musique. FULL THROTTLE BABY ouvrait le bal pour insuffler une énergie bien nécessaire au public du Forum.
Sur scène, un décor de palmiers gonflables plonge le public dans une ambiance de plage tropicale bien loin du froid francilien. Les membres de FULL THROTTLE BABY arrivent sur scène affublés de chemises hawaïennes à manches courtes et pantalons ou bermudas blancs, à l’exception du chanteur dont la crête et le gilet noir à pin’s sont plus proches de la panoplie punk, plus en phase avec le style musical du groupe. L’année dernière, FULL THROTTLE BABY a connu quelques changements de line-up afin de revenir plus fort après la disparition du premier chanteur, Julien Dottel, décédé en 2021. Ce sont donc Nicolas Gommez au chant, Pierre Lemaître et Jérémy Delamotte aux guitares, Alexis Soliveaux à la basse et Jim Millioud à la batterie qui jouent à domicile ce soir. Pour fêter son retour aux sources, le quintet commence les hostilités avec "Can’t Stop The Fight" et livre un set mêlant les morceaux des deux premiers EPs avec ceux de l’album « Rock'n'Brawl » (2017) en prenant le soin de glisser deux nouveaux titres, "Knockout" et "Fucking Atoms", dans l’ensemble.
Avant d’entamer sa chanson "Don’t Touch My Moped", le chanteur rappelle au public le fonctionnement de la notion de consentement, de bon ton en cette soirée du 8 mars : on ne touche pas ce qui n’est pas à soi sans accord préalable de la personne concernée, qu’il s’agisse d’une mobylette ou d’autre chose. Autre rappel utile : celui du nom de la journée qui s’achève. Exit la journée de la femme et autres occasions de faire des promotions sur les aspirateurs ou tout autre appareil électroménager. Il s’agit d’une journée de lutte avant tout, quelle que soit la forme de celle-ci : manifestation dans la rue, fête sur des textes engagés, etc. Le public s’anime petit à petit grâce à l’énergie du groupe et aux fans inconditionnels qui sont dans le public. Tout au long du set, le chanteur Nicolas Gommez prend le temps d’énumérer les leçons de vie que le groupe souhaite transmettre au public. Parmi ces leçons figurent en bonne place la bagarre, l’apéro et la gueule de bois (les deux derniers étant rarement dissociables). Des leçons de fête, de respect des autres et de partage de bons moments, à l’image du concert. Pour clore le set, le chanteur et le bassiste descendent dans le public pour lancer un circle-pit autour d’eux. "Snap It" s’achève et le groupe salue sous les applaudissements.
Complètement emballé par l’énergie de FULL THROTTLE BABY, le public attend avec impatience le set de MADAM. C’est avec une énergie redoutable que Gabbie Burns saisit sa guitare, Marine Masachs sa basse et qu’Anaïs Belmonte s’installe derrière sa batterie à paillettes. Après une intro tout en douceur (non), le groupe commence avec "Broken City" et la voix de Gabbie Burns, éraillée juste ce qu’il faut, résonne au-dessus du public. La magie opère à coup d’ostinatos de basse entraînants, de caisses et de cymbales de batterie puissants, d’une guitare dont les mélodies électrisent la salle jusqu’à la plonger dans une exaltante ambiance de rock garage propice aux déhanchements et pogos sur les paroles plus que galvanisantes des titres joués ce soir. Tous les disques y passent, le set mêlant les premiers EPs à l’album dont le groupe fêtera le premier anniversaire le 12 avril prochain au Ferrailleur de Nantes.
Les tubes se succèdent et les refrains sont repris par le public, la plupart d’entre eux ayant l’avantage de comporter des cris aux intonations faciles à reprendre quand on est néophyte. La meute (sixième morceau du set) crie et s’anime de plus en plus et toutes les tranches d’âge présentes dans le public s’amusent à crier, danser et chanter en chœur avec le groupe. La soirée est placée sous le signe du partage, à tel point que lorsque Marine Masachs aperçoit des silhouettes derrière les vitres de la salle et le fait à remarquer à Gabbie Burns, elle offre les deux dernières invitations disponibles aux silhouettes qui n’avaient pu rentrer, faute de places disponibles. En effet, le concert affichait complet quelques heures avant la soirée, de quoi donner une motivation supplémentaire au groupe qui, la veille, jouait à Carbonne, près de Toulouse. Heureusement, le public du Val d’Oise a su montrer son énergie au groupe et son envie de se réunir autour de sujets féministes pour faire le plein d’énergie et continuer à lutter toute l’année pour une société plus juste et égalitaire.
Si les paroles "Bienvenue dans la Meute" ont un effet fédérateur certain, la chanson d’amour "To The Moon" et son breakdown ont éprouvé quelques cervicales. Le groupe a ensuite entonné le ravageur "Battleground" dont le refrain, « My body is a battleground » (traduire par « Mon corps est un champ de bataille ») est plus qu’évocateur en ce soir du 8 mars. Une fois encore, toutes les générations présentes dans le public, d’environ huit à soixante (et quelques) ans profitent de l’énergie débordante du trio pour danser sur cette chanson à vocation d’hymne féministe. L’heure des sorcières arrive enfin et l’air de "Witches" envahit la salle, sonnant le retour des femmes aux pouvoirs magiques en ville. "Mirrors" et la critique des injonctions sociales clôt le set avant que le trio ne joue le titre "Dance" en rappel pour achever la soirée en beauté et danser jusqu’à la fin du monde avec le public.
Les sourires sont sur toutes les bouches et le groupe court jusqu’à la table de merchandising pour pouvoir échanger avec le public, plus que comblé par un concert énergique rempli d’interactions avec lui, de fête, de sourires et de joie partagée. Heureusement que MADAM a encore beaucoup de concerts prévus pour 2025, de quoi permettre à celleux qui n’auraient pas encore vu le groupe de les découvrir.