Après 36 ans d’existence, le groupe grec NIGHTSTALKER a sorti son septième album, « Return From The Point Of No Return », le 14 mars 2025. Deuxième album du groupe sur le label italien Heavy Psych Sounds Records, il est aussi le premier album du groupe depuis la COVID. Pour fêter sa sortie, le groupe est actuellement en tournée européenne pendant un peu moins d’un mois avec deux dates dans le Sud-Est de la France. S’il faut un élément supplémentaire pour prouver leur place sur la scène stoner, le groupe était également à l’affiche de l’édition 2024 du Westill Fest en France.
Sur le nouvel album, la voix de sorcier reclus d’Argy (Argyris Galiatsatos de son vrai nom) conquiert les oreilles et les cœurs dès les premières notes de "Dust". Viennent ensuite les deux morceaux sortis comme singles par le groupe, "Heavy Trippin'" (sorti le 7 février dernier) et "Uncut" (sorti le 13 décembre 2024), sur lesquels la basse se dote d’une réverbération qui adoucit l’ambiance avant que la guitare ne relance la machine. Sur "Heavy Trippin'", le groupe a visiblement atteint une forme de paix intérieure : les paroles « I got nothing more to lose, but there’s nothing more to give » semblent exprimer un nihilisme résigné, un détachement face à ce qu’on ne peut changer. La résignation s’accompagne d’un regain d’énergie sur "Uncut" : la guitare de Tolis Motsios relance le groupe et c’est un solo revigorant qu’on entend dans la deuxième moitié du morceau.
Vient ensuite le titre qui donne son nom à l’album, lancé cette fois par la basse d’Andreas Lagios sur laquelle s’appuie une voix tantôt dotée d’effets de résonance, tantôt suivie par la guitare. C’est sur une douceur bienvenue qu’arrive "Shipwrecked Powder Monkey", les solos calmes de basse alternant avec les passages plus énergiques portés par la batterie de Dinos Roulos. Les solos de basse sont décidément un motif récurrent sur cet album puisque c’est sur l’un d’entre eux que commence "Shallow Grave". La voix d’Argy suit la mélodie de la basse tandis que les accords de guitare se font discrets et les cymbales plus douces que d’habitude. Le morceau est d’abord doux puis de plus en plus puissant au fil des riffs de guitare et de basse qui prennent le pas sur le calme du début pour exprimer la désolation de voir une tombe qui ne porte pas de nom. "Falling Inside" reprend avec la puissance d’un tube sur lequel la guitare a de nouveau le temps de déployer son énergie dans un beau solo. "Flying Mode" conclut l’album en donnant à la voix d’Argy des airs d’orgue pour entamer un ultime envol musical.
En bref, tous les ingrédients du succès de NIGHTSTALKER sont là : après le rebranding du groupe par Heavy Psych Sounds en 2019 (de quoi rappeler une opération similaire avec une certaine goule du doom devenue récemment virale sur les réseaux sociaux...), le groupe est toujours aussi solide avec un line-up inchangé depuis une dizaine d’années. Bien que l’album soit moins énergique que les précédents, il s’agit davantage de moments de calme très appréciables que d’une fatigue générale. L’équilibre entre les différents membres du groupe est toujours présent, entre mélodies agréablement entêtantes, solos de basse, passages énergiques de batterie, solos de guitare et voix résolument posée. Pas de surprise déstabilisante, NIGHTSTALKER est toujours aussi agréable qu’un bonnet de nuit, un bon feu de cheminée ou un oreiller qui a exactement les dimensions adaptées à notre tête : c’est une zone de confort infaillible qui ne déçoit jamais et fait qu’on aime toujours y revenir.