Quand il s’agit de chroniquer un album de CRADLE OF FILTH, on se trouve souvent devant une page blanche, à se demander comment on va pouvoir, à nouveau, décrire le black metal symphonique et gothique de l’un des plus grands groupes de la scène. Pas facile de mettre en mots originaux la présentation d’une musique qui, d’album en album, reste typique, complètement fidèle à ce qu’elle a toujours été depuis plus de 30 ans. Pourtant, avec un quatorzième album intitulé « The Screaming Of The Valkyries », Dani Filth et ses acolytes réussissent l’exploit de nous captiver et de susciter l’intérêt nécessaire à l’expression de nos émotions à l’écoute des 9 nouveaux titres.
Tout commence avec le délicieux et fédérateur (et d’ailleurs extrait de promotion) "To Live Deliciously". Percutant, gothique, symphonique à souhait, alternant mélodies, rythmes blastés, hurlements et growls, tout en gardant l’atmosphère inquiétante et mystérieuse que l’on connait à CRADLE OF FILTH. Un classique en devenir. "Demagoguery" est plus funeste avec ce son de clavecin en intro mais aussi plus brutal, avec des passages saccadés et une ambiance à la « Midian ». Le break récité avec la voix déchirée de Dani, suivi d’un solo magnifique, donnent énormément de richesse au morceau. Le très heavy "The Trinity Of Shadows" et ses chœurs entêtants apporte énormément de groove là où le très joli et mystique "Non Omnis Moriar" combine des mélodies enivrantes, des voix féminines captivantes et une structure des plus esthétiques. Les vocaux narratifs, le black atmosphérique éthéré et les nuances rythmiques viennent à point nommé en milieu d’album. A croire que tout est calculé ! Dani Filth serait-il perfectionniste ?
Le nouveau single, "White Hellebore", mêle avec habileté des passages blastés et agressifs avec des moments plus éthérés de voix féminines et de belles orchestrations. Les rythmes sont variés et l’écriture riche, c’est un morceau assez représentatif de CRADLE OF FILTH version 2025, avec une production grandiose et un style affirmé, mature. Le narratif et obscur "You Are My Nautilus" semble alors plus authentique, plus impulsif, sincère et incarné. Lourd et maîtrisé, c'est un titre charismatique, parmi les meilleurs de « The Screaming Of The Valkyries » bien qu’il risque de ne pas être le plus remarqué ou plébiscité, dans un premier temps du moins.
Au contraire, "Malignant Perfection", déjà présenté au grand public, sera à coup sûr l'un des hymnes de la prochaine tournée avec son refrain immanquable et son énergie débordante. "Ex Sanguine Draculae", dissonant et agressif, fait la part belle à une atmosphère sombre et à un black metal moins accessible, mais tout aussi inspiré. Enfin, le sublime "When Misery Was A Stranger" termine l’album de façon théâtrale et grandiloquente. L’esprit gothique est de retour avec à nouveau des mélodies superbes, des soli travaillés et une orchestration monumentale. Quel final !
Si CRADLE OF FILTH reste indétrônable dans son genre, c’est parce qu’il sait capter l’attention à chaque album. Son visuel, sa musique, ses paroles : tout concorde à relancer la machine à chaque production, sans jamais perdre en efficacité. « The Screaming Of The Valkyries » ne déroge pas à la règle : pertinent, moderne et diaboliquement CRADLE. C’est après tout, tout ce que l’on attend.