
« Bloodywood ! Bloodywood ! Bloodywood ! » Épuisée mais heureuse, la foule s'en donne à cœur joie pour scander le nom du groupe indien, venu déferler sur Paris, muni de son combo de puissance folle et de ses breakdowns dévastateurs. Le concert vient juste de se terminer, et pour son vingtième show en moins d'un mois à travers l'Europe, la bande de Karan Katiyar avait encore un stock impressionnant d'énergie à revendre. Et ça tombe bien, le groupe étant particulièrement attendu à en juger par le nombre impressionnant de t-shirts portés aux quatre coins d'un Bataclan à guichet fermés depuis des semaines. Et qui s'est déchaîné pendant plus de trois heures (et un total de quatre groupes), dans un magnifique tourbillon d'énergie et une ambiance des grands soirs.

Une soirée lancée par le heavy psyché metal de MIDHAVEN, venu de Mumbaï pour surprendre un public encore quelque peu clairsemé. La fosse se densifie en revanche pour s'en prendre plein les oreilles avec l'arrivée d'un autre groupe indien : DEMONIC RESURRECTION. Mais que Sahil Makhija ne s'inquiète pas : le son de son groupe n'est pas "trop heavy" pour les fans de BLOODYWOOD, tout heureux de pouvoir lancer les premiers moshpits. Comme il le dira lui-même, pas facile de résumer 25 ans de carrière en un set de 30 minutes, mais le pari s'avère plutôt réussi, malgré des prises de parole probablement trop nombreuses entre chaque morceau, cassant le rythme malgré l'humour du personnage.

Place désormais à l'OVNI CALVA LOUISE, qui désarçonne la salle avec une ambiance qui détonne avec le reste du programme. Une nouvelle invitation au voyage dans cette soirée placée sous le signe de l'Inde, avec cette fois une chanteuse venue du Venezuela et un batteur néo-zélandais. Un mélange moins improbable que celui des influences du trio... basé au Royaume-Uni, tantôt extrêmement planant puis empli de rage, presque violent quelques instants plus tard. Le tout sublimé par l'amplitude vocale de Jess Allanic. Visiblement touchée d'être là, la frontwoman affiche à de multiples reprises sa reconnaissance envers BLOODYWOOD, et questionne le Bataclan : « si on revient en France, vous répondrez à l'appel ? » La réponse est unanime : « Bien sûr ! »

L'heure est désormais venue pour le clou du spectacle, celui que tout le monde attend avec une grande impatience. Dès les premières notes de "Dana Dan", l'énergie brute dégagée par BLOODYWOOD fait son effet et la fosse n'est plus qu'un gigantesque pogo géant. Un mosh qui ne se fait pas prier et se scinder en deux pour un premier wall-of-death à la demande de Jayant Bhadula avant d'envoyer un "Nu Delhi" désormais mémorisé par cœur par l'ensemble des fans du groupe. De quoi faire monter les décibels d'un cran supplémentaire dès le deuxième morceau du set. Si le décor sur scène est sobre, les membres du groupe prennent un malin plaisir à enfiler des tabliers personnalisés au moment d'interpréter "Tadka", single hommage aux traditions et à la nourriture indienne. S'ensuit "Jee Veerey", première chanson composée par BLOODYWOOD dans sa forme actuelle et devenue une sorte d'hymne officieux pour les fans de la première heure, qui n'hésitent pas à faire vibrer leurs cordes vocales sur le refrain.

Nous voici déjà à la moitié d'un set de seulement neuf titres en une heure. Il reste simplement le temps de profiter de "Bekhauf", initialement avec BABYMETAL en featuring, puis de s'asseoir pour mieux sauter dans tous les sens sur "Machi Basad". Et déjà Jayant annonce que le prochain titre sera un inédit, 48h avant la sortie de « Nu Delhi », deuxième album maison. Sans surprise, "Halla Bol" et son message de confiance et de détermination personnelle emportent tout sur son passage. La fin de la fête ? Pas tout à fait, la bande revenant sur scène pour un dernier rappel, "Gaddaar", dans une superbe communion.
Six ans après un premier concert en France resté dans la mémoire du chanteur principal et de son compère Raoul Kerr, et deux ans après leur prestation au Hellfest, la notoriété du groupe a indéniablement explosé dans l'Hexagone. Et cette tournée "Return Of The Singh" promet déjà d'entretenir cette belle histoire d'amour entre BLOODYWOOD et leurs fans français.
Photos © Benjamin Delacoux - Portfolio
