
26 mai 1985, un quartette fraîchement débarqué en Europe depuis les Etats-Unis s'apprête à donner son tout premier concert sur le vieux continent. Tout commence par une introduction qui annonce magnifiquement l’arrivée imminente dont on ne sait quel monstre issu des entrailles de la Terre. S’ensuit une partie musicale mid-tempo qui croît crescendo où Dave Lombardo donne admirablement le rythme. Au bout de 3 minutes de tension, l'auditeur est littéralement possédé. C’est le moment de la libération, celui où la seconde partie du titre s’engage dans une course effrénée où le chant de Tom Araya prend le relais de Lombardo. Tous ceux qui ont assisté à cette première ne peuvent que s’en souvenir avec nostalgie car il s’agit d’un événement culte. Avec la chanson qui donne son nom au second album, « Hell Awaits », SLAYER s’impose dans la cour des grands, dans la lignée d’un METALLICA. Fini le groupe espoir après le très prometteur « Show No Mercy » (1983). Lorsque l’album sort le 8 avril, on mesure rapidement le chemin parcouru en l’espace de 16 mois. La pochette cauchemardesque illustre à la perfection ce que renferme le disque...
Dans la foulée de "Hell Awaits", on trouve le mélodique "Kill Again". Basé sur une mesure rapide, il propose une première partie instrumentale avant une seconde tout en contraste. On y trouve d’une part des couplets basés sur un riff rapide où le chant d’Araya éveille en l’auditeur son moi malin et des ponts dominés par le martellement de la batterie de Lombardo.
Si le rythme sur "At Dawn They Sleep" est lent, il n’est clairement pas fait pour éviter de réveiller le malin qui sommeille dans votre esprit. Hypnotique, il cherchera plutôt à capter votre attention afin que vous vous lanciez frénétiquement dans une course meurtrière prolongée par une éloge macabre illustrée d'un "Praise Of Death" fluide et rapide. Grisé par cette course folle, vous laisserez-vous tenter par l’excitation de la chair putride et en profiterez-vous pour assouvir quelques plaisirs malsains en écoutant "Necrophiliac" ? Même si "Crypts Of Eternity" est plus lent, c’est un morceau qui ne manque pas de relief. Si l’effroi n’a pas encore figé votre sang, vous pourrez, sur "Hardening Of The Arteries", apprécier une dernière mélodie rapide avant que l’album ne se termine comme il a commencé, sur le riff d’introduction de "Hell Awaits".
« Hell Awaits » est l’album qui installe SLAYER parmi ses pairs... et les plus grands. A une époque où VENOM a perdu de sa superbe, SLAYER prend le relais avec un style affirmé et cohérent qui ne s'essoufflera qu’avec le départ de Lombardo. La force de cet album est certe l’agressivité et la violence qui violent toutes les règles de la bienséance, depuis la pochette effroyablement magnifique à la musique qui l’illustre à la perfection. Pas un titre n’est à mettre de côté. L’irrévérence est parfaite. Encore faut-il savoir prendre le recul nécessaire pour ne pas se croire autorisé à faire tout et n’importe quoi.