Traînant sa bosse au sein de l’underground grec depuis près de quinze ans, le quintet athénien n’est à coup sûr pas né de la dernière pluie. « Κάθοδος », son quatrième méfait, que l’on pourrait traduire dans la langue de Shakespeare par « Descent » a bel et bien des allures de descente dans les entrailles obscures de la bête... mais avec un certain doigté ! Puisqu’il met un point d’orgue à redonner ses lettres de noblesse à cette scène black metal historique, qui compte ou compta en ses rangs de prestigieuses formations telles NECROMANTIA, ROTTING CHRIST, KAWIR, VARATHRON ou encore ZEMIAL.
Proposant une nouvelle fois un black sauvage et épique, aux antipodes de son climat méditerranéen, INSANITY CULT livre avec conviction une copie sans faute de goût. Car l’amateur du genre retrouvera ici tout ce qui fait du bien à ses esgourdes : thèmes mélodiques délicats qui charrient des riffs tranchants comme des couteaux à glace, rythmiques forgées dans la grande tradition grecque qui n'oublient pas d'aérer le propos avec quelques passages atmosphériques du meilleur effet (la partie du milieu de "Travelogue In Nightmare" en est la plus belle illustration).
Car INSANITY CULT a en effet le chic pour brosser des atmosphères mélancoliques et trousser des mélodies poignantes, sa marque de fabrique qu’il perpétue depuis toujours sans faillir. Et qui garantit le respect d’une tradition initiée depuis ses premières productions, modelée avec la patte immédiatement identifiable de ses aînés. Une patte garantissant cette fameuse lignée "tradi", qui bat en effet son plein avec des blasts à profusion, une section rythmique déchaînée et des lignes de chant écorchées. A ce titre les raclements de larynx de Sacrilegious sont tout bonnement impressionnants, dotés d’une hargne quasi palpable de la première à la dernière minute. L’on retrouve donc sur cet album tout ce qui fait le charme des productions hellènes, le son rugueux mais puissant signé des Made in Hell Studios athéniens qui va comme un gant à l’ensemble en bonus.
Le tout est expédié sans faux cols en trente-sept minutes montre en main. Conséquence logique de ce format, la fraîcheur et la spontanéité qui s’en dégagent sont indéniables et participent pleinement à l’appropriation sans difficultés de cette bête conquérante qu’est « Κάθοδος ». Un grand album de black metal, oui, avec un grand G !
