
Alors que le groupe s'apprêtait à partir en tournée à travers l'Europe en première partie de ROYAL REPUBLIC, STORM ORCHESTRA annonçait la sortie de son nouvel album « Get Better » chez Mascot Records. Nous nous sommes entretenus avec le trio qui opère dans un espace paradoxal où s'affrontent les contraires, les musiciens arrivant à les assimiler pour les transformer en véritables pépites. La lumière contre l'obscurité, l'euphorie contre l'oppressant, le glamour contre l'agression... et nos questions contre leurs réponses !
J’ai aussi beaucoup aimé l’album que j’ai trouvé très catchy, très équilibré et très énergique, même si je ne m’attendais pas forcément à la chanson très émouvante avec JJ Wilde, surprenante, mais qui fonctionne très bien...
Maxime : C’est la respiration du milieu de l’album.
Loïc : Alors qu’elle a failli ne pas y être… Au départ, on l’avait sortie de l’album, mais en studio, nos producteurs Bert’ (Bertrand Poncet, ndlr) et Bastien nous ont dit : « Non, il faut la mettre sur l’album ».
Et ils ont eu raison ! Comme je vous suis un peu sur les réseaux sociaux, je sais que vous avez eu beaucoup de succès et beaucoup de travail récemment : vous avez fait votre premier Olympia le 6 novembre dernier, vous assurez la première partie de la tournée de ROYAL REPUBLIC, vous sortez votre album dont vous avez déjà publié cinq singles… Comment vous sentez-vous ?
Maxime : C’est vraiment trop cool.
Loïc : On ne le voit pas, on ne se rend pas compte des succès, on va tout droit.
Maxime : On se demande plus « qu’est-ce qui va arriver après ? », mais c’est hyper motivant, c’est trop cool de vivre tout ça. Avec ROYAL REPUBLIC, c’est notre première tournée tout court et c’était génial. La sensation de faire plein de concerts à la suite… C’est trop sympa aussi parce qu’il y a autre chose après, c’est pas juste un concert en one-shot : tu vas chercher d’autres choses quand tu fais ton concert en en ayant dix à la suite derrière. Tout devient tellement un réflexe qu’il se passe plein d’autres choses sur scène et je trouve qu’une tournée fait énormément progresser.
Adrien : Surtout quand tu travailles avec un groupe que tu admires, en tout cas pour Max et moi, on écoute ROYAL REPUBLIC depuis à peu près dix ans, donc on apprend énormément de ce genre de groupe quand on le voit tous les soirs sur scène. Il y a les réflexes que tu as et ceux que tu acquiers, donc tu en ressors forcément grandi. Pour revenir sur le fait que nous, on a tout le temps la tête dedans, c’est marrant de se dire qu’on a enregistré l’album il y a un an… C’est rapide un an, entre le moment où tu l’enregistres et le moment où tu le sors, mais pour nous, ça veut dire que la récompense n'arrive que maintenant. Ça fait un an qu’on connaît l’album, qu’il est fini et qu’on se demande « What’s next ? ». C’est maintenant que ça arrive et que plein de choses se produisent avec, donc ça fait kiffer et ça met en valeur notre travail.
Maxime : Il y a des petits moments de prise de recul, je trouve. En tout cas, à Prague, ça m’a fait ça : comme il y avait une sorte de coursive depuis laquelle on pouvait regarder le public dans la salle, il y avait un bout des loges qui était au-dessus de la scène, c’était super. On regardait le concert et j’ai pris un moment de recul pour me dire « Ouah, t’es à Prague, t’as joué en première partie de ROYAL REPUBLIC et tu en es là dans ta vie d’artiste ». Des fois, il y a des prises de recul comme ça, des sorties de champ.

Vous communiquez énormément sur les réseaux sociaux et quand "Bright Soul" est sorti, vous avez dit que ce single marquait « le début d’une nouvelle ère ». Pouvez-vous nous en dire un peu plus ? Parliez-vous uniquement du nouvel album qui était déjà en préparation, ou cela faisait-il allusion à autre chose ?
Loïc : C’était le premier titre du nouvel album qu’on sortait. Sachant qu’on avait enregistré le premier album en septembre 2021, avant de le publier en 2023 -on avait mis un peu de temps à le sortir. Là, justement, tout est allé très très vite et surtout, on le sort dans d’autres conditions, puisque c’est un deuxième album donc il faut un peu confirmer ce qui s’est passé avec le premier. On le sortait avec un label super cool avec une équipe différente autour de nous, donc c’était vraiment le début de quelque chose de différent… un peu moins tout seuls dans notre coin et un peu plus professionnels.
Maxime : Oui, c’est ça. J’associe vachement un nouvel album à une nouvelle ère dans le groupe. Pour moi, cela signifie porter de nouveaux costumes...
J’ai des questions sur les costumes après, j’y arrive ! Celui que tu portes est très beau d’ailleurs... (Maxime affiche un bleu très foncé sur lequel sont brodées des roses d’un bleu plus clair)...
Maxime : C’est une nouvelle ère visuelle, on raconte autre chose. C’est assez rigolo, parce qu’on écrit généralement beaucoup d’explications autour du premier single, quand il faut l’expliquer à notre entourage professionnel et c’est souvent un moment où l'on se rend compte de ce qu’on a fait, parce que quand on est en studio, on n’y réfléchit pas. On fait les morceaux, on réfléchit à ce qu’on veut mettre dans les chansons, mais c’est après, quand on doit expliquer l’album, qu’on se rend compte de ce qu’on a fait. C’est aussi dans ce sens-là, la nouvelle ère : voilà ce qu’on a fait ; il va falloir maintenant l’expliquer aux gens.
Début septembre, vous avez sorti une chanson intitulée "Drummer". Trouvez-vous que tous les batteurs sont des drama-queens ou des drama-kings ? (beaucoup de rires avant que les regards ne se tournent vers Loïc, remplis de jugement affectueux)...
Adrien : On en connaît très bien un, d’après une étude totalement subjective.
En général, il faut dire « d’après une étude américaine » et rester vague...
Loïc : En même temps, les guitaristes-chanteurs, vous pouvez parler… Niveau drama-queen…
Maxime : Oui, mais nous, c’est connu, tu vois… Là, je l’ai exposé sur la place publique (rires de Maxime) !
Loïc : Donc non, tous les batteurs ne sont pas des drama-queens ou des drama-kings, effectivement.
Maxime : Non, c’est pour dire que derrière cette image brute d’animal derrière sa batterie, il y a un cœur de drama-queen qui bat.
Pour annoncer cette chanson, vous avez fait plusieurs publications et vidéos sur les réseaux sociaux (j’ai vraiment cru que Loïc quittait le groupe très en colère) en faisant croire que votre batteur partait… pour finalement mieux revenir.
Loïc : Mais y a plein de gens qui y ont cru et qui nous ont écrit en disant : « Ah bah maintenant, t’es dispo pour jouer avec moi ! », « Bonne continuation pour tes autres projets ! »
À un moment, je me suis dit « Il rejoint PAERISH à 100 % ! »...
Loïc : Mais on a même reçu des CV ! Non, mais c’était cool…
Maxime : On a été à ça de perdre le contrôle de cette blague.
C’est que c’était bien fait !
Loïc : Non mais, il y a des gens qui ont suivi, ça nous a fait marrer, sûrement des gens qui étaient potes avec Loïc et qui ont trop cru à la blague…
Maxime : On avait caché des infos quand même…
Loïc : Je crois que sur le moment, on a perdu une dizaine ou une quinzaine de followers… Trois jours après, on a tout repris.

Mais donc comment avez-vous eu l’idée de ce teasing pour "Drummer" ?
Maxime (en se tournant vers Loïc) : C’est toi qui a eu l’idée.
Loïc : En fait, je ne sais pas. Ce qui était très drôle aussi, c’est qu’énormément de gens, qui d’habitude ne réagissent jamais à ce qu’on fait sur STORM ORCHESTRA, ont liké, commenté ou envoyé des messages, comme une espèce de majorité silencieuse que ça a fait réagir. Mais c’était un peu pour se moquer des réseaux sociaux et de la tendance à aimer le drama et le sang. Du coup, on s’est dit : « Viens, ça parle de drummer et de drama, donc on crée un faux drama où on fait un message hyper cryptique, dans lequel on n’arrive pas à savoir si on s’est embrouillé », où je fais des fautes dans le post, jusqu’à faire une faute dans le nom du groupe.
Adrien : Il y a des gens qui l’ont vu et nous, ce qui nous a fait marrer, c’est que même quand on a fait des vidéos pour déconner après, en disant que Loïc se barrait, c’était obvious qu’on faisait une blague, mais des gens ne comprenaient pas.
Maxime : Les vidéos… on a pleuré de rire en les faisant…
Adrien : Si vous écoutez bien, on entend Loïc rigoler derrière ces vidéos ! Mais ça a été fait sur un coup de tête comme beaucoup de ce qu’on fait. On essaie de ne pas trop réfléchir non plus. La musique c’est sérieux, mais entre nous, on délire.
Maxime : En général, on n’a pas trop montré ça, en plus.
Loïc : C’est vrai qu’on n’a pas jamais trop montré cette facette du groupe où, en réalité, on passe notre temps à se marrer.
Maxime : (rire) Bon, après, on est complètement cons !
Loïc : Y a des groupes assez sérieux…
Maxime : On ne se prend pas tant au sérieux. On est contents de ce qu’on fait.
Loïc : On ne l’a pas trop refait depuis…
Pour ne pas perdre le contrôle peut-être ?
Maxime : Non, mais quand on a des idées de petites vidéos comme ça, on adore les faire. Ça va rester, et voilà.
Il y a plusieurs différences entre cet album et le précédent, dont une majeure dont j’aimerais discuter : sur « What a Time To Be Alive », il n’y avait pas de featuring et sur celui-ci, il y en a deux : Bertrand Poncet de CHUNK! NO, CAPTAIN CHUNK! sur "Crush The Mirrors" et JJ Wilde sur "Désolé". Ce sont les premiers que vous réalisez et j’aimerais savoir comment vous sont venues les idées de ces invités et comment s’est passé le travail avec des personnes qui ne font pas partie du groupe ?
Maxime : Ce sont deux featurings très très différents et avec des approches qui le sont tout autant.
Loïc : C’était naturel de faire un titre avec Bert’ (Bertrand Poncet, ndlr) à un moment, puisqu’en réalité on fait réalisé des titres avec lui en tant que producteur, mais ça ne se voit pas forcément et surtout, il arrive après la composition. Là, on avait une chanson finie à 90-95 % et on s’est dit que ce serait sympa d’avoir quelque chose avec lui. En studio, c’est venu naturellement de se dire : « Tiens, ce serait marrant d'essayer ». Bert’ étant un chanteur incroyable et un screamer incroyable avec CHUNK! NO, CAPTAIN CHUNK!, on s’est dit : « Ce serait drôle de prendre le contre-pied de cette chanson, très très mélodique et très aérienne pour d’un coup, bam ! redescendre sur terre et même six pieds sous terre avec Bert’ qui lâche un gros scream. Donc, collaborer avec Bert’, c’était naturel et évident. Avec JJ Wilde, c’est venu après. On avait fini le titre et, vu que c’est une conversation, c’était intéressant de mettre une voix féminine pour illustrer cette prise de parole en face puisque c’est une conversation avec une femme. L'idée était de permettre à l’artiste qui avait collaboré d’apporter ses textes. Elle nous a proposé deux versions : une sur laquelle elle chantait le texte qu’on avait écrit avec Max et une autre qu’elle a proposée avec ses mots à elle et c’est finalement celle qu’on a gardée. Celui-là s’est fait totalement à distance puisqu’elle est au Canada.
Maxime : Elle a une voix incroyable que j’adore. J’ai vachement écouté ses deux albums et je trouve que son timbre de voix et son interprétation collent vachement bien au morceau. Quand on a reçu les pistes, on a fait : « Wow, ça tue ! ».

Sur cet album, on entend plusieurs éléments plutôt nouveaux pour vous, notamment le chant saturé ("Crush The Mirrors"), le piano ("Our Victory") et un moment avec une guitare acoustique ("Get Back In Time"). Peut-on voir ces éléments comme une volonté d’exploration de nouvelles sonorités sur cet album et à l’avenir ?
Adrien : J’avais oublié (rires) ! Quand on dit qu’on a la tête dedans… Quand on fait les morceaux, j’aime bien me dire : « Okay faire des gros riffs ou des grosses basses, c’est bien, mais dans ce morceau, il manque un peu de piano ». Ou alors : « J’aimerais bien faire un morceau où l'on montre qu’on peut faire quelque chose au piano ». Ou encore, pour le morceau avec Bert’, de montrer qu’on écoute du metal h24 et donc ça faisait partie de l’idée de mettre un gros breakdown. C’est plus un petit défi perso à chaque fois, et la guitare acoustique, c’est comme "Désolé". Je défie quiconque de dire qu’il n’aime pas les ballades super cheesy. Tout le monde aime les ballades cheesy. Ça peut être un guilty pleasure, mais tout le monde aime ça et quand tu entends des guitares acoustiques et une voix, ça ne trompe pas. Tu ne peux pas te cacher.
Loïc : Les piano-voix c’est pareil. On en a fait sur le premier EP et le premier album. Là on a procédé différemment.
Adrien : Des fois, on cache un peu des arrangements aussi. Sur le premier album, dans "Demons", il y a un piano-voix. J’aime bien me dire que tu écoutes un album et de temps en temps, il y a un élément un peu surprenant, que ce soit un piano, une guitare acoustique ou autre chose pour mettre un peu de relief dans les morceaux et changer des albums qui tracent bien, mais qui peuvent être un peu épuisants aussi.
Loïc : Notre premier album était un peu comme ça, d’ailleurs : ça traçait et à la fin, on avait "Demons".
Adrien : C’est pour ça que "Désolé" a été mis au milieu de l’album. On a fait une petite étude… de marché américaine (rires) qui disait que, dans un album, c’est bien d’avoir une respiration au milieu. C’est comme en live. Parfois, on peut se demander pourquoi un groupe se calme, alors qu’on a envie qu’il soit énervé.
Une pause dans les pogos, c’est bien quand même...
Adrien : C’est ça ! (rires) C’est le moment où tu dois respirer et boire de l’eau, sinon tu vas mourir.
Loïc : C’est aussi parce qu’on savait qu’on allait sortir un vinyle et on a aussi beaucoup réfléchi en termes de face A et face B. C’était donc intéressant d’avoir la coupure entre les deux et en plus, la face A et la face B se retrouvent différentes. Je trouve que la seconde partie de l’album est très différente de la première.
Donc sur la face A, on a les morceaux qui sont déjà sortis et sur la face B, ceux que le public découvre le jours de la sortie de l'album…
Maxime : "Cut Loose, Somehow" est au milieu de la face A, mais c’est vrai que ça déroule direct.
J’ai l’impression que le morceau "Our Victory" sonne un peu comme l’hymne principal de cet album : c’est la victoire à laquelle aboutissent les combats que vous évoquez dans les titres "We Will Be The Last" et "This Game" et, peut-être parce que c’est l’une de mes préférées de l’album, je la trouve un peu plus intense et plus chargée en force, comme si l’album allait crescendo pour aboutir à ce titre. Quelles sont les victoires qui ont nourri l’écriture de ce texte ?
Adrien : Ce morceau est très revendicateur dans ses textes.
Loïc : C’est marrant parce qu’on l’a cité, dans l’interview qu’on a eue juste avant, comme mon morceau préféré et aussi celui d’Adrien.
Adrien : Il y a quelque chose de très viscéral dans ce morceau.
Maxime : Dans le texte, on n’est pas encore à la victoire. C’est un peu plus désespéré que ça, on parle plutôt d’aller chercher la victoire.
Et qu’est-ce que vous estimerez être la célébration de la victoire ?
Loïc : Le texte parle d’envie de révolte plus que de victoire, de révolte face à des problèmes sociétaux, etc. Donc quand est-ce qu’on aura obtenu la victoire ?
Maxime : Quand il n’y aura plus de fachos (rires nerveux), quand la température de la planète ne prendra pas deux degrés supplémentaires... Mais la victoire n’est pas forcément de gagner là-dessus, ça peut aussi être sur des choses de tous les jours. La vraie victoire, c’est aussi de se sentir ensemble et de sentir qu’on fait partie de quelque chose, c’est aussi de donner un sens à sa vie et de vouloir combattre certaines choses. La victoire est aussi là parce que si on considère qu’on n’a aucune victoire tant qu’on n’a pas battu à 100 % le réchauffement climatique, autant aller se pendre tout de suite (nouveaux rires nerveux). Donc je trouve qu’il faut aussi considérer que les victoires sont tous les jours et qu’avoir réuni 150 000 personnes pour une manif’ est une victoire. On verra après ce que ça donne. Je ne sais pas si ça raconte ça dans ce titre-là, mais moi je les vois là ces victoires, dans les petites choses et de sentir qu’on fait partie de ceux qui veulent que ça s’arrête.
Le dernier titre est un peu énigmatique : il dure à peine plus d’une minute et est aussi concentré en énergie qu’un café italien. Comment comprendre la présence de "Trash The Room" après "Our Victory" qui pourrait sonner comme la fin de l’album ?
Adrien : C’est exactement ce qu’on expliquait tout à l’heure, c’est une blague qu’on a entre nous avec Joanne, notre régisseuse son. Ça résulte d’une blague qu’on a entre nous, "trash the room", et on s’est dit qu’on allait faire un morceau complètement débile à 300 km/h dans lequel tout le monde hurle, tout le monde va gueuler dedans. Il y a même nos potes dedans, dont Joanne qui est cachée dans cette espèce de brouhaha.
Loïc : Adrien et moi chantons en lead je crois… Toi (en se tournant vers Maxime), tu ne chantes pas dessus ?
Maxime : Si… (rires)
Loïc : Je ne me souviens plus, c’était vraiment à la fin du studio…
Adrien : C’est vraiment un exutoire, ça permet de remettre un peu de perspective après "Our victory" et de montrer qu’on peut faire de la musique pour dire des choses de manière très viscérale, mais « Trash the room » est aussi très viscéral. C’est débile, c’est hyper drôle à jouer, point final. C’est une blague qui a mal tourné et qui a été enregistrée.
Maxime : Une blague qui a été faite en lâchant toutes nos émotions.
Adrien : Oui, c’est ça, tu gueules le plus fort possible.
Loïc : Pour la mettre sur l’album, c’était un peu comme pour "Désolé", on s’est dit qu’on allait la mettre parce que c’était marrant et en fait le label a dit que c’était super bien et qu’il fallait la mettre dessus, alors que pour nous, c’était un peu comme un bonus-track qu’on trouve sur certains disques après seize minutes de blanc. Et en fait, on en a fait un vrai truc mais il faut la voir comme une espèce de bonus-track qui vient après dix minutes de blanc dans un album. Ça ne se fait plus trop et c’est dommage je trouve.
Adrien : Là, elle arrive directement après "Our Victory" !
Quelle chanson de l’album avez-vous le plus hâte de jouer sur scène, si vous n’en avez pas encore joué ?
Maxime : "We Will Be The Last", avec le gros riff…
Adrien : Ouais, "We Will Be The Last", aussi "Our Victory" qui va être vraiment très cool à jouer avec les chœurs très poussés et cet aspect très viscéral, c’est de la hargne pendant trois minutes et aussi "Tear Myself Down" qui peut être surprenante, parce qu’il y a des morceaux qu’on n’a pas encore testés. Là on sort beaucoup de singles, mais ce sont des morceaux qui sont au début de l’album donc un peu mis en valeur, mais on doit aussi tester les morceaux qui le sont moins et il y en a qui peuvent être très surprenants. Certains morceaux peuvent paraître évidents quand on les écoute en album, mais il y a parfois moins de feeling quand on les joue en live, et d’autres fois c’est l’inverse. Donc on va les jouer et on les découvrira en live.

Sur la pochette de l’album, on peut vous voir tous les trois, Maxime en costume blanc, Loïc et Adrien tout en noir avec une chemise pour Loïc et une chemisette pour Adrien. De nombreux groupes de rock et metal, lorsqu’ils donnent des concerts, font le choix du combo classique Jeans noir et t-shirt de groupe tandis que vous arborez de belles chemises et des vestes colorées, très chic et sobre à la fois, mais aussi très identifiable. D’où vient votre sens de la mode et votre amour des jolies tenues sur scène ?
Loïc : C’est une question qu’on se pose tout le temps.
Maxime : Je me suis beaucoup posé cette question. J’ai toujours regardé les vêtements, j’ai acheté des magazines quand j’étais jeune et je regardais comment étaient habillés les artistes. J’ai acheté Rock&Folk et GQ aussi à l’époque, j’ai toujours considéré que c’était important de faire attention à la façon dont on s’habille parce qu’on raconte quelque chose en s’habillant. On fait parfois passer un message en s’habillant et on indique aux autres de quel groupe de la société on fait partie, particulièrement quand on est dans le rock. Et dans le rock aussi, on indique de quel groupe du rock on fait partie.
Loïc : Et on voit aussi des groupes pour lesquels il n’y a aucune cohérence dans le style vestimentaire des membres. Ça reflète les envies des membres et ça montre dans quel groupe chacun des membres aimerait jouer. Le guitariste qui voudrait être Alex Turner, le batteur qui voudrait être dans un groupe de skate-punk, le bassiste qui voudrait être dans un groupe de hardcore, c’est assez drôle à observer. Mais je n’ai pas vraiment de jugement dessus non plus. On a pris le parti d’avoir une cohérence vestimentaire entre nous tout en laissant la place à Max, en laissant l’œil être attiré par Max et ses costumes pendant qu’Adrien et moi sommes très sobres derrière mais qu’on reste aussi sobres et cohérents pour illustrer le fait que le son de Storm Orchestra repose beaucoup sur la cohérence basse-batterie.
Adrien : C’est vrai que c’est assez visuel : Max va chanter de façon assez lyrique, donc la musique va bien avec nos personnalités et c’est vrai que le duo basse-batterie est très lourd. Chez nous, il y a plus de basse que de guitare en réalité.
Loïc : C’est vrai qu’on est un groupe avec une batterie, deux basses et une guitare.
Adrien : Mais j’ai toujours aimé les groupes dans lesquels le leader, comme Frank Carter par exemple, a des costumes toujours incroyables. Alex Turner est un peu plus british, un peu plus classe.
Maxime : C’est important aussi que les gens puissent dire « C’est le groupe avec le chanteur qui portait ça ». C’est un point facile à expliquer pour décrire un groupe : « T’as vu qui ? », - « C’était un groupe, le chanteur était en costume rose. »
C’est vrai que c’est notable et que ça n’est pas courant de voir un costume blanc. C’est efficace comparé aux groupes habillés en t-shirt, jeans et basket en concert, c’est aussi pour ça que je trouve que vos efforts visuels sont notables et appréciables...
Maxime : Si c’est voulu, pourquoi pas ? L’important est d’avoir réfléchi à ce qu’on veut dire. Si on est normcore à fond, let’s go. Mais il faut réfléchir à ce qu’on veut raconter. Si on fait une musique un peu exubérante, il faut les vêtements qui vont avec. Et puis, je suis aussi un méga fan de costumes, je ne vais pas m’en cacher. (rires)
Adrien : J’ai aussi déjà vu des groupes qui se fichaient complètement de leur style vestimentaire mais dont la musique est hyper ambitieuse et quand tu les vois en live, ça crée un décalage. C’est rare, mais ça m’est déjà arrivé de me dire « C’est con, il a la classe sur CD mais un peu moins en live. » et aussi l’inverse.
Maxime : J’ai aussi découvert qu’on pouvait dessiner sur les costumes. C’est ce que j’ai fait avec le costume blanc, ce sont des dessins faits à la main dessus : je projette les pochettes sur le costume et je dessine par-dessus. Je pense que je vais continuer à partir en couilles là-dessus, parce que j’aime beaucoup, je trouve ça très cool. En plus, on peut faire évoluer un costume. Si, un jour, on fait une tournée longue, j’ai comme projet de commencer la tournée avec un costume blanc que les fans rempliraient de dessins. (rires)
Adrien : Il y aura un éthylotest avant de faire un dessin ! (rires)
Maxime : Le costume devient une œuvre d’art qui s’est créée avec le groupe et ses fans et j’aimerais bien. Ça sera un grand projet qui commencera un jour.
En octobre 2024, vous avez annoncé avoir rejoint Gérard Drouot Productions. Qu’est-ce que ça a changé pour vous ?
Loïc : La première date, c’était l’Olympia… Forcément, quand on rejoint une maison comme ça, c’est aussi une nouvelle ère, une nouvelle étape. Ça a complété l’équipe, ça a ouvert de nouvelles portes, même si on était extrêmement bien entourés et c’était vraiment très agréable de travailler avec notre ancienne équipe. On les a quittés sans aucun ressentiment et on se parle toujours. Philippe, notre tourneur, est venu nous voir à l’Olympia et on le réinvitera certainement à chaque nouveau concert s’il veut.
Adrien : Ça permet aussi de se dire que, comme il n’y a que des artistes énormes chez Gérard Drouot, le fait qu’ils s’intéressent à nous nous aide à nous demander « What’s next ? ». On ne fait pas ça pour rien, ça donne de la confiance, on nous donne des opportunités et on se dit aussi que, comme on nous donne cette chance, il faut pas qu’on la foire. On n’est pas dans une cave à jouer devant trois personnes, ce qui est très bien, mais là, on se demande toujours « What’s next ».
Loïc : C’est agréable d’avoir des gens qui peuvent te faire parler et compter sur toi.

J’ai une dernière question : en janvier dernier, vous avez posté sur Instagram des photos de vous en 2006 sur lesquelles on voyait déjà votre sens du style et votre amour des belles chemises...
Loïc : Le chapeau, on va en parler du chapeau (ndlr : Maxime porte un chapeau sur les photos en question) !
Maxime : C’est un grand truc qu’on a avec Loïc : on se dit que si on s’était connu au lycée, on n’aurait sûrement pas été amis parce que j’étais dans le clan du slim et lui il était dans le clan des punk-skaters.
Adrien : Il y avait du slim et des casquettes à l’envers à un moment donné.
Maxime : Moi j’étais avec des slims et des chemises à fleurs.
Je me demandais ce que vous aimeriez dire aux Maxime, Loïc et Adrien de cette époque ?
Maxime : Déjà, le Maxime de cette époque jouait du AC/DC devant sa glace et aujourd’hui il est chez le même tourneur qu’AC/DC, c’est assez fou… Je dirais « Continue, tu vas y arriver. Tu peux être fier de ton toi de plus tard. »
Adrien : Tu nous poseras la question dans dix ans.
Maxime : Tu veux te faire passer un message ?
Tu peux !
Adrien : « Continue de bosser et de rester avec eux, parce que c’est quand même vachement cool. »
Okay, donc c’est le message pour toi dans dix ans.
Loïc : Je me dirais « C’est pas terrible ce que tu fais, mais t’inquiète. » (rires)
Ce sont de beaux messages, merci beaucoup !