Après plus de dix ans d’activité, MESSA parvient encore à surprendre son public. Parti d’un doom sombre avec « Belfry » en 2016, le groupe a peu à peu pris ses distances pour le mélanger à d’autres genres, aboutissant toujours à des fusions de styles harmonieux, délicats et toujours surprenants.
Pour « The Spin », MESSA s’oriente vers une ambiance inspirée des années 80, recréée grâce à des instruments d’époque. Un clavier CP80, un clavier Juno 106, une basse Kramer 77RD et une guitare Telecaster Fender plus tard, le public est transporté cinq décennies en arrière, dans une ambiance musicale qui pourrait presque être celle d’un épisode de la série Twin Peaks. Ajoutons à cela l’oreille et les conseils avisés de Maurizio Biaggio, producteur italien à l’origine de nombreux projets ayant un lien avec les années 80, notamment THE SOFT MOON et BOY HARSHER, et le groupe peut développer des morceaux aussi envoûtants que déroutants qui prouvent que jamais le quartette ne se repose sur ses lauriers.
Au fil des chansons, les différentes combinaisons entre les nombreux instruments présents sur l’album nous font vivre une grande diversité d’ambiance. La voix de Sara Bianchin, les guitares d’Alberto Piccolo, la basse de Marco Zanin et la batterie de Rocco Toaldo sont cette fois accompagnés des synthétiseurs d’Andrea Mantione et de la trompette de Michele Tedesco. L’ensemble laisse non seulement présager de magnifiques concerts, mais aussi de très belles écoutes pendant lesquelles les instruments, toujours équilibrés les uns par rapport aux autres, s’allient pour créer des ambiances tantôt jazz, le groupe ayant fait de ce style un élément à part entière de son identité, tantôt plus froide et lointaines pour les années 80, tantôt plus doucement rock. En rupture avec l’alternance entre morceau instrumental et morceau chanté des premiers albums, « The Spin » mêle les ambiances autant que les styles, faisant de chaque titre un voyage à part entière.
Si MESSA n’a plus à prouver que le mélange du doom et du jazz fonctionne, le groupe nous montre que ses expérimentations sont toujours un succès et que les frontières du metal ne sont pas immuables. Le mélange avec les synthés se fait tout aussi bien et l’album comporte une quantité de mélodies incroyables parmi lesquels un dialogue entre la trompette et la guitare sur "The Dress", déjà révélé comme single, on encore le clavier au début de "Immolation" dont la douceur ménage un temps de respiration au milieu de l’album. Les inspirations blues du groupe sont également évoquées, grâce au surprenant bottleneck au début de "Reveal" et les synthés se font entendre dès les premières notes de l’album dans le morceau "Void Meridian" pour distiller leurs apparitions sur l’ensemble des chansons. Toujours aussi magique, le chant sert de fil rouge à l’ensemble de l’album dont l’équilibre est atteint sur "Thicker Blood". La fin du titre sonne comme la conclusion du voyage mené tout au long de l’album et évoqué dans le clip du single "At Races" : un voyage au fil des endroits atypiques et à travers les styles pour aboutir à une véritable performance.