11 avril 2025, 15:20

PSYKUP

Interview Julien Cassarino & Julian Gretz


Fin mars, nous avons rencontré Julien Cassarino et Julian Gretz à Paris, respectivement chanteur/guitariste et bassiste de PSYKUP, fleuron de la scène toulousaine et unique représentant de l’autruche-core depuis maintenant 30 ans. Après des changements remarqués de line-up ces dernières années, le groupe nous propose « The Joke Of Tomorrow », un album plein de surprises et de nouveautés évoquées ensemble lors de cet entretien.
 

C'est le premier album que vous faites avec Matthieu Romarin (chant) et Dorian Dutech (guitare). Comment cette collaboration s'est déroulée et qu'ont-ils apporté de différent au son de PSYKUP selon vous ?
Julien Cassarino : Ce qui est intéressant, c'est de voir un peu comment nos deux voix allaient se mélanger, parce que c’est un nouveau partenaire de jeu, et de voix. Donc ça a très bien matché entre nous tout de suite. Nos deux voix se complètent bien, par exemple dans les cris, où on couvre un spectre très large à nous deux... Moi je vais très haut, et lui très bas. Et dans les clairs aussi, on peut vraiment bien chiader les mélodies. Il a une très jolie voix claire et un très beau timbre. Et Dorian, ce qui est intéressant, c'est qu'il a mis quelques petites touches à lui, jazz, parce qu'il fait pas mal de jazz à côté, et des touches un peu expérimentales vu qu’il aime bien triturer les sons aussi. Donc il y a quelques petits sons qu'il a rajoutés en plus, même s'il n’a pas vraiment composé pour l'album, car j’ai écrit les guitares, mais il a rajouté plein de détails qui vont bien, notamment un archet sur un morceau, sur la guitare, etc. Je pense qu'ils ont pu mettre un peu leur couleur aussi.
Julian Gretz : Ouais, c'est un peu le professeur Tournesol au niveau des pédales et des effets en guitare, donc c'est bien parce que ça recolle avec le début de PSYKUP aussi, quand il y avait aussi plein d’effets guitaristiques. Il a bien trouvé sa place !

Justement, cet album marque les 30 ans de PSYKUP, en plus de ces changements. Quand vous regardez le chemin parcouru depuis toutes ces années, qu'est-ce que cela vous inspire ?
Julien : Beaucoup de bornes (rire) … parce qu’on a beaucoup tourné. Plein de choses, plein d'ascenseur émotionnel, plein de hauts, plein de bas, plein de bons moments de partage et d'expérimentations. Et on a vraiment vécu des choses très riches. Ce boulot, il n'est pas commun. On se rend compte tous les jours qu’on a de la chance de pouvoir le faire. Et même si parfois c'est très fatigant physiquement, psychologiquement et tout, on a quand même des récompenses assez conséquentes, notamment le live et le fait qu'on puisse rencontrer des gens, vivre des choses avec les gens.

J’ai trouvé cet album plus heavy et beaucoup moins explicitement cynique que ses prédécesseurs. Est-ce parce qu’il aborde des sujets plus sérieux et plus personnels pour vous ?
Julien : Oui, en partie. C’est un album qui se veut de toute façon plus sérieux, mais qui garde quand même ses petits décalages, ce second degré, etc. Mais c'est un peu plus direct dans le discours et ça prend moins de tours et de détours. Ça vient plus des tripes dans la façon dont il a été écrit. Et puis au niveau des textes, j'ai abordé des sujets encore un peu plus personnels dans ma vision de la vie, de l'amour, de la mort, des angoisses, de tout ça, mais de façon très positive. Donc, le côté cynique de PSYKUP d'une certaine époque est, je pense, définitivement enterré. On n’est plus dans ce truc-là, on a mûri aussi, on n’est pas dans la même optique. Nous sommes davantage là, je pense, pour donner de bonnes vibes aux gens et des clés pour les aider à se sentir un peu mieux quand ça ne va pas, notamment pour accepter tous les revers de la vie sans trop dramatiser, en essayant d'avancer vers le positif - ce qui est le plus dur - et de ne pas se laisser abattre. C’est ce qu'on essaie de véhiculer comme message : ne pas se laisser abattre.
Julian : Ouais, c'est un album beaucoup plus apaisé, avec une énergie plus positive, je trouve. C'est un album qui s'est fait très naturellement. On n'a pas du tout bataillé à réaliser les morceaux, tout a été très fluide. Je pense qu'on a tous eu une période assez tendue avec « Hello Karma! » juste auparavant et là, on a vraiment la détente et le côté positif. Nous sommes très contents de vivre ça.

C’est vrai que même s'il est plus heavy, je le trouve beaucoup moins chaotique que « Hello Karma! » qui était "hyperactif" dans son écriture. C’est plus heavy, mais c'est plus direct.
Julien : Tu dis plus heavy, c'est dans quel sens ? Plus lourd ?

Je trouve que vous vous engagez dans des registres qui plus proches du death metal, justement avec la voix de Matthieu. Et c'est vrai qu’on sent que c'est plus "simple" mais en même temps plus grave dans les sujets.
Julien : Oui, c’est bien résumé, c'est un bon équilibre. On cherchait aussi à avoir des morceaux un peu plus… On dit "papa" entre guillemets, plus posés avec ce côté heavy dont tu parles, ce sont des choses bien ancrées dans le sol. Et à la fois, on voulait garder la folie PSYKUP avec les passages qui partent vraiment en sucette, avec un côté un peu schizophrénique des ambiances, à passer d’une chose à l'autre assez vite. Mais l'ensemble devait rester bien cohérent et que ça ne soit pas écœurant. « Hello Karma! » est peut-être un peu plus indigeste, parce qu'il y a beaucoup de choses, il y a beaucoup de riffs... Et là, il n'y a rien de tout ça dans cet album. En plus, terminer sur un morceau comme « The Joke Of Tomorrow », qui est beaucoup plus apaisé, ça fait du bien… Pouvoir se relâcher un peu et aller au bout des choses tranquillement. C'est tout à fait cohérent avec ce que je voulais véhiculer au niveau du principe de l'album. On va toujours vers un apaisement. C'est ce qu'on vise : un apaisement intérieur. Quand on est bien avec soi-même, on est bien avec les autres. C’est important.

Est ce que vous avez donc changé quelque chose dans votre processus d'écriture, en dehors d'apporter ce sentiment plus apaisé ?
Julien : Non, pas vraiment, mais ça dépend vraiment de l'état d'esprit que j'ai au moment où j'écris. Quand j’ai fait « We Love You All » à l'époque, l’album est super barjo parce que j'étais dans cet état super barjo (rire) ! Je voulais pousser tout dans le rouge, je voulais pousser mes propres limites. Et l'album était presque à l'implosion. On est au bord de tout, quoi ! Et là, c'est un album de quelqu’un qui a 46 ans, qui ne voit pas les choses exactement pareilles, et qui a quand même toujours cette fougue de jeunesse d’y aller. Parce qu'on n'a jamais perdu ce truc, en fait. Ça, c'est le plus important pour moi. Si je sentais qu'on avait perdu toute la fougue d'y aller, je ne l'aurais pas fait. Là, je sens qu’on vit vraiment une sorte de renouveau, comme au tout début. L'impression qu'on a vachement la niaque, l'envie de jouer ces morceaux, d'aller sur la route, d'être ensemble et de travailler. C'est vrai : on ne va pas en répètes en traînant les pieds. On est content d'être là, c'est important. Et après, on a envie de répandre la musique de PSYKUP auprès du plus grand nombre, de prêcher la bonne parole pour que les gens aient le message. En même temps, c'est ce qui est exprimé sur la pochette. Tu as ce clown qui est un peu l'ancien PSYKUP, mais qui est toujours là, avec un côté un peu loufoque, désordonné, qui va dans tous les sens, et en face, tu as ce boxeur qui est beaucoup plus sage, qui encaisse les coups, qui a un regard plus posé, plus apaisé. Et les deux s'affrontent. Ce sont un peu les deux personnalités qui sont en moi, qui sont dans la musique de PSYKUP et qui nous animent un peu tous. Parce que je pense que chacun a en soi ces deux facettes. C’est un peu l’ange et le démon. Et il faut équilibrer pour que la vie soit plutôt bien. L'un ou l'autre, ça va devenir soit très plat, soit pas assez et beaucoup trop fou. Les deux, c’est le top. Quand on arrive à garder les deux quand on vieillit, et qu’on ne perd pas la fougue et la folie de l'enfance et de l'adolescence, c'est génial ! On a quand même quelques leçons de vie qui nous ont expliqué deux trois trucs et qui font qu'on est mieux. Donner la meilleure version de nous-mêmes, c’est le but de cet album je pense.
Julian : Pour revenir au processus de composition, on a eu un côté où on a vraiment fait cet album en peu de temps, donc on a moins réfléchi aussi, ça vient encore plus des tripes. Je pense que c'est ça aussi qui fait que, parfois, tu es dans un moment de vie où tu vas vraiment vers ce que tu ressens. C'est ce qui s'est passé là. On n'a pas tergiversé maintes et maintes fois, c'est sorti naturellement.

Mais c'est vrai que ce qui est cool dans la pochette, c'est qu'on a ce feeling oppressant qui vient du clown. On se dit que c'est juste avant un combat, et je trouve que ça invite vraiment à découvrir ce combat entre le passé et le présent.
Julien : Oui, parce que c'est le but justement, ils ne sont pas en train de se mettre sur la gueule, ils sont en train de s'observer et c'est un peu le calme avant la tempête. Si on écoute l’album, on va entendre qu’il s'est passé des trucs, mais personne n'a gagné. Et dans le premier clip où ils sont tous les deux, personne ne gagne à la fin, ils sont tous les deux ensemble, même si on sent que ça va partir parce que le clown le frappe. Mais ce sont des gens qui cohabitent un peu. On est obligé de faire cohabiter ces deux personnages dans un même personne, si on veut vivre. Je pense qu'avec le temps, les choses s'équilibrent d'elles-mêmes. Il faut s'écouter, quoi.
Julian : Oui toute la vie te fait comprendre qu’il faut évoluer aussi avec son temps. Il faut aller vers une meilleure version de soi. Donc parfois quand tu es jeune, tu fais des erreurs de jeunesse et tout ça, ça te construit. Là où ce n’est pas bien, c'est quand tu répètes souvent les mêmes erreurs, là ce n’est pas bon. Je pense que le clown, il faut savoir le sortir de temps en temps, mais il faut rester "papa" et il faut se raviser la plupart du temps.
Julien : Il y a une maxime qui dit que seul un fou plante deux fois un clou au même endroit. Et c'est vrai, tu ne peux pas, ça marche pas. Si tu plantes ton clou à un endroit et qu’il se tord, si tu en replantes un il va se tordre aussi. C'est le principe de pas répéter les conneries, quoi.

Je pense que mon morceau préféré sur l'album c'est "Death In The Afternoon" parce qu'il prend vraiment le temps de poser des ambiances un peu étranges mais vraiment cool avec ce côté quasi cinématographique dans les instrumentations. Est-ce que vous pouvez me parler de ce titre et de ce qui l’a inspiré ?
Julien : C'était un désir de faire un morceau un peu mystique parce que base j’ai eu le titre d'abord. J'avais le titre qui m'était venu parce qu'en plus c'est une double référence. C’est une référence à Hemingway qui avait écrit "Mort dans l’Après-Midi" et c'est aussi une référence à un cocktail explosif. C'est un mélange de champagne et d'absinthe. Moi j'ai déjà pris une cuite avec ça, avec des amis. J'ai dormi presque 24 heures après (rire) ! Et donc j’avais ce titre qui était là, et je me suis demandé ce que ça m'évoque, ce titre. Je me disais que ça m'évoque un peu que si on considère que la vie, il y a le matin, l'aube, etc., l'après-midi c'est un peu vers la fin, on va vers le crépuscule. Et ça voulait dire voilà, qu'est ce qui se passe après ? Comment on arrive en fin de vie ? Moi je parle en général d’une certaine sagesse qui peut arriver à un certain moment. J'ai vu des gens, proches de la mort qui avaient d'un coup une sagesse folle, une philosophie de vie folle. Donc ça m'a inspiré, j'ai voulu parler de ça et je me suis dit qu’il fallait que ce soit mystique. Le mystique, ça va évoquer l'immensité, des choses qui me dépassent, et le désert, donc c'est devenu un truc un peu arabisant. Et j'ai revu « Laurence d'Arabie » récemment, et le film est tellement magnifique, la musique est si belle... On va partir par là. Et du coup j'ai ramené des cordes et des violons, etc. Donc on a pris un quatuor qui est devenu presque un petit orchestre, et le morceau est là. C'est un empilement de réflexions, mais ça a glissé un peu tout seul, c’est sorti un peu comme ça.

J’ai aussi aimé la chanson "I Will Let You Down", dont le titre fait attendre une déception mais au final non...
Julien : Ouais, c’est un peu de la psychologie inversée, c’est comme quand tu appelles ton album « The Joke Of Tomorrow », tu ne veux pas que ce soit la blague de demain, c’est exactement ça. "I Will Let You Down" c’est un peu ça, c'est le fait qu'on va décevoir des gens et qu’on va être déçus. C'est normal, ça fait partie de la vie. Il faut l’accepter, parce qu'il y a des gens qui n'acceptent pas ça, la déception. Et c'est un des premiers trucs qu'on nous apprend quand on est petits, c’est apprendre à être frustré, apprendre à être déçu, à ce qu'on nous dise non, à ce qu'on n'ait pas tout ce qu'on veut. Il y a des gens en vieillissant, ils n'ont pas du tout acquis ça, et qui n’acceptent pas du tout le refus. C'est quand même dommage, ça fait partie de la vie, des limites qu’on se met les uns aux autres. C'est un morceau pour dire « ce n’est pas grave, on peut se décevoir, mais on pourrait quand même être potes, on peut quand même construire des choses, apprendre de ça, comprendre pourquoi aussi on a été décevants ». Les gens nous ont déçus et parfois c'est parce qu'on a des attentes aussi qui ne sont pas les bonnes. C'est toute une réflexion autour de ça et ça allait bien avec ce clown et ce boxeur, justement avec ce conflit-là. Ça s’imposait qu’ils sortent de la pochette et qu'ils aillent se foutre sur la gueule dans ce clip.
Julian : Il y a un changement de line up aussi, on s'est dit que c'est le premier morceau du nouvel album avec le nouveau duo au chant. Donc on s'est dit que forcément, il y a des gens qui vont être déçu parce qu'ils suivent PSYKUP depuis des années. Donc voilà, s’ils ne le sont pas tant mieux s'ils le sont, voilà, ils le savaient (rire). Mais c’était aussi un petit clin d'œil à ce niveau-là.


​​

Julien, je sais que tu es très fan de cinéma. Si tu devais faire le synopsis de cet album, qu'est-ce que ce serait ?
Julien : Je pense que c’est un peu un voyage vers la fin, mais une fin lointaine. Et puis une fin qui est un début d’autre chose, parce que moi je crois en un après, je ne sais pas exactement quoi, mais je crois en un après. J'espère en tout cas qu’il y a quelque chose, que l'âme ne meurt pas. Et moi ça me fascine, ce truc-là et tout ce que ça peut être. Donc je dirais que c'est un cheminement à travers les âges, le temps et l'apprentissage. Voilà, c'est comme ces "road movies" où il y a des gens qui apprennent beaucoup sur eux-mêmes en voyageant, en fait, en se baladant ou en faisant une introspection. Un film qui m'a beaucoup marqué, c'est A Ghost Story. Je ne sais pas si tu as vu ce film. Ça m'a presque foutu une crise d'angoisse (rire) ! C’est terrible ! Le film suit quelqu'un qui meurt dès le début du film. On voit l’accident et il est mort. Et en fait il est là mais sous forme de fantôme. En plus ils ont pris une représentation de fantôme qui est au départ pour être ridicule, c’est la représentation classique du drap, du mec avec un drap dessus. Mais en fait c’est pas du tout marrant ! Il est là mais il n’est pas là. L'acteur joue tout le film, mais on ne le voit pas et il ne parle pas. Il est tout le temps-là, il reste dans la maison en fait. Il y a sa compagne qui ne s'en remet pas et qui devient anorexique, boulimique, qui est dépressive… Et puis il observe et en fait il ne peut rien faire. Il ne fait rien et ne dit rien. Donc c'est terrible, c’est-à-dire que le temps passe, il voit des trucs pas possibles et il est là, toujours. Il est derrière. À un moment, il regarde un peu par la fenêtre, il voit qu'il y a un autre esprit dans une maison en face qu'il regarde mais ils ne peuvent pas se parler. Et le temps passe. Et sa notion du temps est complément déformée. C’est-à-dire que d’un coup 50 ans ont passé. Et tu ne l’as pas vu. Et en fait tu te dis que c'est ça la mort, quoi ! C'est terrible et ça te fait énormément cogiter sur tout ça, et ça m'a vachement remué. Et puis moi j'ai un problème avec le temps qui passe. Je n’ai pas un problème avec le fait de vieillir ou de mourir, ce n’est pas ça, c'est le fait de ne pas pouvoir faire tout ce que je veux. La date limite pour le corps, c'est dommage, c'est qu'à un moment, même vieux, on peut plus faire ce qu'on veut, c'est chiant. Et moi je suis hyper boulimique, hyper actif, j'aime bien faire plein de trucs et je me dis je n’aurais pas le temps de tout lire, de tout voir, de tout écrire, de tout faire, quoi ! De voir tous les gens que je veux voir, de partager les moments que je veux partager. Donc il faut sélectionner. Parfois on se trompe, on a perdu du temps. C’est horrible, je déteste perdre du temps, ça me rend fou de me dire que j’aurais pu faire un truc mieux, quoi. Donc c'est un sujet quand même et c'est un sujet qui est aussi dans l’album d'ailleurs. Mais je suis admiratif des gens qui acceptent tout ça. Des gens d’un certain âge qui acceptent ça. Tu remarqueras, il y a des gens d'un certain âge qui acceptent pas du tout l'idée de vieillir, et il y a des gens qui acceptent ça super bien. Ça dépend vraiment des personnalités. Je tends toujours plus à aller vers les gens qui acceptent bien le truc et qui te donnent des leçons, qui te disent « non, ne t’inquiète pas, tout va bien, tout va bien se passer, au contraire, c'est super, tu apprends plein de choses », etc. Il y a ce côté toujours initiatique. Moi j'adore apprendre des choses, j'adore apprendre de nouvelles choses. Je suis très curieux, très boulimique d'apprendre un nouveau truc. Si on peut m'apprendre des choses sur la vie, je suis très content (rire). Et si nous, on peut partager nos petites expériences de la vie à des gens... Parce que moi quand j'étais plus jeune, j'ai appris pas mal de mes aînés, etc. Ce sont des enseignements de gens qui ont vu des choses que tu n'as pas vu. Et on dit aussi que quand un vieux meurt, c'est une bibliothèque qui brûle. C'est vrai ! Il y a un savoir, une connaissance qui peut s'envoler. Donc tout ça pour dire qu'il faut être curieux et il faut bien optimiser son temps, je pense, dans la vie.
Julian : Il ne faut pas le perdre dans des mauvaises ondes, dans les mauvaises pratiques.
Julien : Mais c'est Alexandre Astier qui a dit ça, il dit souvent des choses intelligentes, et il a dit que les gens en général, ceux qui sont malveillants, ce sont des gens qui n'ont rien fait de bien en particulier. Il y a une forme de jalousie ou une forme de mauvaise exploitation du temps, en fait. Et ce temps-là qu’ils passent à être malveillants, à médire sur d'autres, à se comparer, ils pourraient le passer à créer des choses très positives. C'est dommage. Il faut s'exprimer dans quelque chose de positif au lieu d'aller cracher du fiel. Et ce qu'il dit, qui est très vrai, c'est que quand tu croises des gens assez brillants dans ce qu'ils font, ils sont très bienveillants en général, ce ne sont pas des gens malveillants.
Julian : Il y a cette humilité d'avoir vraiment arpenté le chemin jusqu'au bout, d’avoir repoussé les limites au maximum. Et du coup, ils n'ont pas de malveillance,
Julien : Ils n'ont pas de jalousie parce qu'ils ont déjà fait des trucs supers, ils s'en foutent.
Julian : Pour être très bon tu sais que c'est un long chemin, donc il faut être humble, se remettre en question et toujours être bienveillant.
Julien : C'est vachement important d'être dans la bienveillance avec les autres et de réjouir du bonheur des gens, il y a des gens qui sont très jaloux du bonheur des autres, et j’ai plutôt tendance à me réjouir du bonheur des gens, à dire « super, ça, c’est mérité, ce n’est pas moi mais ce n’est pas grave » (rire) ! On a d'autres bonheurs dont on ne se rend pas compte, le fait d’être en bonne santé, c'est déjà exceptionnel. C'est quand on a un gros truc qui nous tombe sur la gueule niveau santé qu’on se dit « merde, en fait c’était super avant ». Il ne faut pas l’oublier. Ce sont des banalités, mais c’est vrai.


Quelle chanson de l'album correspond le mieux à votre humeur aujourd'hui ?
Julian : "Drinks On Me" (rire) !
Julien : La soirée s’annonce bien (rire) ! Tu sais ce que ça veut dire ? Ça veut dire que c’est toi qui paies, ce soir (rire) ! Moi je dirais "Bigger Than Life". On passe une super journée, c’est une bonne version de tout ce qu’on attendait.

Vous avez une tournée qui arrive dans quelques jours, est-ce que vous l'abordez comme d'habitude ou est-ce que vous avez fait des changements par rapport à ce que vous faisiez sur les précédentes ?
Julian : Il y a pas mal de nouveautés et le truc qui est déjà super cool, c'est qu'on l'aborde plus sereinement parce que là on est sortis de résidence, donc on a pu un peu faire le tour de tout. Déjà, on est très content parce que les morceaux sonnent tout de suite, ça se met vraiment en place. C'est naturel pour le son et les idées. On est vraiment contents. Après, on a aussi des petites nouveautés comme par exemple les systèmes de retours, là on est tous passés aux "ear monitors" maintenant, donc on a gagné en précision. C'est excitant aussi de tester ça en live et de voir un peu jusqu'où on peut amener le groupe. Ça aussi, ça participe à ce vent de fraîcheur qu'on a en ce moment depuis que cet album est sorti. On aborde ça très positivement et beaucoup plus sereinement que par exemple « Hello Karma! ». Vraiment, on tend à aller vers un apaisement. Les planètes continuent à rester alignées dans ce sens, c'est chouette.

Alors après 30 ans de carrière, vous vous doutez que certains vous ont découvert un peu plus tard. Moi-même ça ne fait que dix ans par exemple, et donc il y en a sûrement d'autres qui vont vous découvrir avec cet album. Avec quel chanson est-ce que vous aimeriez que les gens vous découvrent en 2025 ?
Julien : Moi je dirais un morceau qui est assez représentatif et qui est une bonne entrée dans cet album : c'est "Same Player", justement. Il y a ce côté assez jeune parce qu'il y a un côté retrogaming qui est un peu en vogue aussi, il y a du gros riff lourd, il y a des mélodies, il y a des cris, il y a du jazz, il y a plein de trucs très différents. C'est une bonne carte de visite pour nous. Mais un morceau comme "I Will Let You Down", ou "Fear Is The Key", ce sont des morceaux tellement agressifs que ce n’est pas le plus simple pour découvrir comme ça. En live il y a d’autres morceaux qui sont une bonne porte d’entrée pour l’énergie. Là, si je devais conseiller à quelqu'un qui écoute le nouvel album, je dirais : « écoute, "Same Player" ou "Bigger Than Life" », qui sont des morceaux avec des sonorités un peu différentes.
Julian : Et "Rise" aussi (rire) !
Julien : Oui, "Rise and Fall and…", qui est un morceau très émotionnel, celui-là, et qui peut amener un truc différent. Il est un peu plus sombre dans l’ambiance, mais il y a une luminosité, quoi.
 

Blogger : Valentin Pochart
Au sujet de l'auteur
Valentin Pochart
Ses autres publications
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK