Histoire de bien commencer un mois d’avril qui s’annonce plutôt chargé – et de faire un grand écart musical avec le concert de LIMP BIZKIT prévu le lendemain – c’est parti pour un très beau plateau concocté par Garmonbozia qui réunit CULT OF FIRE et THE GREAT OLD ONES, le tout avec CARONTE en première partie... de quoi assurer un bon moment !
On commence donc par les Italiens CARONTE (que je prononçais jusqu’à présent de manière bien franco-française... mais rassurez-vous, j’ai maintenant rectifié le tir avec une prononciation italienne un tout petit peu exagérée suite à cette soirée !). Assez peu connaisseuse jusque là, une amie m’en avait dit beaucoup de bien et je suis bien contente d’arriver suffisamment tôt pour profiter de leur set dans son intégarlité. Avec 3 groupes à l’affiche, ces derniers jouent un peu tôt pour que tout le monde ait réussi à être là à temps et ils auraient mérité une fosse un peu plus remplie. Fort de leur album « Spiritvs » - sorti depuis le 7 avril - les Italiens nous font une belle démonstration de ce que je pourrais qualifier de doom/ambiant/black avec des accents heavy au niveau du chant. Le mélange peut sembler un peu hasardeux, mais il faut bien admettre qu’il fonctionne plutôt bien. C’est groovy, sombre, la caution chant clair de la soirée (enfin relativement), et ça me donne envie d’aller me pencher davantage sur leur discographie.

On enchaîne avec THE GREAT OLD ONES que je n’avais pas vu depuis son ciné-concert lors des 25 ans de Garmonbozia (L’appel de Cthulhu). Le fait de revoir le groupe dans une configuration plus classique me donne l’impression que je ne les ai pas vus depuis des lustres, c’est avec grand plaisir que j’ai donc le sentiment de les redécouvrir en live. Leur petit dernier « Kadath », sorti en début d’année est bien évidemment mis à l’honneur - ce qui, compte-tenu de la longueur des compositions équivaut à une bonne moitié de set - et leur post-black nous immerge totalement dans l’univers Lovecraftien.
C’est lourd, inquiétant, emprunt de rage - ce qui va très bien avec les trois guitares - et on se surprend à fermer les yeux pour mieux se laisser emporter par ces vagues lancinantes. Que l’on aime ou pas l’univers de Lovecraft sur lequel se base le groupe, si on est adepte de post-black bien sombre, on peut qu’être conquis par l’univers des Bordelais qui prend aux tripes sans laisser de répit ! Je l’avoue, lorsque j’avais vu l’affiche de la tournée, bien que leur univers soit très différent de celui de CULT OF FIRE, je m’étais dit qu’il y avait une forme de cohérence plus qu’évidente à réunir les deux groupes (le fameux « fichtre pourquoi n’y ai-je jamais pensé ? ») et c’est justement dans cette immersion totale qu’elle fait sens.
Les jeux de lumière, le décor avec les pieds de micro, guitares et colliers 100 % cultistes ajoutent à cette immersion, sans aller dans le too-much, presque un côté minimaliste qui nous rappelle cependant ce qui se terre dans l’ombre et les abysses cosmiques. En bref, un très bon show à la hauteur de la réputation du groupe !
Les rideaux se ferment entre deux groupes pour permettre aux équipes de CULT OF FIRE d’installer leur petit set-up tout aussi minimaliste (je plaisante bien sûr, même BEHEMOTH semble ne pas avoir grand-chose dans ses valises à côté des Tchèques). Et justement, alors que les rideaux s’ouvrent sur "Dhoom", c’est avec plaisir que l’on découvre le nouveau décor scénique du groupe. Si l’autel central derrière lequel le chanteur officie est toujours présent, de même que les deux énormes cobras sur les côtés qui servent de fauteuils aux guitaristes, les tentures hindoues, les bougies, les fruits (faut admettre que ça a eu le mérite de me faire penser à cet ananas que je devais déguster à la maison), le chanteur nous présente un nouveau costume de scène encore plus impressionnant que le précédent, avec un masque traditionnel hindou de toute beauté !
A l’instar de THE GREAT OLD ONES, CULT OF FIRE est également là pour nous présenter son dernier album, « The One, Who Is Made Of Smoke », sorti le 26 mars dernier, et donc l’occasion parfaite de découvrir certaines compositions pour ceux qui n’ont pas eu encore l’occasion de l’écouter. Sorte d’OVNI dans le black/ambiant de part les sujets abordés, CULT OF FIRE nous offre un moment hors du temps avec ses tableaux chamoirés. Un bémol cependant sur les lights qui en ont aveuglé plus d’un avec quelques titres où il était presque compliqué de voir ce qu’il se passait sur scène, nous sommes même un certain nombre à avoir sorti les lunettes de soleil parce que cela devenait gênant, même si les celles-ci n’étaient pas vraiment de taille face à des stroboscopes survitaminés).
Le mélange black/hindou s’opère bien et l’univers psychédélique et ésotérique plonge la Machine du Moulin Rouge dans une sorte de transe contemplative. Ici pas de mosh-pits, un public très statique, on est quasiment sur le cliché des blackeux qui hochent la tête les bras croisés, mais il y a un côté hypnotisant auquel il est dur de résister. Ne nous mentons pas, c’est un peu difficile à décrire et cela rentre plus dans la catégorie des concerts que l’on conseille d’aller voir pour pouvoir profiter pleinement de l’expérience. C’est beau, c’est prenant et on en ressort avec un énorme sourire.
Pour ceux qui aime le groupe CULT OF FIRE, c'est un immanquable en concert, et pour les curieux, même si le genre ne vous parlent pas trop, cela vaut vraiment le détour de passer une tête si vous les voyez sur une affiche de festival !