
Pour ceux qui me connaissent, lorsque la tournée "The Unholy Trinity" a été annoncée, très précisément le 31 juillet dernier, je me suis dit que ce serait un peu Noël en avril pour moi. Trois monstres du black metal (qui se trouvent aussi être trois de mes groupes préférés), avec trois univers malgré tout bien différents, réunis au même endroit – dans une salle prestigieuse – au même moment... une date parfaite. Il en fallait 3 pour faire une trinité, mais vous me rajouteriez WATAIN en plus, vous me perdriez complètement. Autant vous dire donc que j’ai copieusement louché sur cette date pendant des mois... Mais que serait Noël sans une galère d’organisation ou quelque chose qui ne va pas comme il le faudrait ? Parce que oui, là aussi on y a eu droit, et ça a quand même en partie gâcher la soirée de certains...
Le concert était annoncé partout à 19h, y compris sur les billets. Ceux qui avaient acheté leurs places sur le site de l’Olympia ont reçu un SMS dans la journée les informant que la salle ouvrait à 17h30 et que les concerts commençaient à 19h. Il semblerait que les autres, passés par d’autres plateformes et billetteries, n’aient pas eu cette information. Mais, histoire de ne pas trop faire de jaloux, même si vous faisiez partie de ceux qui avaient reçu le SMS, ce dernier mentionnait bel et bien un concert à 19h... pas un début de la prestation de ROTTING CHRIST à 18h40, alors que les lumières de la salle étaient encore allumées et une bonne partie du public présent encore tranquillement dans le hall en train de papoter ou boire un verre... De quoi faire louper le début du groupe voire carrément une bonne partie de leur set à une grande partie du public.
Heureusement que l’oreille affûtée de celle qui a beaucoup trop (pas assez à mon goût) vu ROTTING CHRIST en concert arrive à reconnaître l’intro de "Χ Ξ Σ" (666) et après un mini débat avec des ami(e)s nous avons fini par nous dire que non, ça ne ressemblait plus vraiment à des balances à ce stade !... On commence donc avec ROTTING CHRIST le quartette emblématique du black metal grec. Ça fait un peu bizarre de commencer la soirée avec lui alors que l’on a plutôt l’habitude de les voir en tête d’affiche. Il a d’ailleurs fallu que je me souvienne de ce détail en cours de set, histoire de garder un peu d’énergie pour les deux suivants. Parce qu’un concert de ROTTING CHRIST, ce n’est pas un concert de black metal où l'on reste très statique à hocher la tête (je n’ai rien contre, je le fais très régulièrement, comme par exemple au concert de THE GREAT OLD ONES et CULT OF FIRE il y a peu). Non, ici en 45 minutes il y a moyen d’avoir fait son cardio pour les deux jours à venir.
Que ce soit le frontman Sakis Tolis ou le bassiste Kostas Heliotis, ils ne nous laissent pas un instant de répit entre sauts et mosh-pits. Bien qu’ils aient sorti l'album « Pro Xristou » l’année dernière, ce n’est pas velui-ci mais plutôt le classique « Κατά τον δαίμονα εαυτού » qui est particulièrement bien représenté. Le groupe n’oublie cependant pas ses autres classiques comme "Fire, God and Fear" ou encore le cultissime "Non Serviam", et un passage du côté du groupe THOU ART LORD, dans lequel Sakis officie toujours, avec une reprise de "Societas Satanas".
On saute, on se régale de la générosité du groupe qui garde un côté très spontané, sans le décorum que peuvent avoir certains groupes (comme BEHEMOTH un peu plus tard dans la soirée). Leurs concerts se succèdent et gardent leur capacité à retourner proprement une salle. Je ne le dirai probablement jamais assez, mais si vous en avez l’occasion, allez voir ROTTING CHRIST en concert, on est au-delà de la valeur sûre. (J’en profite pour vous demander de m’excuser d’avance, je risque de me répéter une ou deux fois dans ce report).
Seul bémol, premier guest de la soirée oblige, le groupe n’a que 45 minutes de temps de jeu, beaucoup trop court à mon goût et à celui de beaucoup d'autres, surtout ceux qui en ont loupé une partie, voire la totalité à cause de cette sombre histoire d’horaires.

On s’en remet lentement et c’est parti pour SATYRICON. Cela faisait bien longtemps qu'il n’était pas passés à Paris. Après 5 ans d’absence scénique, la tournée du groupe l’année dernière se limitait à des festivals dont un passage au Hellfest pour la France. A moins d’avoir pu s’y rendre ou d’avoir été à d’autres festivals à l’étranger, la venue de SATYRICON était donc plus qu’attendue par le public français.
On rentre tout de suite dans le vif du sujet avec "Now, Diabolical" repris en chœur par le public. Si scéniquement on commence à s’éloigner de la sobriété de ROTTING CHRIST avec des runes sur des bannières que l’on retrouve sur la veste de Satyr, pas d’inquiétude, ça reste SATYRICON et ces petites fioritures n’entament pas l’élégance habituelle de leurs shows... oui je m’entends en même temps que j’écris et promis, j’essaye de garder un brin d’objectivité. Ce qui est agréable, c’est que même en ayant tenté de se spoiler la set-list en suivant le groupe sur Instagram depuis le début de la tournée, elle présente quelques variations tous les soirs, un détails qui est un vrai appel à faire plusieurs dates !
Alors que Satyr se remémore le chemin parcouru et leur premier concert au Gibus dans les années 90, on ne peut que se dire que leur musique n’a pas pris une ride et a vieilli comme du bon vin (ça tombe bien Satyr est aussi actif dans ce domaine.) Le duo se transforme en sextuor en live et ce line-up nous offre une belle harmonie entre les musiciens, tout comme avec le public. Quel beau moment que d’entendre tout l’Olympia se mettre à chanter sur l’intro de "Mother North"... ça vaut bien une bonne chaire de poule ! SATYRICON puise un peu partout dans sa discographie avec, sans surprise, une préférence pour « Now, Diabolical » – et en même temps cet album comporte 9 titres dont 3 systématiquement joués en live (comme le titre éponyme), voire parfois 4 comme ce soir avec "To The Mountains", "The Pentagram Burns" et "K.I.N.G.", pour un final en grandes pompes.
Je vous avais dit que j’allais me répéter, mais foncez les voir sur leurs prochaines dates !! Là encore, difficile de croire que ce n’est pas une fin de soirée et qu’il nous reste encore un show à voir... et autant dire que la barre vient d’être placée très haut pour BEHEMOTH.

Comme je le disais un peu plus haut, trois monstres du black metal, (enfin, un peu plus nuancé sur le genre pour BEHEMOTH qui propose plutôt un blackened death), avec trois univers bien différents. Après la spontanéité et le côté plus old-school de ROTTING CHRIST, l’élégance et l’émotion de SATYRICON, place à la grandiloquence de la grosse machine BEHEMOTH.
Parce que oui, si eux aussi se remémorent leur premier concert parisien au Gibus (décidément !), leur dernier passage était tout de même dans la grande salle de la Philharmonie de Paris l’année dernière. S’il y a moins de spontanéité ou d’émotion pure que pour les deux groupes précédents, il n’y en a pas moins "à boire et à manger" pendant le show. On est sur de la performance très théâtrale avec des costumes travaillés, de la pyrotechnie et des décors de toute beauté ! Je ne cache pas que j’ai eu un peu de mal à me mettre dans l'ambiance au tout début – après deux groupes équivalents à des têtes d’affiche ce n’est pas évident ! – mais c’est très vite reparti pour un tour (mais quelle date !!).
Alors que le groupe a commencé la promotion de son prochain album « The Shit ov God » dont la parution est prévue pour le 9 mai, plusieurs titres ont déjà été publiés et c’est d'ailleurs avec un de ceux-ci, "The Shadow Elite" que le show commence. Comme pour les deux groupes précédents, la tournée ayant lieu en dehors de toute tournée promotionnelle à proprement parler, la set-list pioche dans toute la discographie de manière assez uniforme... avec toujours un bonus pour « The Satanist » qui reste un des albums phares du groupe (un peu comme « Now, Diabolical » pour SATYRICON). Quand je dis dans toute la discographie, c’est au point de nous avoir ressorti "Cursed Angel Of Doom" écrite en 1991 et tirée de la première démo « Endless Damnation » sortie en 1992.

Une set-list qui a donc des airs de Best Of comme en festival, avec quasiment que des incontournables et donc de quoi finir d’achever aussi bien la fosse qui est repartie sur des mosh-pits, que ceux moins aventureux physiquement (comme moi à ce stade !) mais à qui il reste de la voix (désolée pour ceux qui étaient à côté de moi !). Côté scène le groupe est fidèle à lui-même : le show est soigné, Nergal est en grande forme et ne se prive pas d'haranguer la foule tel un prédicateur (ceux qui ne bougent pas assez à son goût en prendront d’ailleurs pour leurs grades !), Seth et Orion investissent pleinement les plateformes sur les côtés de la scène, désormais paysage habituel de la scénographie du groupe, Inferno, de son côté, martèle les fûts depuis sa batterie surélevée, une très bonne idée car je suis toujours un peu frustrée pendant SATYRICON de ne pas pouvoir voir davantage Frost qui a tendance à disparaître derrière son kit de batterie. Alors certes, pour ceux qui les ont déjà vus plusieurs fois, on connaît les gimmicks du groupe, mais ce n’est pas pour autant qu’on boude son plaisir ! Après un hommage à la richesse du black metal en Europe, quelques nouveaux costumes et une fin sur "O Father, O Satan O Sun", c’est ainsi que s’achève cette soirée riche en émotions pour nos oreilles !
Après presque 9 mois à saliver d’avance sur cette date, que dire ? Promesses tenues pour ma part si ce n’est ce couac fort désagréable en début de soirée concernant les horaires. Des dates comme celle-ci, on en redemande, et pas seulement pour le black metal, il en faut aussi pour les autres styles musicaux, et à en juger par les retours depuis, il y a fort à parier que ce sera le cas !
Photos © Céline Kopp - Portfolios : BEHEMOTH - SATYRICON
