22 avril 2025, 07:45

YOJIMBO

"Cycles"

Album : Cycles

Le quatuor strasbourgeois YOJIMBO sort un premier album intitulé « Cycles ». Alors que l’EP paru en 2022 était globalement porteur de la même énergie tout au long des cinq morceaux, l’album donne à entendre un intergalactic stoner rock plus nuancé qui développe davantage la palette sonore du groupe. Si vous vous demandez ce qu’est l’intergalactic stoner rock, il s’agit du nom que le groupe a choisi de donner à son style si particulier. Les titres alternent entre longs passages instrumentaux du post-rock, fuzz énergique du stoner et ambiance occulte du doom.

Les mélodies entêtantes jouées par la guitare électrique de Florent Herrbach tissent une base sonore sur laquelle le chant se développe, tantôt en longues notes tenues, tantôt en incantations presque magiques qui font pencher les morceaux vers le doom, et ce dès le premier titre de l’album, "What Comes After", riche en propositions sonores. Le calme initial de "Gravity" tranche avec la fin énergique de la chanson précédente et amorce lentement une reprise plus rapide, cette fois plus proche du stoner. Tout en nuances, il comporte un passage à la guitare acoustique qui, vite rejointe par le chant, ménage un instant de calme laissant deviner la maîtrise du groupe sur des ambiances variées.

Vient ensuite "Rosebud", sorti comme single le 14 mars pour annoncer l’arrivée de l’album. Inspiré du film d’Orson Welles, le titre raconte la quête de pouvoir stoppée nette par la prise de conscience de la fragilité de l’humain, omniprésente et toute puissante. La voix grave et très légèrement rugueuse de Sophie Steff est idéale pour raconter cette histoire des forces qui s’opposent dans un conflit dont personne ne sort vraiment vainqueur. Comme une bête sauvage, "Unchained" se dévoile dans un brouillard fuzzy qui se rapproche à nouveau du doom, la basse de Dominique Pichard renforçant l’atmosphère de mystère qui s’épaissit au fil du morceau. La basse et la guitare électrique entament alors un dialogue qui s’accélère au rythme de la batterie de Stefan Legrand avant qu’une nouvelle boucle mélodique se lance, comme une énergie véritablement déchaînée qui a enfin trouvé dans quelle direction avancer pour déployer sa force. C’est là qu’arrive "God’s Spit" dont les riffs de guitare posent l’ambiance dès le début. Équilibré entre les passages vocaux et instrumentaux, il passe plus vite que les autres chansons de l’album et prépare l’oreille à "Doomsday Clock" dont l’incantation chantée, « Go back to dust », revient comme un memento mori méditatif. Retour à l’ambiance du doom pour ce morceau, sombre et inquiétant à souhait.

L’album s’achève sur l'éponyme "Cycles", le seul complètement instrumental de l’album, à l’exception d’une archive vocale indiquant que tout est prêt pour le décollage. Le groupe prend le temps, dans celui-ci, de développer une mélodie jouée en boucle qui se déploie dans toute sa richesse et ses variations au fil du temps. Sans pour autant tomber dans l’ennui ou la répétition excessive, il résume le propos de l’album : la réflexion sur les cycles, les répétitions et le destin déjà tracé de certaines actions. Dessinée par le collectif Førtifem, la pochette de l’album reprend ces idées en creusant les différentes strates d’un même motif qui, une fois assemblées, forment un tout cohérent.

À la fin de l’album, on n’a qu’une envie : voir YOJIMBO en live pour vivre les morceaux et apprécier plus pleinement les différentes ambiances de l’album. Le mélange des genres fonctionne et, si on a parfois envie d’entendre le groupe explorer davantage une voie ou une autre, son style unique a de quoi convaincre les publics les plus variés.

Blogger : Ivane Payen
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