17 avril 2025, 23:59

INFERNO METAL FESTIVAL 2025

@ Oslo (Jour 1)

L’année dernière, on craquait pour le Beyond The Gates à Bergen pour cause d’affiche de toute beauté... cette année c’est au tour de l’Inferno Metal Festival, que l’on appellera l'Inferno tout simplement par la suite, de nous faire succomber. Si vous écoutez beaucoup de black metal, vous avez forcément du voir passer tous les ans l’affiche de ce festival légendaire spécialisé en plein cœur d’Oslo, en vous disant que non seulement la programmation était assez folle – à condition d’aimer le black metal j’en conviens – mais que c’était aussi l’occasion d’aller faire un petit pèlerinage dans la capitale norvégienne et de voir un certain nombre de lieux cultes dans l’histoire du genre musical. En cela, le festival ressemble à son voisin Beyond The Gates, le côté bucolique et le grand soleil de Bergen au mois d’août en moins, d’un autre côté, on ne vient pas là pour faire bronzette non plus, ça ne va pas trop avec le corpse-paint.

Je dois dire pour ma part que déjà, le fait qu’il y ait eu l'année dernière, le temps d’un titre, la réunion de DIMMU BORGIR version line-up originel avec ICS Vortex et Mustis pendant le festival, avait été un argument de poids, mais si on rajoute l’affiche de cette année dans la balance... tout ça s’est soldé par un achat de billets d’avion assez rapidement ! En effet, outre le passage de la tournée "The Unholy Trinity" avec BEHEMOTH, SATYRICON et ROTTING CHRIST, on rajoute un peu de 1349, du SEPTICFLESH, GAEREA... Et d’autres pépites plus ou moins connues, de quoi largement se décider à dire « allez cette année c’est la bonne ! ».


Nous voici donc en route pour passer le week-end de Pâques à Oslo (le festival tombe toujours sur ce week-end quasiment entièrement férié en Norvège : le jeudi, le vendredi, le dimanche et le lundi, plutôt pratique pour garantir la fréquentation du festival). Je vous laisse apprécier l’ironie de passer le week-end pascal à écouter du black metal... mais sachez que nous ne sommes pas les seuls, à Munich il y avait le Dark Easter Metal Meeting les 19 et 20 avril.

Pour notre part, bien que les concerts ne commencent que le jeudi, on a fait le choix d’arriver dès le mardi pour pouvoir faire une visite d’Oslo et faire notre tourisme de blackeux avant que les autres n’arrivent. Le festival est bien évidemment indoors mais les quelques salles concernées se situent toutes à 5 minutes à pieds les unes des autres et l’hôtel Clarion à côté de la gare centrale, également à 5 minutes à pieds des salles, sert de centre névralgique pour l'événement. C’est dans cet hôtel qu’auront lieu les conférences, l’exposition d’art ainsi que d’autres animations tout au long du festival. Pour ceux qui seraient intéresserés de venir, l’hôtel propose bien évidemment une réduction pour les festivaliers, et petit détail intéressant, c’est aussi à cet endroit que sont logés les groupes !

Le mercredi c’est donc black tourisme ! On commence par un tour en train pour voir la Chapelle d’Holmenkollen située sur les hauteurs. Le lieu est également le domaine de skis d’Oslo, et un ancien site olympique pour le saut. Cette chapelle est tristement célèbre pour avoir été incendiée en 1992 par nuls autres que Varg Vikernes de BURZUM, Faust d'EMPEROR, qui ont été condamnés pour cet incendie, et Euronymous de MAYHEM qui aurait aussi participé, mais ayant été assassiné avant le procès, il n’a logiquement pu être condamné...

La chapelle a été reconstruite en 1996 et est devenue – en dehors de ses activités plus traditionnelles – un lieu de pèlerinage pour black-metalleux (tout comme Fantoft en banlieue de Bergen dont la photo des cendres se trouve sur la pochette de l’album « Aske » de BURZUM). Elle n’est pas ouverte quand nous y arrivons, mais on profite du calme... les trois jours suivants, des "black metal sightseeing tour" sont organisés par le festival avec Anders Odden de CADAVER en tant que guide. Il y a donc deux options : le faire avant comme nous, pour être tranquilles – c’est-à-dire pouvoir faire ses meilleurs imitations d’Abbath pour des photos devant la chapelle en toute discrétion – mais vous n’aurez pas les anecdotes d’un membre actif de la scène de l’époque, ou le faire avec le tour proposé par le festival (comptez 87 euros par personne environ) où là, vous vous baladez avec un bus complet de festivaliers !

On redescend sur Oslo et on met le cap vers Neseblod Records, un disquaire situé à l’emplacement de Helvete, l’ancien magasin de disques d’Euronymous, place névralgique de la scène des années 90, ainsi que de l’Inner Circle. Au-delà d’être un disquaire spécialisé dans le metal extrême (et donc un endroit qui en veut à votre portefeuille si vous êtes collectionneur de formats physiques comme moi), il est toujours possible de faire un tour au sous-sol et de voir la fameuse cave avec le tag "Black Metal"... et faire des photos, personne n'est dupe ! Là encore pour les intéressés, le lieu est listé dans le tour organisé, même s’il est compliqué de faire rentrer tout un bus dans les locaux. D’ailleurs pour avoir vu des photos des jours suivants, il y avait la queue sur le trottoir et assez loin. Si vous souhaitez pouvoir y faire des emplettes ou prendre votre temps à regarder dans les bacs, je ne peux que vous conseiller de viser les jours en dehors du festival.

Côté tourisme black, en ce qui nous concerne, on en restera là. Mais pour ceux qui se posent la question, le tour organisé comprend aussi un passage à la station de train de Langhus où vous pourrez reproduire la photo culte de Mayhem sous l’abri, et au cimetière de Ski pour voir la tombe d’Euroymous. Pour avoir vu passer quelques retours, outre le fait de pouvoir rencontrer du monde si vous venez seul (et que vous n’êtes pas misanthrope), le tour vaut vraiment le coup si vous êtres friands d’histoire et d’anecdotes.

Allez ! Un kanelbolle et un chocolat chaud dans le ventre, des vinyles, cassettes et pin’s sous le bras, on s’arrête là pour la première journée, les norvégiens dînent tôt et soyons honnête, le début d’année a été suffisamment fatiguant pour se dire que garder un peu de forces avant les quatre jours de festival ce n’est pas mal. On ne peut cependant pas s’empêcher de faire un tour au Kniven le soir, un des bars partenaires du festival où se dérouleront quelques concerts. Pour les plus courageux (pas nous à ce stade), le Goldie, un autre bar partenaire, propose un petit warm-up.

Le jeudi, on se réveille pour tenter un tour dans la ville... qui est bien morte : on ne rigole pas avec le jeudi Saint par ici ! D’ailleurs si vous venez, n’hésitez pas à vous renseigner avant sur ce qui est ouvert ou non en fonction des jours (typiquement : les jeudi, vendredi et dimanche de Pâques, rien à part quelques cafés) et on finit par mettre le cap sur le festival... Les conférences de presse commencent dès le matin et les concerts à partir de 14h30, sauf qu’on ne peut échanger nos accréditations qu’à partir de 15h30. On attend donc cet horaire pour récupérer notre bracelet et c’est parti du côté du Rockefeller Center qui accueille les deux scènes principales (Rockefeller 1350 places et John Dee 400 places). C’est aussi cet espace qui accueille les différents stands de merchandising artistes ainsi que la petite convention de tatouage du festival. Bien évidemment ici, pas question de vous faire tatouer un dauphin sur un arc-en-ciel, les artistes sont tous sélectionnés pour leurs liens avec la scène black metal et les flashs proposés vont avec le thème du festival.

C’est DØDHEIMSGARD qui inaugure la Rockefeller. Soyons honnêtes, ces derniers temps j’avais une relation plutôt complexe avec les performances du groupe. J’avais loupé son set au Beyond The Gates (une sombre histoire de spot pizza incontournable à tester mais qui a pris trop de temps) et une prestation que j’avais trouvé en demi-teinte au Cryptic Fest à Saint-Germain-en-Laye, à cause de l’attitude du chanteur Vicotnik (quelque part entre « certes il est perché, on le sait, mais là il doit y avoir une substance en plus » et « mais c’est qu’il est méprisant avec le public ! »). Je n’étais donc pas dans les meilleurs dispositions, mais prête à revoir ma copie au sujet du groupe, d’autant plus que j’apprécie sur album ! Eeeeet, c’est une victoire ! D'accord, Victonik est toujours aussi perché et adepte du roulage au sol, mais cette fois, rien à voir, c’est normal (pour lui hein ? Ne faites pas ça dans la rue, c’est louche) et il parvient à me faire un peu oublier ce dernier concert que je n’avais que moyennement apprécié. On a une très belle performance avec trois choristes, les deux programmeurs... bref, on est en formation très complète et tout cela finit avec 12 personnes sur scène. Et là coup de grâce pour moi, l’apparition de Kvohst (ancien chanteur du groupe) pour deux titres. Premier concert du festival et déjà une belle surprise ! Si cela lui arrive de temps en temps de faire des apparitions sur scène avec DØDHEIMSGARD, elles sont tout de même relativement peu fréquentes et encore moins dans notre petit hexagone. J’essaye donc de garder le mode fan-girl à peu près à un niveau contrôlable mais c’est difficile ! Là je pense que c’est chacun sa crèmerie comme on dit, mais étant une grande fan de la voix de Kvohst, forcément tout cela commence très bien !

Le temps de se remettre de ces émotions et d’acheter le t-shirt du festival (avec un temps d’attente tout à faire normal aux alentours de 10 minutes en ce début de festival, contrairement à un certain festival français), un petit tour des lieux pour découvrir la salle sur trois étages (quatre si on compte la salle du bas) et c’est NECROPHOBIC qui commence. Je ne connais pas énormément le groupe, et c’est l’occasion d’y jeter une oreille plus attentive : du blackened death metal suédois relativement classique mais diablement efficace ! C’est puissant, un petit côté rouleau compresseur, le tout avec un groupe qui a une belle présence scénique.

On zappe la fin pour aller sur la John Dee sur laquelle UDÅD commence... Gros changement d’ambiance si on compare avec NECROPHOBIC. Ici c’est de l’ambiant, calme, torturé, mais avec une touche de violence… de quoi s’immerger complètement dans ce nouveau projet de Thomas Eriksen de MORK. Pour peu que l’on soit réceptif, leur musique prend aux tripes et ne laisse pas indemne. Nous allons ensuite nous placer pour TIAMAT que j’étais particulièrement contente de voir à l’affiche, ayant loupé son dernier passage au Hellfest (encore une sombre histoire de conflit de running-order tiens... ne me lancez pas sur le sujet, je viens de voir que le Motocultor avait programmé FINNTROLL en même temps que DIMMU BORGIR, de quoi me faire rager jusqu'au mois d'août !) TIAMAT c’est un peu la caution gothique du festival, parce que oui, on est là pour le black metal mais histoire de l’apprécier au maximum, il n’y a pas que ce style programmé non plus ! Ça reste dans le metal extrême à quelques exceptions près (mais des exceptions de qualité, on en parlera sur les autres jours).

Cela faisait apparemment 10 ans que TIAMAT n’avait pas joué en Norvège (ce n’est pas faute d’être pourtant originaire du pays voisin) et il semble attendu par le public, la salle affichant bien complet. Ce que j’apprécie particulièrement dans le gothic metal, c’est le type de chant et TIAMAT en est un bon exemple. Si on ne comprend pas grand-chose à ce qu’ils racontent (à ce stage je ne sais pas s’ils parlent norvégien ou si le public comprend le suédois, mais nous aucun des deux !), on aura droit à une profusion de petits cœurs avec les mains ; on en déduit donc que les membres du groupe vétéran sont très contents d’être là, et ça tombe bien nous aussi ! Un très bon set... que l’on qualifierait presque de "en douceur" en comparaison à d'autres groupes.

La salle se vide assez rapidement à la fin de TIAMAT, la quasi-totalité du public regagnant la John Dee pour le concert très attendu de SPECTRAL WOUND. Le bémol est que la capacité de la salle n’est pas la même et tout le monde ne pourra donc pas assister au show de ces derniers. A voir pour une session de rattrapage au Hellfest pour notre part !

On se retrouve plutôt à chercher une bonne place pour profiter de BAHUSHKA du mieux possible. Quand je dis BATUSHKA, je parle bien évidemment de celui de Krzystof Drabikowski, l’autre ayant perdu le procès et pris le nom de PATRIARKH depuis le 1er janvier. Cela faisait quelques temps que je ne les avais pas vus et leur set était un de ceux qui me faisaient très envie sur l’affiche. BATUSHKA a donc adapté sa scénographie pour rendre hommage à Jan-Martin Jensen, fondateur du festival décédé en début d’année des suites d’un cancer et ayant laissé un grand vide dans l’équipe de l'Inferno mais aussi chez les artistes qui ont été nombreux à lui rendre un hommage au cours du week-end. Ici c’est avec un cercueil au milieu de la scène surplombé de sa photo que le groupe formule son hommage (en même temps on est pas sur des bavards !).
Quel plaisir de retrouver BATUSHKA ! Leur liturgie tombe à pic en ce jeudi saint avec ce mélange si bien réalisé de black metal et de chants orthodoxes. Leur concert passe tout seul et même un peu trop vite à mon goût, mais il faut bien laisser un peu de temps aux autres ! Pour votre information, le groupe passera notamment au Motocultor, j’ai d’ailleurs le souvenir d’un de ses sets de toute beauté sur l’ancien site, sur la scène qui était quasiment dans les bois... un grand moment !).

On redescend vers la John Dee pour le concert de IN THE WOODS... J’avais manqué une bonne partie de leur set lors des 25 ans de Garmonbozia et on m’en avait dit beaucoup de bien, c’était donc l’occasion de rectifier ça. L’alchimie est bien présente sur scène (musicalement en tout cas, visuellement ça fait un peu la bande de potes avec des univers différents mais qui se réunissent pour un truc en commun). Un beau mélange des genres pour ce post-black avec une alternance de chant du plus bel effet. Seul problème, il va falloir dire au copain qui nous avait conseillé le groupe qu’il avait raison !

On attend la fin du set pour remonter (il n’y a pas vraiment de pause entre les concerts des deux salles, donc ça peut être assez sportif et pas que pour une histoire d’escaliers à gravir). La fatigue commence doucement à se faire sentir, mais ce n’est pas une raison pour louper LA tête d’affiche du jour. Et ce n’est nul autre que ABBATH... alias le crabe le plus connu du black metal. Et c’est un show tout en majesté auquel nous avons droit. Que ce soit les grandes haches de chaque côté de la batterie, le pyrotechnie, les musiciens avec tous une belle présence scénique (et en même temps quand on joue avec le Patron – à deux doigts de dire le Parrain - autant montrer qu’on est content d’être là) et bien sûr Abbath lui-même.

Ce dernier sans surprise est aussi présent musicalement, que lorsqu’il s’agit de faire de l’auto dérision. Parce que oui, on peut être un pilier du black metal, avoir un corpse-paint emblématique pour ce que l’on pourrait qualifier "d’absence de sourire" et avoir un sens de l’humour fort appréciable, cultiver le too much et une magnifique démarche de crabe assumée. Autant dire que côté public sans surprise, il est conquis d’avance. La salle est blindée et bien évidemment des deux côtés de la scène tout est réuni pour un très bon moment !

On part un petit peu avant la fin pour éviter le bouchon de la sortie et tenter de dormir un peu avant de remettre ça le lendemain...
 

Blogger : Carole Pandora
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Carole Pandora
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