Parlons rock mais pas que, parlons alsacien et gâteaux typiques de la région, parlons du 5e et nouvel album de BREDELERS (les fameux gâteaux de Noël, c’est leur nom). Voici « Deifel’s Peel », ou la pilule du Diable.
Quand BREDELERS parle de jeune fille dans "Maidel", le groupe le fait sur un punk-rock léger et débridé, avec un chant en langue autochtone au charme indéniable. Du punk californialsacien en somme. On embraye sur un groove stoner seventies avec l’hymne, "Lied", bien plus déroutant avec son air hypnotique et mélodieux. Chaque chanson de l’album est liée à une émotion et une carte de tarot précisons-le. Ce rock à la rythmique profondément lancinante en est une belle vague, d’émotions. "Deifel’s Peel" explore un metal indus très lourd et huileux, et avec son chant alsacien nous flirtons avec du RAMMSTEIN ou du OOMPH!. Les fans de la Neue Deutsche Harte seront aux anges, j’en fais partie.
BREDELERS explorent divers horizons musicaux et décide de nous surprendre avec "Ùnterwäjs", morceau fou qui n’aurait dépareillé chez FAITH NO MORE. Expérimentations en tout genre, riffs bien heavy qui fuzzent, basse qui claque, chant crooner et improbable refrain confidentiel. Ambiance ouest sauvage pour "Jeder Daa", où on imagine des colons germaniques ayant quitté le vieux continent pour affronter les tornades furieuses du Texas à coups de riffs à la puissance équivalente. Excellent titre au demeurant, avec un solo hard rock bien soigné. Il y aussi des titres vifs et pop-punk, tel "Schwìmme Denäwe" qui mélange les époques et les influences. Un bout de punk « hey hey », des breaks aériens et un soupçon d’énergie rock'n'roll. Justement, en parlant de rock'n'roll speedé qui sent le cuir et l’huile, voici un "Glàssmànn" qu’aurait improvisé jadis Lemmy et sa bande dans un bar de motards.
"Kugelhopf Duty". Drôle de titre pour une tranche de heavy rock aux franges country, belle façon d’accommoder ce gâteau régional. Manquerait plus qu’une boule de glace parfum munster (dans un futur album ?). Quant à "Mini Grenze", il fait dans le stoner hurleur avec une pointe de mélodie. Le "Hellfecht" qui suit fait dans un punk fechtif, guitares et chants enjouées, toujours avec ces paroles locales si dépaysantes. Nouvelle virée cow-boy hard rock pour "Fiirowe", avant les salutations à l’alsacienne dans "Gott Sei Dànk", des remerciements dans une atmosphère pesante et dark rock.
BREDELERS nous offre une pilule aux complexes arômes rock/metal, emballés dans une belle utilisation de la langue alsacienne. Une audacieuse réussite !