20 avril 2025, 23:59

INFERNO METAL FESTIVAL 2025

@ Oslo (Jour 4)

C’est le 4e et dernier jour du festival : dimanche de Pâques et BEHEMOTH au programme pour finir notre triduum pascal blasphématoire. J’aurais pu m’arrêter au jour 3 avec son final en fanfare, mais la perspective d’une petite couche supplémentaire avec le groupe Polonais en cerise sur le gâteau, à défaut de chocolat dans le jardin, on ne dit pas non.
J’aimerais vous parler de notre matinée touristique avant de retourner au Rockefeller Center pour enchaîner les concerts, mais soyons honnête, on a profité de l’heure décalée du petit déjeuner pour dormir plus longtemps... Ca vous donne une idée de la forme physique de ce dernier jour. Cela dit, sur une terrasse de café fermé à côté de notre hôtel on a trouvé un metalleux en pleine sieste alors qu’on est passés plusieurs fois devant lui sans qu’il ne bouge, nous n’étions donc pas les seuls.

Mais si physiquement on commence à avoir un peu plus de mal à suivre, une description à base de blackened death symphonic pour le premier groupe ça nous branche bien et nous voici en train de traîner nos pauvres carcasses vieillissantes vers les salles de concerts (ce report est bien évidemment garanti sans drama ni exagération...). On arrive tranquillement un peu après l’ouverture de la salle, ce qui nous permet d’éviter complètement la queue à l’entrée, et on s’installe pour LAMENTARI.


Les Danois sont moins connus que les groupes qui ont ouvert les hostilités les jours précédents (DODHEIMSGARD, GAEREA et COVEN) et souffrent un petit peu de la fatigue du dernier jour présente chez les festivaliers. Il y a du monde, mais la fosse est moins remplie que d’habitude. Sur scène, les éléments sont déjà en place : grands chandeliers, bougies... sachant que la description nous vantait leur messe de minuit au Copenhell de l’année dernière avec un chœur, on a de plus en plus d’indices sur le fait que le groupe soit susceptible de nous plaire.

Et c’est le cas ! LAMENTARI arrive sur scène dans de grands costumes et des masques. Décidément le black capuches, cagoules et masques a de beaux jours devant lui. Les accords d’orgue retentissent dans la salle et le sextet nous délivre un blackened death très orchestral qui, côté chant, n’est parfois pas sans nous rappeler CARACH ANGREN. Son concert avec un chœur devait être très intéressant à voir et si certains diront que ce n’est pas révolutionnaire, compte-tenu de la relative jeunesse du groupe formé en 2019, on est sur quelque chose de très qualitatif et ça ne m’étonnerait pas qu’ils fassent de plus en plus parler d’eux.

Petite journée pour nous, et plutôt que d’aller voir ce qu’il se passe sur la petite scène, on prend de la hauteur et on se trouve une place au balcon pour SCHAMMASCH. Cela fait très longtemps que je n’avais pas vu les Suisses et je sais que leur post-black atmosphérique qui chemine vers l’avant-garde va apporter une sorte de moment de tranquillité dans la journée qui nous attend – je peux comprendre qu’associer post-black et tranquillité puisse paraître un peu osé, mais en comparaison au reste, on peut parler d'un moment de douceur ! En les voyant arriver, une fois de plus je me fais la réflexion que les groupes suisses ont un truc avec les robes ou jupes longues (il suffit de regarder du côté de SAMAEL ou de DARKSPACE…) Leur set est à la fois minimaliste et immersif. On se laisse porter par leur univers et l’effet reposant recherché est bien au rendez-vous. C’est beau, hypnotisant et on ne voit pas le temps passer.

Pour se restaurer on décide de faire des infidélités aux options du festival et d’aller tester le restaurant de burgers dans la rue à côté (à ce stade, avec beaucoup de commerces fermés, et quasiment que des options burgers, sachez que je bénissais le petit déjeuner très complet du matin, et que je me suis jetée sur des légumes en rentrant à la maison). On avait croisé des Français au fast-food d'après-concerts la veille au soir, là encore on en croise aux bornes de commandes du restaurant ! Qu’on ne vienne pas nous dire que les Français ne se bougent pas pour les festivals y compris à l’étranger !

On revient au Rockefeller pour le set de BYTHOS. Il s’agit d’un groupe de black metal finlandais qui ne se produit qu’assez peu sur scène, autant donc profiter de l’occasion ! Objectivement c’est du black pas mal du tout, mais il manque quelque chose qui fasse que j’accroche vraiment. C’est sans trop de scrupules qu’on part un peu avant la fin pour monter dans les étages et aller voir le set de TSJUDER qui commence juste après. On choisit l’option balcon pour protéger nos dos de la fosse et avoir une meilleure vue d’ensemble ce qui est une plutôt bonne idée...

Sachant qu’il s’agit d’un des derniers groupes du festival (il ne nous restera plus que BEHEMOTH ensuite), revenir à du bon true-black metal norvégien avec des brassards cloutés et du corpse-paint ça ne fait pas de mal. Leur set est prévu en deux parties : la première pour leurs compositions et la seconde, un tribute à BATHORY avec Frederick Melander, bassiste originel de ce dernier. Sans surprise, la première partie est un rouleau compresseur. C’est agressif, violent et on retrouve tous les éléments constitutifs du genre dans ce qu’il a de plus brut et malsain... mais d’une manière que l’on aime. L’effet cathartique est là et c’est juste ce qu’on attendait d’eux. Au bout de 45 minutes, changement de backdrop et le bouc de BATHORY apparaît tout en majesté (petite pensée toutefois pour le batteur qui s’est à moitié fait assommer par un des backdrops pendant le changement).

L’année dernière au Beyond The Gates on avait eu droit à l’excellent tribute à BATHORY, par BLOOD FIRE DEATH, sorte de groupe "all black metal stars" regroupant divers membres de formation de black metal connus (Erik Danielsson de WATAIN, Faust, Satyr, Ghaal...) et déjà Frederick Melander le bassiste originel de BATHORY et nous avions passé un excellent moment à profiter de ces classiques. (au passage BLOOD FIRE DEATH en en tournée cet été et fait notamment un passage au Hellfest). C’est ici l’occasion de revoir Frederick Melander mais dans une autre configuration de groupe hommage. Il prend ici davantage la position de frontman bien qu’il ne chante pas et on sent comme une forme de déférence de la part des membres de TSUDER à son égard. Melander nous explique notamment que pouvoir jouer la musique de Quorthon un dimanche de Pâques à l’Inferno est quelque chose de très symbolique pour lui. Sans surprise côté public, avoir du BATHORY en live c’est toujours quelque chose qui fonctionne, entre madeleine de Proust et classique.

Le set se termine et se pose alors la question : aller prendre ces petites places très bien situées au niveau de la barrière du balcon ou descendre dans la fosse pour BEHEMOTH ? On sait aussi que malheureusement le set de CELESTE sur la petite scène sera sacrifié sur l’autel des Polonais. Comme nous étions en fosse pour l’Olympia une semaine auparavant, on se décide pour le balcon afin de pouvoir avoir une meilleure vision d’ensemble et profiter du show sans avoir à se préoccuper des mouvements de foule. Bien nous en a pris, pour pouvoir installer certains éléments de scénographie et notamment le grand drap blanc devant la scène, la sécurité se retrouve obligée de devoir vider la fosse (comme quoi parfois écouter sa petite flemme intérieure ça a du bon !).

Je ne m’attends pas à de grosses surprises pour le concert de BEHEMOTH. Le groupe est devenu une grosse machine et logiquement ça laisse moins de place à l’improvisation. Mais je lève tout de suite le suspense, on aura quand même un changement dans la set-list notamment pour y incorporer son dernier titre sorti "Luciferaon". Là encore le groupe rend hommage à Jan-Martin Jensen et son travail dans le cadre du festival et la promotion du black metal de manière plus générale. Nergal tente même la séquence émotion en nous expliquant que le groupe a désormais 35 ans de carrière et qu’il se souvient de la première fois qu’il a joué sur cette scène et qu’il avait trouvé la salle impressionnante à l’époque. Aujourd’hui cette date est la plus "petite" de la tournée "The Unholy Trinity" mais il la considère comme une des plus importantes du fait de l’histoire du festival. Il insiste aussi la tournée en cours qui est importante pour l’histoire du black metal, les 3 groupes réunis arrivant à remplir des salles importantes et prestigieuses démontrant à cette occasion la dimension qu’a pu prendre le black metal.

Et effectivement, la scène est trop petite pour pouvoir installer les grandes structures métalliques sur les côtés. Cela ne les empêche pas en revanche d’avoir de la pyrotechnie et le reste de leurs éléments habituels. Ils se donnent à fond, conscients d’être le groupe qui ferme le festival. Le Christ inversé derrière Nergal fait naître quelques sourires en cette fin de dimanche de Pâques (ils ont depuis trouvé l’occasion de sortir des t-shirts faisant référence au conclave 2025... parce qu’il n’y a pas de petites opportunités pour sortir du merchandising blasphématoire). C’est carré, parfois un peu prévisible, si vous vous posez la question, le fait qu’Orion descende quasiment dans la fosse ou en tout cas dans le pit-photo pendant "Chant For Eszkaton 2000" est prévu sur la set-list du groupe, mais qu’est-ce que c’est bon ! J’ai beau les avoir vus plus d’une trentaine de fois, je ne m’en lasse pas et y retournerait avec plaisir ! Hâte de voir ce que le reste de l’album « The Shit Ov God » nous réserve !

En conclusion après des années à loucher sur l’Inferno et sa programmation très pointue et qualitative, je suis complètement conquise ! Tout comme son voisin le Beyond The Gates, le festival représente clairement un budget entre le pass, l’hôtel et les billets d’avion, mais sur place en revanche on s’en sort plutôt bien (à moins que vous ne teniez vraiment à enchaîner les bières où là il vaut mieux faire un emprunt avant de partir).
Des piliers du genre, des sets avec des surprises, des groupes détendus et contents d’être là, un public passionné... Cela fait beaucoup d’ingrédients pour passer de bons moments.
On peut en profiter pour faire un tour dans Oslo, sans toutefois oublier que le week-end de Pâques est majoritairement férié en Norvège, et faire son pèlerinage pour les fans. Mon seul regret concerne cette histoire de conférences. Si on le refait, promis on s’y met !
 

Blogger : Carole Pandora
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Carole Pandora
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