Je garde un excellent souvenir de la prestation des Britanniques EMPLOYED TO SERVE alors qu’ils assuraient la première partie de GOJIRA sur la tournée de nos compatriotes en 2023, en compagnie d’ALIEN WEAPONRY. J’avais trouvé leur son parfaitement en symbiose avec l’affiche, leur musique proposant des accents nu-metal mais pas que, parfois lorgnant vers le hardcore, d’autres vers les riffs death metal. C’est donc pleine de curiosité que j’entame l’écoute de l’album « Fallen Star », révélé ce 25 avril chez Spinefarm Records, quatre ans après « Conquering ». Les onze titres proposent 46 minutes d’une écoute plutôt dense, et le morceau d’ouverture "Teachery" impose d’emblée un rythme rapide et direct, à grands coups de blasts rageurs (la caisse claire offre un son sec à l’extrême).
Côté voix, Justine Jones propose sa gamme saturée caractéristique, typée post-hardcore, alors que son acolyte cofondateur du groupe, Sammy Urwin, complète son jeu de guitare par un chant clair et mélodique. Leur complémentarité saute à l’oreille, alors que la chanson évolue ensuite vers une ambiance plus lancinante, un breakdown et une fin d’apocalypse emplie de lourdeur. Le ton est donné !
Si la rapidité est également de mise sur "Familiar Pain" et son solo frénétique, l’album offre néanmoins une richesse d’exploration intéressante. Ainsi, "Fallen Star" propose une belle intro au piano, une ambiance planante, puis une bascule plus rageuse avec des riffs évoquant du BLEED FROM WITHIN, avant que le refrain en beau chant clair rappelle le meilleur metalcore (pour les fans de RESOLVE par exemple). De même, le magnifique "Breaks Me Down" sera mon coup de coeur, avec ses nappes et sa batterie aux sonorités électroniques, un chant émotionnel sur la thématique du deuil, puis des riffs djenty, du groove et une fin grandiose... tout y est !
"Now Thy Kingdom Come" parvient à osciller avec un bel équilibre entre des riffs nu-metal tout en harmoniques et du son plus moderne, voire progressif, un solo humble et une bascule lourde.
Les chansons propices au live sont bien là, et je pense que "Brother, Stand Beside Me" saura prendre toute sa dimension "gojiresque" dans le moshpit. Même "The Renegades", qui semble calmer le jeu en apparences avec son intro en arpège, nous cueille soudain avec son refrain motivateur et son solo plein de nervosité. Et si cela ne suffisait pas, l'album se termine sur "From This Day Forward" nous offre une bande originale de film d’action. La charge est donnée, le solo s’envole, et la douce partie guitare/voix sur le dernier tiers ne sert qu’à nous laisser prendre une ultime fois notre souffle avant le retour des blasts et de cette caisse claire impitoyable.
Côté mixage & mastering, le son est léché, et EMPLOYED TO SERVE a à nouveau accordé sa confiance à Lewis Johns pour cela, lui qui a déjà travaillé sur les précédents disques du groupe. Il a également collaboré à la discographie de SVALBARD, groupe de post-hardcore de Bristol, dont la chanteuse Serena Cherry vient prêter la voix pour un featuring sur "Last laugh" à l’ambiance emo agréablement rétro par rapport au reste de l’album.
Autre invité de marque, Will Ramos de LORNA SHORE, n’est pas passé inaperçu sur le premier single dévoilé pour la promotion de l’album, à savoir "Atonement", où sa versatilité vocale trouve toute sa place par dessus des riffs aux accents beatdown, avant que le morceau ne s’achève en beau breakdown. A noter que le clip a été tourné dans les studios de la série The Office, et que le texte dénonce les tentatives de contrôle par des tiers. EMPLOYED TO SERVE garde ses textes sans concessions, comme par exemple sur le vindicatif "Whose Side Are You On", qui voit Jesse Leach de KILLSWITCH ENGAGE prêter "voix forte" au groupe pour un morceau qui prendra tout son relief dans le pit, annonçant « we will fall as one », dans un dernier assemblage heureux entre nu et prog', avant un final sur une gamme arabique des plus solennelles.
Totalement soufflée par cette écoute, je suis convaincue d’une chose : EMPLOYED TO SERVE aime offrir des chansons variées s’exonérant des étiquettes trop facilement collées, et j’aurai plaisir à les retrouver sur scène pour leur prochain passage dans l’Hexagone. Rising stars !