C’est une certitude, le death metal est bien plus efficace que n’importe quel sérum anti-rides liftant ! Car, du haut de ses vingt-quatre ans d’âge respectables, HATE traverse vents et marées avec une ferveur, une abnégation qui force le respect et son capitaine émérite, Adam "The First Sinner", en est le principal artisan depuis 1991. Le revoilà une nouvelle fois sur le devant de la scène avec un line-up inchangé après la sortie d’un « Rugia » en 2021, frondeur en diable et toujours dévoué au death metal jusqu’au bout des ongles incarnés. Le clan Polonais avait visiblement à cœur de proposer un nouveau disque qui rallierait sans discussion les hordes à sa noble cause. C’est désormais chose faite aujourd'hui avec ce treizième album, « Bellum Regiis », qui vient chatouiller les tympans des amateurs de sauvagerie éclairée sans ménagement.
Un peu moins de quatre années ont été mises à profit pour peaufiner le nouveau bestiau. Son « Bellum Regiis » est sauvage... mais bien élevé. Car c'est bel et bien un death metal direct, puissant, moderne, qui ne rechigne pas cependant à respecter la tradition qui est ici à l'ordre du jour. Je passe sur la section rythmique qui avoine comme jamais et les parties de batterie qui feraient tourner de l’œil le bûcheron le plus endurci. La dérouillée est administrée sans détours par un enregistrement aux petits oignons forgée dans les flammes du Fascination Street Studios signé David Castillo (à la manœuvre chez AMORPHIS, CARCASS, KATATONIA, WHITECHAPEL j’en passe et des meilleurs) et Tony Lindgren aux manettes pour le mastering. Mais attention, le quartet originaire de Varsovie sait aussi faire preuve de raffinement, d’une certaine aptitude à trousser des atmosphères plus sombres et intrigantes, comme en témoignent les superbes "Iphigenia" ou "Perun Rising", qui attestent d’une certaine maîtrise dans l'obscurité délivrée par un groupe de ce rang.
Adam est toujours irréprochable sur ses growls, profonds, hargneux, qui font de lui l’un des représentants les plus convaincants à ce poste et le rapproche de plus en plus, filiation oblige, à l’autre Adam, alias "Nergal"... d’un certain BEHEMOTH. Quant à son compère guitariste qui l’épaule dans les leads sur cette conquête sans partage, Domin, celui-ci délivre ici une partition de haute volée gorgée de riffs zig-zag dantesques. Pendant que Tiermes, bassiste hargneux, se révèle une fois de plus indispensable à son poste. Inutile de préciser aussi que Nar-Sil cogne sur ses fûts avec un doigté affûté à la scie-sauteuse. Et un rapide coup d’œil sur l'artwork, à nouveau signé par Daniel Rusiłowicz, achève de rassurer le fan tant celui-ci est juste dans le ton, apocalyptique, à l’image de la musique de cette formation diabolique.
« Bellum Regiis » est une réussite tant sur le fond tant que sur la forme, où tout est réglé au millimètre, rien ne dépasse : ça tabasse sec ! Impossible de faire l’impasse sur ce death metal à en décoller le bassin... et qui fera trépigner jusqu’au plus résistant des headbangers !