
Pour fêter la sortie de son nouvel album "I Just Want To Be A Sound", le groupe berlinois KADAVAR organise quelques concerts en Europe accompagnés de sessions de dédicaces.
Pour Paris, c'est dans la petite salle du Supersonic Records que ce sera déroulé ce moment privilégié. Pas de première partie pour ce soir, juste le groupe qui joue dans une salle comble (voilà quelques semaines que le concert affichait complet) pour une écoute de l'album le 14 mai, soit deux jours avant sa sortie officielle, chaque personne présente repartant avec un exemplaire de l'album, sous forme de CD ou de vinyle.
Une fois les réglages terminés et l'impatience du public à son comble, le groupe monte sur scène. Troisième morceau de l'album et premier morceau du concert, "Regeneration" embarque directement les privilégiés présents avec le rythme rapide de la batterie et la ligne entraînante de basse. Joué en ouverture du concert, il marque clairement la volonté du groupe de renouveler sa palette sonore et son identité musicale. Faire peau neuve pour de nouveaux voyages et de nouveaux sons, mais non sans quelques sacrifices au passage... C'est là qu'arrive "Scar On My Guitar" dont les envolées du refrain racontent la relation qui unit Lupus Lindemann à son instrument : de l'amour-haine qui se traduit par un morceau énergique dans lequel les musiciens peuvent se déchaîner à volonté et montrer leur force de frappe. Vient ensuite le morceau éponyme de l'album dont la mélodie douce et entêtante des couplets mène jusqu'à l'envoûtement du refrain. L'occasion pour les deux guitaristes et le bassiste de chanter en chœur avant que la basse de Simon Bouteloup ne guide les guitares de Lupus Lindemann et Jascha Kreft.
Premier morceau du set à ne pas être sur le nouvel album, "Come Back Life" montre, quant à lui, que le groupe se renouvelle sans toutefois oublier ses racines musicales. Premier titre de l'album inaugural "Abra Kadavar", le morceau témoignait déjà d'une belle énergie en 2013 et n'a pas pris une ride en douze ans. Moins empreint de psych rock que les autres morceaux du set, il s'intègre pourtant à merveille grâce aux accords et aux mélodies de guitare, à la basse tout en souplesse et à la batterie aux cymbales omniprésentes. Avant de revenir au nouvel album, Lupus Lindemann prend la parole pour présenter le titre suivant intitulé "Hysteria" : celui-ci évoque l'utilisation abusive des téléphones portables et les conséquences de celle-ci. Le ton est plus menaçant, la basse plus grave et la batterie fait davantage appel aux caisses qu'aux cymbales, l'ensemble insistant sur le danger de devenir esclave des notifications et de la lumière bleue.
Les premières notes de "Last Living Dinosaur" résonnent ensuite dans les amplis. Quoi de mieux pour un groupe qui veut fêter son succès que de jouer le titre le plus écouté qui est également l'un des plus connus ? Les liens entre passé et présent sont d'autant plus évidents que la chanson est tirée de l'album "Berlin" de 2015, dédié à la capitale allemande.

Retour aux nouveaux morceaux quand la guitare de Jascha Kreft se fait alors entendre sur le morceau "Truth" qu’il a composé. C'est également lui qui chante sur les couplets avec une voix plus grave et douce que celle de Lupus Lindemann. Les couplets sont ainsi dotés d'une grande douceur qui se trouve renforcée pendant les refrains où les deux chanteurs sont à l'unisson pour mieux emporter le public sur une vague de lumière sonore.
Pour rester dans la veine calme et reposante du concert, le groupe enchaîne sur "Let Me Be A Shadow" aux couplets doucement portés par quelques notes de synthétiseur qui s'ajoutent subtilement à l'alchimie formée par les quatre membres. Porteur d'une volonté de liberté, le titre monte en puissance pour finir dans un brouillard sonore de cymbales, basse très présente et guitares plus discrètes qui emmène doucement le public jusqu'au morceau suivant. Troisième de la soirée à ne pas être issu de l'album, "Purple Sage" est ici associé à "Strange Thoughts", l'un servant de première partie à l'autre pour former un ensemble d'une quinzaine de minutes. Là encore, l'alliance entre les anciens morceaux et les nouvelles compositions fonctionne à merveille.
C'est "Until The End", dernière chanson du nouvel album, qui clôt la soirée. Empreinte d'une grande nostalgie, elle permet à chacun des musiciens de s'exprimer pleinement : alors que les guitares jouent une mélodie douce soutenue par la basse, la batterie de Tiger Bartelt est d'abord calme avant de devenir plus présente et traduire l'émotion du groupe envers son nouvel album : les caisses et cymbales résonnent pendant que la basse et les guitares jouent à l'unisson et que la voix de Lupus Lindemann chante encore et encore la même phrase. Le solo de batterie final arrive comme le point d'orgue de la soirée, l'ultime au revoir du groupe qui reviendra pour un concert prévu à l'Élysée Montmartre le 20 octobre, en compagnie de SLOMOSA et ORB. Pas de doute après le tonnerre d'applaudissements qui résonne dans la salle, le public parisien sera au rendez-vous dans cinq mois.