WOLVES AT THE GATE revient pour son 6e album, « Wasteland ». Et celui-ci fait preuve d’une belle et soigneuse production. Le chanteur, Steve Cobucci, a travaillé et assemblé les 13 titres avec Josh Gilbert de SPIRITBOX, tandis que les musiciens enregistraient dans le New Jersey, à San Diego et à Los Angeles. Et l’œuvre, parsemée de pointes électroniques, d’interludes assez intrigants, est un album parfaitement abouti et prenant, montrant l’évolution discrète et naturelle du groupe depuis ses débuts en 2008.
La formation chrétienne, signée chez Solid State Records – label largement connu pour son rattachement aux groupes heavy chrétiens, utilise son évolution et sa maturité afin d’adresser des titres nous emmenant dans un voyage interne, laissant place à l’introspection, perçant la surface et plongeant sans crainte dans la psyché. Ils accompagnent ce voyage d'un mélange imprévisible et indéniable de metalcore entrainant, de hardcore brutal et de mélodies alternatives captivantes.
Après une intro dramatique et progressive, « Wasteland » s'enflamme avec "[The Wasteland] Pain", un hymne metalcore brutal et tranchant, alternant screams tranchants et chant planant. Cela rappelle aux fans du groupe que le charme de WOLVES AT THE GATE réside dans sa capacité à mélanger le chant clean et guttural, signature incontournable du metalcore, et il le fait de manière plus équilibrée, mélangeant les deux avec brio, que beaucoup de groupes de metalcore. "Parasite" suit, apportant davantage de grognements death metal et de rythmes percutants. Sur le plan lyrique, le titre est troublant de vérité, explorant la relation entre un parasite et son hôte, apportant une métaphore puissante de la façon dont nous percevons tous nos faiblesses, nos tendances et nos péchés.
Si "[The Wasteland] PAIN" et "Parasite" sont très brutaux et agressifs, "Synthetic Sun" est incomparablement plus bestial, par ses screams perçants et ses riffs implacables qui portant véritablement le morceau et illustrent une intensité qui fait du titre un des temps forts de l’album. Ici, le refrain offre un léger soulagement mélodique à la lourdeur, la voix de ténor de Cobucci menant le morceau vers une nouvelle direction. Et ceci s’explique en suivant les paroles, abordant le thème de la moralité, et amenant à une réflexion sociétale inquiétante. Nous créons notre propre notion de la moralité, mais sans réelle norme morale, aliénant notre propre jugement et nous rendons alors individualistes, rejetant toute vérité extérieure qui ne nous convienne pas. En se faisant, nous occultons le soleil réel, et créons notre propre soleil synthétique.
Tout n'est pas lourd, cependant. "wandering" est un morceau étrange et murmuré qui rappelle les ballades de SLIPKNOT telles que "Snuff", et "Dead Memories". Le côté plus doux du groupe ne dure cependant pas longtemps, car "Law Of The [Waste]Land" s'envole avec des riffs et des cris sauvages, abordant des thèmes difficiles et actuels, amenant à une réflexion sur un monde et une humanité qui ont perdu le sens de la justice.
Autre fait intéressant de l’album, les titres en petits caractères sont les morceaux les plus doux de l’album, et amènent une thématique : "wandering", "withering", "wasting" et "wanting", soit les termes "errance", "dépérissement", "gaspillage" et "désir".
WOLVES AT THE GATE délivre ici un album empreint de sens, une reflexion humaine et musicale de choix sur notre monde, notre société aliénée et notre incapacité à voir ce que nous sommes devenus. La religion étant le pilier du groupe, leur foi se ressent dans chaque titre, telle une boussole morale. Ce trait tranche nettement avec la violence de l’album, et ce contraste, aussi appréciable que perturbant, montre la profondeur de l’œuvre, mais aussi du groupe, et du message qu’il porte à nos oreilles. Un album incontournable qui mérite une écoute attentive, pour un groupe maintenant incontournable de la scène metalcore.
