22 juillet 2025, 08:30

KATATONIA

Interview Sebastian Svalland


Début juin, KATATONIA a sorti un album, riche, envoûtant, déroutant parfois, mais plein de feeling : avec « Nightmares As Extensions Of The Waking State », les Suédois prouvent à nouveau qu’ils ne se contentent pas de jouer une musique d'une efficacité redoutable, mais qu’ils se renouvellent aussi constamment. On laisse généralement aux fondateurs et membres les plus anciens le soin de la promotion, mais une fois n'est pas coutume : c’est Sebastian Svalland, nouveau guitariste arrivé dans le groupe, qui évoque ces dix titres destinés à ravir tous les fans de prog metal sombre et mélancolique.
 

Quel effet cela te fait-il d'assurer la promo d’un groupe que tu viens juste d'intégrer ?
Sebastian Svalland : C’est tout nouveau et c’est un peu bizarre, je dois avouer. C’est intense d'annoncer ma venue et la sortie d’un nouvel album en même temps, mais c’est aussi extrêmement plaisant ! Je suis fier de présenter et de représenter ce groupe génial qu’est KATATONIA, avec toute la carrière musicale qu'il possède. On a connu pire groupe à présenter !

D’ailleurs, comment s’est décidée cette collaboration entre KATATONIA et toi ?
Eh bien, Jonas (Renkse) m’a contacté par l’intermédiaire d’un de mes amis, le petit frère d’un ancien batteur de KATATONIA. On s’est alors rencontrés à Stockholm, car je ne vis pas là-bas contrairement aux autres membres du groupe. Je suis à 2-3 heures de route. On s’est tout de suite bien entendus. On avait besoin de cette petite conversation, mais cela n’a pris que 2-3 minutes avant que je sente que ça le ferait.

Et donc j’imagine que tu n’as pas pu participer à l’écriture de ce nouvel album ?
Non, en effet. Quand on s’est rencontrés, il m’a présenté les chansons presque finies. Il était donc trop tard pour moi pour contribuer à quoi que ce soit. Mais j’ai hâte de participer au suivant.

Ce n’est pas trop dur d’être le plus jeune membre du groupe ?
Le plus jeune et le plus beau, tu veux dire ? (rires) C’est un privilège ! On en rit parfois, en disant que Jonas est mon père, mais ce n’est qu’une blague car en fait, on ne fait pas cas de nos âges du tout. Enfin, ce n’est jamais un problème, ça c'est certain.

Et peut-être que cela te permet d’avoir un point de vue extérieur et objectif à propos du groupe et de sa musique aussi ?
Oui, je la perçois à traver l’œil du fan que je suis ou en tous cas, à la façon dont j’écoutais KATATONIA quand j’étais plus jeune. Donc oui, je pense avoir un point de vue particulier sur le groupe.


​« Nightmares As Extensions Of The Waking State » marque, à nouveau, une réelle évolution dans la carrière de KATATONIA. Le groupe est encore allé chercher hors de son périmètre habituel.
Oui, cet album est quelque chose est très différent des précédents, tout en gardant la force de ce qui fait KATATONIA et je dois dire que je suis un réel privilégié de faire partie de cette aventure. J’aime cette envie d’aller toujours plus loin, car quand tu écris, tu as toujours envie de jouer quelque chose de nouveau, pour toi et les autres. Tu sais, c’est très ennuyant de se répéter. Jonas est constamment en train de repousser ses limites. Je trouve que le son très sombre qui s’en dégage te donne envie d’écouter l’album en entier et pas seulement morceau par morceau. Les titres sont différents, mais ils fonctionnent parfaitement ensemble, je trouve.

Cela demande une sacrée dose de confiance en soi pour toujours repousser les limites et aller au-delà des attentes, des fans notamment…
Oui, mais la démarche ne se limite pas à ça non plus. On veut juste apporter une saveur différente à la musique de KATATONIA, garder les bases tout en les agrémentant d’autres sons.

Le titre de l’album est très symbolique et plein de sens… On peut le voir sous de nombreux aspects…
Ce n’est pas facile pour moi d’expliquer le concept qui en découle, car je ne sais pas ce que Jonas a voulu réellement exprimer, notamment dans les paroles. D’ailleurs, je n’aime pas trop interpréter des paroles ou des titres sur le fond, car j’ai l’impression que cela perd ensuite de sa magie. Et je pense que Jonas veut que les auditeurs se fassent leur propre interprétation. Chaque chanson parle d'elle-même et il n’y a pas de sens direct pour aucune. Je suis désolé, je vais avoir du mal à t’en dire davantage.

Considères-tu cet album plutôt optimiste ou pessimiste ? Est-ce que la vie est un cauchemar ou plutôt un rêve inachevé ?
Je dirais que KATATONIA est à la fois mélancolique et sombre, mais qu’il y a parfois des moments plus aériens et lumineux. Alors, je dirais un peu des deux. C’est un album mélancolique positif… peut-être ?

Il y a un passage surprenant dans l'une des chansons : le « Hail Satan ! » dans « Wind Of No Change » !
Oui, c’est ce qui m’a marqué aussi la première fois que je l’ai entendu. Et je trouve que cela correspond tellement à la musique ! La beauté et l’obscurité en même temps. Très KATATONIA. J’adore ce passage qui est très attractif. J’ai vraiment hâte de le jouer live, car cela va être à coup sûr l'un des hymnes de l’album.

En regardant la pochette de l’album aussi, on peut sentir que KATATONIA dénonce une partie de notre société et de ses dogmes.
C’est une question très profonde. L’image sur « Nightmares As Extensions Of The Waking State » est juste magnifique et représente plus une vision qu’une pré-vision je pense. Elle est très symbolique.

A l'image de la pochette, la musique de KATATONIA est très diversifiée sur album, très expérimentale, ce qui en fait un tout très complexe…
Oui, je le pense aussi. Mais en même temps, cela reste accessible à tous et l’ensemble est très cohérent, donc il n’est pas non plus trop complexe de déchiffrer.

Le fait qu’il faille écouter l’album plusieurs fois pour en goûter toutes les nuances, toutes les subtilités donne à l’auditeur un sentiment d’expérimentation et le pousse à s'immerger entièrement dans la musique. C'était l'intention, j'imagine ?
Oui et c’est exactement ce que j’aime dans la musique. J’aime bien découvrir de nouvelles choses à chaque écoute d’un titre. Et cet album fait partie de ceux que tu apprécies de plus en plus au fur et à mesure des écoutes.

Sans parler des atmosphères… Les passages très éthérés conviennent parfaitement aux sentiments mélancoliques. L’équilibre est parfait entre brutalité et nostalgie…
Et je pense que KATATONIA est l’un des meilleurs groupes au monde pour ça. L’équilibre est là entre entre le rock, le metal, les atmosphères, la mélancolie…

On retrouve aussi cette variété entre les titres eux-mêmes avec certains assez agressifs comme "Lilac" par exemple et d’autres plus lents et lourds comme dans "Departure Trails".  Sont-ils les deux faces de la même médaille, finalement ?
Disons que cet album reflète notre personnalité en fait, car il est brut, authentique. Il sort des tripes. Chaque instrument et sa personnalité y sont reflétés.

Et comment tout cela va-t-il se traduire sur scène ?
On y réfléchit. On aimerait avoir des tonnes d’argent pour pouvoir faire tout ce que l’on veut avec des shows gigantesques, mais malheureusement, on doit faire des choix. J’aimerais pour ma part apporter quelque chose de nouveau en live. J’espère qu’on trouvera les bons effets visuels.

Quelque chose de très visuel ou de plus minimaliste, près du public ?
Un peu des deux. Il faut un show dynamique et une bonne interaction avec le public. C’est un juste milieu à trouver et ce n’est pas facile, car il faut parvenir à s’adapter autant à des petits clubs qu'à des scènes de festivals. C’est un challenge, mais j’aime ça.

Ressens-tu du stress ou de l'intimidation à l'idée de partager la scène avec KATATONIA ?
La pression est plus celle que tu te mets à toi-même, dans le sens où tu as envie d’être bon, pour le public, pour le groupe, pour toi. Si je me trompe sur scène, je vais m’en vouloir longtemps. Je suis plus ou moins perfectionniste, mais pas nerveux avant les concerts. Si tu fais de ton mieux, il n’y a pas à stresser.

Trouves-tu, toi qui en a fait partie, que le public de KATATONIA a changé au fil des années ?
Il est trop tôt pour moi pour le dire par rapport à la période la plus récente, mais il me semble que le public n’est plus seulement constitué de metalleux. Il y a beaucoup de goths. Mais ça n’importe peu. Tout le monde peut passer du bon temps avec le groupe.

En novembre et décembre prochains, vous serez en France pour trois dates (en partenariat avec HARD FORCE). Quelle est la chanson de l’album que tu es le plus impatient de jouer live ?
Ah, difficile à dire, mais j’ai très envie de jouer "Wind Of No Change" ou "Efter Solen" aussi, car elle est très visuelle. Mais ça en fait deux, du coup ! Donc je dirais "Wind Of No Change", car c’est celle que tu retiens le plus facilement.

Blogger : Aude Paquot
Au sujet de l'auteur
Aude Paquot
Aude Paquot est une fervente adepte du metal depuis le début des années 90, lorsqu'elle était encore... très jeune. Tout a commencé avec BON JOVI, SKID ROW, PEARL JAM ou encore DEF LEPPARD, groupes largement plébiscités par ses amis de l'époque. La découverte s'est rapidement faite passion et ses goûts se sont diversifiés grâce à la presse écrite et déjà HARD FORCE, magazine auquel elle s'abonne afin de ne manquer aucune nouvelle fraîche. SLAYER, METALLICA, GUNS 'N' ROSES, SEPULTURA deviendront alors sa bande son quotidienne, à demeure dans le walkman et imprimés sur le sac d'école. Les concerts s'enchaînent puis les festivals, ses goûts évoluent et c'est sur le metal plus extrême, que se porte son dévolu vers les années 2000 pendant lesquelles elle décide de publier son propre fanzine devenu ensuite The Summoning Webzine. Intégrée à l'équipe d'HARD FORCE en 2017, elle continue donc de soutenir avec plaisir, force et fierté la scène metal en tout genre.
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