Entre les albums « Nucleus » et « Black Metal » de WITCHCRAFT, il y a tout un monde dans lequel le groupe a choisi d’évoluer pour son nouvel album, « Idag », mot suédois se traduisant par "aujourd’hui". L’album fonctionne comme une capsule des préoccupations du groupe à ce jour. Alors que « Nucleus » était rempli d’une énergie désespérée et « Black Metal » d’une calme tristesse, « Idag » est empreint de la maturité qui vient après une carrière longue de vingt-cinq ans. C’est l’occasion pour le groupe de revenir à ses racines en chantant en suédois dès le premier titre de l’album et en commençant par quelques riffs qui permettent de reconnaître la guitare de Magnus Pelander. Accompagné d’Ida Elin Tannerdal à la basse et de Johan Kalla à la batterie, le chanteur livre un album tout en nuances et en essais.
Fort de sa longue carrière, il n’hésite pas à expérimenter davantage pour proposer un album plus intime. On est plus proche de lui, que ce soit avec un son moins filtré comme celui de "Gläntan" ("compensation" en français) et "Om du vill" ("si vous voulez") qui offre également un solo de guitare électrique, ou avec des morceaux proposant un duo entre la guitare acoustique et la voix. « Black Metal » n’est jamais bien loin, en témoigne "Christmas" où l’occult-rock du groupe chante l’une des comptines de Noël les plus tristes qu’il vous ait été donné d’entendre. L’album n’est toutefois pas entièrement tourné vers le calme et les ballades entêtantes. Les riffs caractéristiques du groupe sont bien là, de "Drömmen om död och förruttnelse" ("le rêve de la mort et de la décomposition") à "Irreligious Flamboyant Flame" en passant par "Burning Cross".
Même s’il est loin d’être aussi culte que « Witchcraft » ou « Legend », « Idag » est avant tout marqué par la conscience du temps qui passe et la sérénité face à la fin qui approche. Loin d’être léger, l’album appréhende des thèmes peu rassurants et y propose quelques réponses. Avant-dernier des dix titres de l’album, "Spirit" condense les nouveautés et thèmes de l’album : le spoken word en suédois est accompagné d’une guitare électrique plus présente et de paroles lourdes de sens : « I am not afraid of dying / I have already signed / Close this chapter once for all / I have nothing to lose » ou comment proposer un memento mori en forme d’occult-rock méditatif de quarante minutes.