7 juin 2025, 13:15

TURNSTILE

"Never Enough"

Album : Never Enough

TURNSTILE revient avec son 4e album studio « Never Enough », 4 ans après l’excellent « Glow On ». Et après ses presque 4 ans d’attente, c’est un album riche de 14 chansons qui nous est offert par la formation du Maryland.

Et la recette fonctionne toujours aussi bien, "Never Enough", le titre d'ouverture est la suite directe de « Glow On », misant sur son ambiance éthérée et le chant caractéristique du leader Brendan Yates, qui résonne autour des guitares de plus en plus puissantes. Cette première chanson crée une atmosphère de rêverie, d’envie de lointain et de paix. C'est une bulle dans laquelle évolue tout l'album, et s'il trouve le temps et l'espace pour des riffs puissants et une agressivité déchirante, rien n'est isolé, tout est en harmonie autour de cette bulle et cette sensation de flottement.

L’ensemble s'enchaîne harmonieusement, et si des morceaux comme le léger "I Care" figureront sans aucun doute sur d'innombrables playlists estivales, les deux chansons hardcore de l'album, "Sunshower" et "Birds", loin d’éclater la bulle, donnent de l’intensité à cet album léger et envoutant. Le premier commence avec une chaleur torride et se termine en nous guidant vers un effet de méditation guidé par la flûte de Shabaka Hutchings. Sur "Birds", les percussions de Daniel Fang créent une montée en puissance avant que Yates ne tonne : « I found a song playing just for me/And now I’m free/No one left to be. » (« J'ai trouvé une chanson qui joue juste pour moi / Et maintenant je suis libre / Plus personne pour l'être. »).

En effet, les thèmes de l'insignifiance et de notre nature éphémère sont omniprésents dans l'album, tout comme ceux de l'amour et du fait d'être aimé, avec tout ce que cela implique de positif et de négatif. Il règne une certaine mélancolie parmi les musiciens, qui abordent les émotions et les sentiments difficiles sans oser, sans pour autant occulter leurs propres vulnérabilités et insécurités, notamment face aux chagrins d'amour et aux derniers chapitres de leur vie. En ce sens, "Dull" est une réflexion sur l'engourdissement émotionnel, la déconnexion et le poids de l'attente. À travers des paroles évocatrices, la chanson capture le sentiment d'attendre quelque chose ou quelqu'un dans le calme de la nuit, tout en devenant de plus en plus insensible à l'issue qui pourrait en découler.
La répétition de phrases comme « I’m waiting for the call » et « Won’t be surprised by anything at all », souligne un sentiment de stagnation émotionnelle, où espoir et déception se fondent dans un état d'acceptation passive. C'est une méditation minimaliste sur le désir, le détachement et la douleur subtile de ne pas être entendu ou remarqué.

Enfin, "Magic Man" conclut l’album comme il a commencé, avec lenteur, se laissant porter par les synthés et cette voix lointaine et rêveuse. C’est un titre au style pop-ambiant qui nous transporte, aux paroles douces « following the signs so you make it on time for the show » (« Suivre les panneaux pour être à l'heure pour le spectacle »). C'est une magnifique chanson de clôture pour un album enivrant, qui nous enveloppe et nous transporte dans une rêverie musicale, au chaud dans notre bulle.

« Never Enough » n’est pas un album répondant à des étiquettes ou à une codification. C’est une douce méditation, chaude comme l’été, un univers de rêverie et d’apaisement, une pause de douceur dans un monde tumultueux, une introspection sans tourmente. C’est une permission d’être imparfait tout en grandissant. L’album se déguste de préférence dans son intégralité, s'immergeant dans la vision singulière d'un groupe qui crée sans barrières ni conventions.

Blogger : Sonia Salem
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