
BRUIT≤ signe son retour avec « The Age Of Ephemerality », deuxième album très attendu par tous les fans du post-rock du groupe. En effet, quatre ans après « The Machine Is Burning and Now Everyone Knows It Could Happen Again », et après une tournée en tant que backing-band de M83, le groupe revient avec un album dense et expérimental, dont nous avons pu discuter avec Théophile Antolinos et Clément Libes, trois jours avant la sortie de l’album.
Vous êtes de retour avec « The Age Of Ephemerality ». Quel est votre état d'esprit au moment de sa sortie ?
Clément : Comment je me sens ? Je me disais tout à l'heure que c'est un peu le même sentiment qu’avant un examen très important, comme avant de passer le bac. Tu n’as pas envie, et en même temps, tu as très envie que ce soit fait, et en même temps tu n’as pas envie. Et l'attente qui précède est horrible. Pour moi, c'est la meilleure comparaison.
Théophile : J’y ai pensé cet après-midi, comparer ça à un exam. Je pense que ça ressemble plutôt à un concours. Dans la musique, il y a tellement d'albums qui sortent en même temps. C’est comme passer un concours, un peu. Bon, après, ce n’est pas tout à fait comme le bac : au moins, on a choisi le sujet qui nous intéressait.
Clément : Franchement, à chaque fois, c'est un moment un peu angoissant où tu fournis beaucoup d'efforts dans un disque, et mets aussi beaucoup de choses après que le disque soit fait, pour essayer de le sortir dans les meilleures conditions. En fait, il y a un moment donné où quand il est sorti, tu ne peux plus faire grand chose. Les dés sont jetés, en quelque sorte. Et c'est cette espèce de pouvoir que tu n'as plus, du fait que l'album n’est plus vraiment à toi, qu'il est balancé dans la nature, c’est hyper angoissant. Tu te sens un peu impuissant.
Théophile : Oui, en plus on fait tout ce qu'on peut pour que ça soit au mieux en amont. Et tant qu'il n'est pas sorti, il ne se passe rien. Puis, au moment où il paraît, tu ne peux plus agir à ce moment-là, justement. Donc, je pense qu'on est un peu dans le même état tous les deux.
La tendance s'est vraiment inversée pour les sorties de disques parce depuis plusieurs décennies on sortait l'album, puis des singles. Maintenant, c'est l'inverse et la sortie d'un album clôture presque le cycle...
Théophile : C'est vrai. Disons que si tu sors des choses après, les gens connaissent déjà les morceaux, ça a peut-être moins d'impact. Mais c'est vrai qu'avant, on faisait beaucoup ça. Sortir un album et puis essayer de dire aux gens « regardez, il est là ».
Clément : C’est à cause des plateformes de streaming. C'est le moyen de production qui fait ça. Parce que ce n'est pas tout à fait vrai. Tu vois, au moment de l'industrie du vinyle, du 45 tours, il y avait aussi des singles qui se vendaient en 45 tours, puis des albums plus tard et parfois même les singles, les 45 tours étaient plutôt réservés à un jeune public qui n’avait pas l'argent pour se payer les 33 tours et les 33 tours venaient a posteriori, plutôt pour un public d’audiophiles, des parents dans leur salon. Et puis, le support du laser disc, le single en laser disc, ça s'est fait un peu, mais assez peu. Donc on vendait des albums globalement, et derrière, on déclinait les singles pour la radio. Aujourd'hui, c'est vrai qu'avec la dématérialisation de tout, tu peux sortir des titres à la chaîne. En fait, il y a même des artistes qui ne sortent carrément plus d'albums, ou c'est juste titre après titre. On essaie donc, entre guillemets, de vivre avec notre temps.
Théophile : Mais on sent que cela a changé en quatre ans déjà, simplement par rapport à une sortie d'album. On sent qu'il y a structurellement vraiment eu un changement là.
Clément : C'est vraiment l'hégémonie des plateformes de streaming. C'est hyper contraignant pour nous sur plein de paramètres, et tu ne peux plus faire grand chose. C’est vraiment elles qui dictent la marche des choses à 100 %. Alors que quand on avait sorti « The Machine Is Burning », il y avait encore une forme d'entre deux, un peu de place pour d'autres approches. Aujourd'hui, c'est vraiment compliqué.

Je suis assez impressionné que vous ne rentriez pas dans ce jeu-là, de sortir l'album sur les plateformes de streaming, comme Spotify, Deezer, etc. Vous le publiez en CD, en vinyle, mais pas sur ces plateformes...
Clément : On le sort sur Bandcamp aussi. Très important, Bandcamp. On n'est pas contre le support du streaming, en soi, qui est une suite logique au support technologique. C'est plus la manière dont c’est géré qui est horrible et qui ne serait pas en adéquation avec notre message. Donc, à un moment donné, si on essaie d'être cohérent entre notre esthétique, notre message et nos compositions, la manière dont on communique et tout ça… eh bien, ça ne me paraît pas pertinent de faire un album anti-tech, et de donner sa musique quasiment gratuitement à un millionnaire qui fait travailler des IA pour ne pas payer les ayants-droits. Ça n’aurait aucun sens. Alors après évidemment, on pourra approfondir la réflexion et nous pousser dans des cordes jusqu'à des contradictions qu'on a nous-mêmes. Malheureusement, on ne peut pas faire sans les réseaux sociaux parce qu'aujourd'hui, c'est notre seule manière de nous adresser au public. Mais crois-moi que si on pouvait, on s'en passerait bien. Si on pouvait juste annoncer une tournée par un communiqué de presse, et savoir que les tickets se vendent comme fait GODSPEED YOU ! BLACK EMPEROR, moi, je serais le plus heureux des hommes. Mais on est nés trop tard pour ça. Il aurait fallu commencer dans les années 2000 pour pouvoir se le permettre.
Cet album est instrumental mais qui possède un message et le véhicule à travers cinq morceaux très différents en termes de composition et d'enregistrement. On sent qu'il y a cette volonté de sortir des sentiers battus. Est-ce un peu comme cela que vous l'avez construit ?
Théophile : Il y avait déjà l'envie d'expérimenter. Et puis, c'est aussi parce que quand on a fait le premier album et qu'on a tourné une vidéo live dans une église à Toulouse, beaucoup de gens nous ont dit que cette version était super. Nous-même, nous étions très contents du son et cette dée a germé de faire tout un album là-dedans. Une bonne partie de l'album est enregistrée dans cette église. L'acoustique s'en ressent. L'orgue de l'église aussi a été utilisé aussi, donc c’est l’envie d'expérimenter et de coller une couleur particulière sonore sur tout l'album.
Clément : Après, ce que j'aime dans la manière de produire les disques de BRUIT≤, c'est créer différentes couches de compréhension, différents propos qui se répondent et différents degrés de lecture. En fait, j'ai tendance à ne rien vouloir laisser au hasard. Tout a une forme d'intentionnalité. Donc, effectivement, on est sur un album dont, au départ, l'idée était de faire un disque qui questionne notre rapport à la technique. On essaie de questionner littéralement notre rapport à la technique d'enregistrement en tant que musicien et donc à vouloir expérimenter des idées. Comme celle d'enregistrer une guitare électrique avec un ampli extrêmement fort dans une église, plutôt qu'utiliser une pédale de reverb. Qu'est-ce que ça fait d'envoyer un orgue qui a 150 ans, qu'on a enregistré avec plein de super micros, bien travaillé, dans un synthé modulaire pour derrière le compromettre, quelque part. Dans le questionnement à la technique, il y avait aussi la manière de faire, l'artisanat, un questionnement sur la technique aussi. Parce qu’au final, au-delà du résultat, c'est ce qui va nous différencier d’une IA. C'est à dire que nous, il y a un processus, il y a de l'artisanat, il y a des histoires d'humains qui rentrent dans des lieux avec des contraintes techniques, avec des choses qui ne laissent pas le choix et qui inspirent d'autres choses et qui affectent le résultat. On n'est pas juste des lignes de codes : on se laisse bouger par l'expérience et ça, une IA ne pourra jamais reproduire ce cheminement. Pour nous, il était important de pousser la limite de ce que c'est d'écrire un disque et de l'enregistrer.
Et je trouve qu'il y a aussi une contradiction entre le titre et le fait de sortir un album. Le titre se traduit par « l'âge de l'éphémère » et ça correspond vraiment à notre époque. Mais l'album, lui, va durer dans le temps. Il restera, même quand on ne sera plus là.
Clément : On espère, mais qui sait ? Aujourd'hui, si tu regardes les albums pop, la durée de vie d'un disque, elle est de trois mois. Si tu as beaucoup de chance, tu arrives à faire perdurer et partir en tournée…. Mais c’est pour ça qu'il y a beaucoup d'artistes pop et de rappeurs qui sortent des projets tous les six mois. Parce qu'en fait, tout va si vite, tout est éphémère. Une mode est remplacée par l'autre. Alors, effectivement, il y a énormément de cynisme dans ce disque et d'ironie. Évidemment, notre démarche, si on parle au premier degré, elle est de vouloir en tout cas essayer de faire quelque chose qui vieillit bien et qu'on puisse réécouter dans cinq, dix ans et se dire « c'est la photo de ce qu'on était à l'époque et on ne regrette rien de cette photo ». Ce qui a toujours été le cas jusqu'ici avec tous les projets qu'on a sortis. Moi, quand je regarde l’EP, j'ai ce sentiment-là, et quand je regarde le premier album aussi. Donc on n'est pas dans la volonté de faire quelque chose d'éphémère, on est dans celle de parler d'un monde où tout est éphémère et péremptoire.

Comment faites-vous pour passer ce message à travers de la musique qui est instrumentale et qui justement, par définition, ne permet pas d'étayer son propos ?
Clément : Tu crées, tu crées du sens entre tous les styles et tous les outils que tu as à disposition. Donc ça passe par la technique d'enregistrement, le choix du thème que tu fais, la forme du morceau sur la structure du morceau… Est-ce que tu vas plutôt faire du frontal ou quelque chose d’éthéré ? Est-ce que tu vas mettre des coups de ciseaux dans le morceau ? Est-ce que tu vas être plutôt dans une tonalité majeure ou mineure ? Est-ce que la tonalité mineure, tu vas venir la distordre ou la garder clean ? Ce sont des couleurs, et avec ces couleurs-là, tu peins des paysages dans l'imaginaire des gens avec sur « Data », des choses qui sont très numériques, très « glitchées », très synthétiques. Donc forcément, il y a quelque chose qui fait appel à tout l'imaginaire collectif qu'on peut avoir sur Internet, les jeux vidéo, Instagram et tout ça. Là où, sur un morceau comme « The Intoxication of Power », tu as l'orgue d'église, les cuivres, la résonance naturelle, le jouer ensemble, le grandiose, le bois, des cordes, la batterie très acoustique. Voilà, on est sur un univers sonore complètement différent et dans cet univers sonore, il se passe des choses et chaque chose a son pouvoir évocateur. Comme je te disais plus tôt, rien n'est jamais laissé au hasard. Tout a un sens par rapport au propos tenu. En général, quand tu regardes le titre d'un morceau et que tu creuses, tu finis par trouver une histoire qui se rapproche de notre première intention, d'une manière ou d'une autre. Donc c'est vraiment le choix des titres, le travail sur les artworks et puis… ne laisser aucune place au hasard.
Théophile : Mais en fait, la réflexion sur les thèmes de l'album, elle se fait avant même que les compositions soient créées. Comme disait Clément, sur « Data », tu as sonorités très « machine ». C'est un choix, parce qu'on sait déjà de quoi va parler le morceau, on sait ce que ça va évoquer chez les gens. C'est hyper intéressant, puisqu’on fait de la musique instrumentale, et en fait on a des outils pour jouer avec les émotions. Quand on fait de la musique, ces émotions sont universelles. Je dirais même qu’on va plus toucher de gens sans parler, puisque tu vas dépasser les frontières de tel ou tel langage pour essayer de dire quelque chose frontalement, avec un discours le plus concret possible. En fait, les gens, quand tu leur mets des « cuts », des sons machines, ils ressentent la même chose, parce qu'on a tous plus ou moins dans le monde, la même culture cinématographique…. Ils ressentent la même chose.
Justement, « Ephemeral » m’a provoqué un peu cet effet-là. Le « cut » à la fin du morceau m'a justement poussé à me demander si c'est pour montrer que les moments de beauté sont éphémères… C'est un peu comme ça que vous l'avez construit ?
Clément : Absolument. La réponse est : oui (rire).
Cela ne fait pas un peu mal quand on coupe un morceau comme ça, au moment où l'on a l'impression qu’il commence à monter ?
Clément : Non, c'est plus un plaisir de sale gosse qui fait une connerie, c'est plus un plaisir de dire : « Ah, on leur a coupé la chique », tu vois ? Franchement, non.
Théophile : On avait l'intention d'obtenir une espèce de carte de visite. On voulait vraiment quelque chose qui relève de l'extrait. On commençait par un avant-goût. On savait qu'on en gardait sous le coude pour le dernier morceau.
Clément : Et on voulait créer une forme de frustration qui a un sens par rapport au titre du disque. En gros, voilà à quoi ressemble un morceau de BRUIT≤ de trois minutes 30. Format radio. Que des trucs inachevés, coupés. Ouais, là pour le coup, c'est le bon exemple de la forme qui a beaucoup de sens par rapport au fond. Et effectivement, ça crée aussi une tension à la fin, quand tu as la délivrance du tout dernier morceau, il y a vraiment ce truc de « ah d'accord, là on y est » et ça prend le temps, ça monte sur treize minutes et à la fin tu te le prends. Ça reste fort pendant longtemps. Voilà, tu rentres dans le tunnel. Littéralement.
Vous me disiez que vous aviez réfléchi au thème de l'album avant la composition. Cela veut dire que vous avez fait un plan exact, décidé quelle partie serait à quel moment, et comment ce serait enregistré ? Par exemple sur « Techno Slavery / Vandalism » on sent vraiment qu'il y a un contraste entre les claviers rétro-futuristes et les violons. Est-ce que ce sont des structures que vous avez vraiment mises sur le papier avant toute chose ?
Théophile : Non, ce qui a été mis sur le papier, ce sont vraiment les thèmes et la dissertation de fond. Après, il y avait déjà des idées au début, mais on avance bien à tâtons quand on compose des morceaux. Sinon, il y a des choses qui se précisent petit à petit.
Clément : Ouais, c'est ça, ça se précise. On a environ 80 % du disque de définis au moment où on finit d'enregistrer les maquettes, où je sais à peu près comment on va finaliser tout ça. Mais il reste aussi toujours 20 % d'idées au dernier moment, où on est inspirés par le lieu. Par exemple, tu vois l'espèce de chant grégorien à la fin de « Techno Slavery » ? C'est une idée qui nous est venue parce qu'on était dans l'église, parce qu'il y avait ce son particulier, parce qu'il y avait les lumières de l'extérieur, parce qu'on avait une journée en plus que nous pouvions utiliser à quelque chose, et parce qu'en réfléchissant sur l'idée de l'éphémérité des choses, je me suis demandé ce qui serait le plus fondamental, le plus anti-mode, anti-« trend ». Ce chant grégorien, la bouche fermée, ensemble, dans la résonance de cette église. Ce n’était pas du tout prévu et ça s'est fait pendant l'enregistrement. Souvent, on arrive à se préserver ces 20 % de magie. Parce qu’enregistrer un disque, c'est aussi un moment créatif, ce n’est pas juste une étape technique. Faire de la technique, c'est aussi quelque chose de créatif et c'est pour ça qu'il ne faut pas le laisser aux IA. Parce qu'il y a beaucoup de choix à faire dans les étapes techniques qui peuvent avoir un vrai effet sur le résultat final.

Sur « The Intoxication of Power », la reverb naturelle de l'église ressort énormément et invite à aller chercher ce genre d'endroit atypique pour y faire de la musique. Comment avez-vous vécu l'expérience de cet enregistrement dans l'église ?
Théophile : C’était fou ! On était très contents d'y retourner, parce que l'acoustique nous avait vraiment laissé un souvenir mémorable. Après, cela a été un vrai moment d'expérimentation et beaucoup de choses y ont été testées, sans savoir ce que cela donnerait. Finalement, faire des batteries là-dedans, c'est quelque chose. Faire des cuivres aussi là-dedans, de l'orgue, c'est une expérience que tu ne vis jamais dans un studio classique. Et Clément, je pense que pour toi, en tant qu’ingé son, c'est aussi quelque chose d’inoubliable.
Clément : Oui et pas seulement en tant qu’ingé son. Il y a aussi ce moment où j'ai passé deux jours perché au niveau de l'orgue, seul dans l'église. Enfin seul, non, je n'étais pas seul, mais j'étais seul derrière l'orgue, comme ça. Et puis, tout en hauteur, il y a les vitraux, la lumière du jour qui traverse l'église, la luminosité qui change et cette grande réverbération naturelle. Et cet instrument incroyable te pousse dans le dos avec le son. C'est une pression acoustique, en fait, l'orgue. C'est vraiment une expérience sonore incroyable. C'étaient les deux plus belles journées d'enregistrement de ma vie, je crois, ces moments à l’orgue. C’était absolument extraordinaire. Et puis, pareil, sur les enregistrements de batterie… Je vais faire une parenthèse. J'avais vu une conférence de Nils Frahm où quelqu'un lui posait la question sur ce qu'il pensait des systèmes Dolby, du son immersif… Il avait répondu un truc du genre « c'est une énorme connerie, parce qu'en fait, il n’y a rien de plus immersif que mettre, par exemple, une enceinte dans une église ». Effectivement, avec un instrument ou une enceinte ou quoi que ce soit dans une église, le son part dans toutes les directions, puis se met à résonner sur tous les murs et toutes les aspérités de l'église, revient et se met à s'amplifier. En fait, une batterie est un instrument extrêmement complexe d'un point de vue sonore, aux sources différentes, avec beaucoup d'instruments dans l'instrument. La manière dont ça va interagir avec les murs, rebondir, amplifier des choses, ça crée une pression acoustique, ça crée des vagues de sons que tu sens corporellement, comme si c'était un concert de musique amplifiée. Chaque coup de grosse caisse ou de tom se met à résonner dans l'espace de l'église et crée des ondes sonores émotionnellement et corporellement hyper impactantes. Et en fait, cette expérience physique, tu ne pourras jamais l'avoir avec un plugin. Un plugin, c'est une fausse réverb sur ordinateur utilisée par tout le monde. Et que nous utilisons aussi très souvent. Là, nous avons vécu une expérience physique qui va du coup d'office influer le jeu même du batteur. Elle est là, l'expérience immersive. Et je peux te parler de l'émotion que j'ai eue quand j'ai ouvert les pistes dans mon studio et que j'ai entendu que ça sonnait aussi énorme que ce que nous avions vécu. A un moment donné, si tu poses les bons micros au bon endroit et que la magie se produit dans ce lieu, il y a de fortes chances qu'elle passe dans les micros. Voilà ce que je peux en dire.
Comment entendez-vous retrouver cela en live ? Des morceaux aussi immédiats à l'enregistrement et aussi complexes à reproduire...
Clément : Franchement, ce disque-là est beaucoup plus dimensionné pour le live que le premier disque. Sur le premier, on avait dû trouver des solutions pratiques pour des choses qui n’étaient juste pas jouables. Et malheureusement, il y a des morceaux qu'on ne joue pas du premier disque, parce qu'on ne peut pas les interpréter en live sans que la moitié du son ne se retrouve dans la séquence. On ne peut pas faire ça : on veut que ça reste « live ». Mais là, vraiment, ce disque-là, dans l'écriture des morceaux, il y avait l'idée de préserver sur tous les moments forts du disque, le groupe de rock qu'on est, c'est à dire guitare, batterie, basse, violon et violoncelle. On a déjà pu jouer des morceaux pour des live sessions et ça s'est mis assez naturellement en place. Le seul travail qui est réellement à produire, qui est difficile pour l'ingénieur du son, c'est parvenir à recréer un peu la réverb. Mais pour ce faire, on a capturé ce qu'on appelle des réponses impulsionnelles. Pour la faire simple : on a capturé de manière numérique l'acoustique du lieu, ce qui nous permet d'avoir un plugin pour reproduire ce lieu n'importe où. On va essayer de partir en tournée et d'avoir la reverb de l'église disponible pour y mettre la batterie, les guitares de temps en temps sur des morceaux pour retrouver un peu le son du disque et l'espèce de largeur qu’il possède. On a super hâte de repartir sur la route. Moi, perso, et je pense que Théo aussi, c'est vraiment notre partie préférée. Après je te dis ça parce qu'on sort de six mois de studio, de live sessions, de clips et tout ça… donc on a juste envie de partir sur la route. Et au bout d'un an et demi de route, on aura envie de retourner en studio, c’est toujours pareil. Mais vraiment, la tournée, je sais qu'il y a des gens qui n'aiment pas ça, mais nous on adore et c'est vraiment là que notre musique prend vie.
Théophile : C'est un style de musique qui prend vraiment son sens en live et puis, l'émotion de la scène, c'est quelque chose d’inimitable. Ça fera quasiment trois ans qu'on n'a pas joué et qu’on va reprendre avec BRUIT≤. Donc on a vraiment hâte...