Le 28 mai, à la Péniche Antipode, l’ambiance était chaleureuse, comme quand on retrouve une bande de copain.e.s après une journée de travail pour écouter la musique qu’on aime. C’est l’ambiance des concerts organisés par l’association Below The Sun qui vient de fêter ses dix ans il y a quelques mois. Dix ans de concerts dans de nombreux lieux de la capitale et de la banlieue parisienne pour toujours plus de rock, de fuzz et de partage.
À l’affiche du 28 mai étaient initialement prévus deux groupes : THE HAZYTONES, groupe de stoner-rock originaire de Montréal, et FÁTIMA, formation parisienne navigant entre le grunge et le doom. Coup de théâtre quelques jours avant le concert : le groupe prévu en tête d’affiche annonce, sur les réseaux sociaux, prendre une pause immédiate et d’une durée indéterminée afin de se recentrer et lutter contre les problèmes d’addiction qui le rongent peu à peu. Même si les raisons en sont louables, cette décision spontanée a pour conséquence de plonger les programmateur.ice.s dans l’imprévu. Mais qu’à cela ne tienne ! Chez Below The Sun, on a plus d’un tour dans son sac ! Cinq jours avant le concert, l’association annonce un nouveau line-up : FÁTIMA passe en tête d’affiche et le groupe de gangsta-doom CHAOS E.T. SEXUAL assure la première partie.
Quand l’heure du concert arrive, l’ambiance est toujours celle d’une bande de copains et copines qui se retrouve pour partager un bon moment. Le groupe arrive sur scène et ironise gentiment sur le fait que le public est plus à l’heure que les membres du groupe (pour quinze minutes de retard, pas de quoi en faire un drame). On note le t-shirt FÁTIMA arboré par le guitariste pour témoigner son soutien au deuxième groupe de la soirée. À peine arrivé sur scène, CHAOS E.T. SEXUAL envoûte la salle avec un gangsta-doom unique en son genre. Ensemble, Yves "Chaos" à la guitare, Thomas "E.T." à la guitare et au mixage et Tarik "Sexual" délivrent une musique entre sons électroniques et extraits sonores tirés de discours, cris ravagés et riffs ravageurs...et discussions avec le public.
Bonne musique et bonne entente, tout pour passer une bonne soirée. On apprend que le groupe joue à la Péniche Antipode pour la première fois, ajoutant cette salle à son palmarès de scènes de concert. Après trois premiers morceaux, le trio joue l’un de ses titres phares, "La Française des Jeunes". Très court, il a l’avantage d’être facilement reconnaissable et très connu. CHAOS E.T. SEXUAL joue ensuite une reprise de l’artiste Shadi en hommage à la Palestine, mais aussi à l’Ukraine et aux territoires et populations victimes des conflits mondiaux. Sous le charme du mélange de basse très forte, de batterie alternant avec des sons électroniques et de guitare envoûtante, le public en redemande. Beaucoup sont demandés, c’est donc un titre de quinze minutes qui est choisi pour contenter le public avant que CHAOS E.T. SEXUAL ne quitte la scène.
Après quelques réglages techniques, les trois membres de FÁTIMA s’installent. Plus mystérieux que son prédécesseur, le groupe de grunge-doom s’installe dans le silence et, en guise de salutation, entame directement "Cyclops Cave". Le son envahit alors la péniche et, si des créatures nageaient aux alentours du bateau pendant le concert, nous pouvons vous garantir qu’elles ont apprécié la batterie ultra rapide de JC, la basse de Maxime Lescurieux qui tabasse et la guitare aux mélodies fuzzées d’Antoine Villetti qui ont fait trembler la péniche et les flots alentour. Après un premier tunnel sonore, le frontman salue le public d’un sobre « Bonsoir », d’apparence plus mystérieux que le groupe précédent. "Kratos" et "Age Of Empire" suivent et arrive alors la surprise de la soirée : un nouveau morceau. Intitulé "Ice-Tea", il est tout aussi efficace que les chansons des albums précédents et laisse présager un prochain disque tout aussi rempli de tubes que l’est « Eerie », le dernier en date du groupe.
Le trio se fait un peu désirer... Après avoir annoncé qu’il jouait le dernier morceau du set, place occupée par "Total Metal", le public en redemande. Impossible pour FÁTIMA de quitter la scène alors que le public est aussi demandeur de doom ! C’est sous les applaudissements que le groupe accepte de revenir (la set-list révélera par la suite que l’effet était totalement voulu afin de ménager un rappel encore plus joyeux) pour jouer "Dog Ham" et "Primal" dont le fuzz n’a d’égal que la force qui se dégage des morceaux du groupe. Un dernier pour satisfaire le public et FÁTIMA quitte la scène sous les applaudissements et les acclamations.
Morale de l’histoire : soutenez les associations locales qui organisent de petits concerts. Le prix de la place est généralement bien inférieur aux gros événements et il y a fort à parier que vous passerez une bonne soirée, parfois même avec une belle surprise et une belle découverte musicale.
