
Qui dit canicule dit... bonne formule ! Et l’équipe de Labels et les Bêtes va vous donner ce mois-ci la formule idéale pour vous rafraîchir à l’abris des rayons généreux d’un soleil un brin trop abondant. Pour cela, pas besoin de s’enfermer à la cave ou de migrer temporairement dans le fin fond de la Finlande, il suffit juste de savourer ce nouvel épisode préparé avec amour. Bien calé dans le rocking chair avec votre boisson fraîche préférée dans une main et la souris dans l’autre, il est de temps de vous délecter de cette rubrique qui va... vous donner son lot de sueurs froides !
PATRISTIC : « Catechesis » (Willowtip Records)

Avec ce premier album de black/death vengeur dans leur besace, les Italiens PATRISTIC proposent ici une carte de visite aux allures de masterclass. Dès l’orgasmique doublette de départ "A Vinculis Soluta I & II" qui distille sans ménagement une volée de riffs dissonants et d’ambiances hostiles du meilleur effet, on sait à quelle sauce on va être mangé. Car ce maelstrom de trémolos frissonnants soutenu par des parties de batteries du plus bel effet a de quoi laisser bouche bée. Et ce n’est qu’un avant-goût de ce « Catechesis », qui, tout du long balance de nombreux breaks assassins, histoire de ne jamais relâcher jamais la pression sur l'auditeur.
Ce serait dommage, hein ? D’autant que la maîtrise technique est ici redoutable mais celle-ci ne tombe jamais dans la torture de manche stérile. D’ailleurs la section rythmique se montre audacieuse et le prouve sans détours avec de nombreux changements de rythmes qui en laisseront plus d'un sur le carreau.
On aurait pu d’ailleurs imaginer PATRISTIC se nicher ni vu ni connu au sein de l’écurie Norma Evangelium Diaboli, aux côtés d'autres orfèvres du mal tels KATHARSIS, WATAIN ou DEATHSPELL OMEGA. Pour ne rien gâcher à la fête, l’album est superbement illustré par Manuel Scapinello et bénéficie d’une production incisive à souhait. « Catechesis » est à coup sûr une obscure merveille qui ravira les amateurs du genre. J’en suis !
(Clément)
DRAWN AND QUARTERED : « Lord of Two Horns » (Nuclear Winter Records)

Infatigable vétéran au service du death metal canal historique depuis 1994, le clan de Seattle perpétue sans coup férir un style teigneux et ténébreux qui force le respect. Et ce n’est pas ce neuvième méfait qui dérogera à la tradition ! Gage de qualité, d'authenticité, DRAWN AND QUARTERED broie et concasse les esgourdes en règle avec ses tremolo pickings tout droit sortis de l’enfer, le tout saupoudré de quelques leads bien sentis.
Les vocalises sub-woofer de Herb Burke grondent comme jamais, quant aux roulements de batterie diaboliques du bûcheron en chef, Simon Dorfman, pas d’inquiétude ils sont comme toujours amenés avec doigté. N’hésitant pas à leur faire croiser le fer tout du long avec des parties blastées savamment placées pour faire de « Lord Of Two Horns » une véritable machine de guerre.
Le duo de gratteux n’est pas en reste tant il a le chic pour envoyer parpaing sur parpaing. C’est un véritable massacre en règle de la première à la dernière seconde. Aussi bon sur la forme que sur le fond, aucun doute n'est permis sur la qualité avec ce nouvel album des Américains : c’est du bon, du vrai, du gras. Un bon gros glaviaud bien visqueux, brunâtre et malodorant qui régalera une fois de plus les fins gourmets !
(Clément)
GLACE : « Vie Mystique » (Autoproduction)

Si GLACE existe officiellement depuis 2023, ses musiciens jouent ensemble de la musique depuis deux décennies. C’est en 2024 qu’est sorti « Vie Mystique », le premier album du trio français, mais c’est ce mois-ci que sort la version physique, en CD et vinyle. Alors revenons un peu sur les cinq titres de black metal à double facettes qui composent l’album.
Double facettes en effet car si GLACE possède toutes les caractéristiques d’un groupe de black, il y ajoute quantité d’autres sons et influences qui montrent clairement qu’il souhaite s’affranchir du cadre, quitte à le tourner en dérision. Ça plaira ou ça ne plaira pas, peu importe.
La différence de GLACE se ressent partout, dans la musique, dans les paroles, dans les ambiances. Si le encore sage "Il Viendra des Temps plus Difficiles Encore" fait déjà une bonne intro, le torturé "Quelle Affaire !" aux vocaux scandés, hurlés, invoqués et finalement rappés, si, si, est un bel exemple du champ des possibles. Il en est de même de la satire respectueuse du black metal tirée sur "Le Saint-Voyou du Metal Noir". Et que dire du "Boogie-Woogie des Enfants Perdus", à la deuxième partie tellement... imprévisible. Bref, "Soyons Fanatiques" GLACE !
(Aude Paquot)
OWLS : « Une Toile de plus à Brûler » (L’Ordalie Noire)

Premier album pour ce groupe français de black atmosphérique, dungeon synth, avant-gardiste, bref, inclassable vraiment mais aux ambiances prenantes. OWLS nous propose « Une Toile de plus à Brûler », esthétiquement magnifique, musicalement envoûtant. Les quatre titres sont d’une grande richesse, la production est old-school mais les compositions font preuve d’une belle originalité.
"Nos Chairs Ternies" à l’intro dark-medieval/dungeon synth mais enchaînant rapidement sur un black metal aux rythmes variés nous plonge tout de suite dans un univers sombre et onirique, grâce à des mélodies entêtantes et des influences diverses.
Le plus brut "Rejection" fait la part belle à un black atmosphérique de grande maîtrise, avant-gardiste mais accessible et fédérateur. "Effraie" et son intro au doom caverneux poursuit sur un black parfois cosmique, qui sort des sentiers battus, fascinant. Pour terminer, le black metal mélodique de "Un Masque de Hasard" permet de finir l’album sur une belle touche au piano sur cris de chouette.
On n’a qu’une envie, c’est de replonger dans la nuit de OWLS. « Une Toile de plus à Brûler » est donc prometteur pour ce groupe tout nouveau qui devrait faire rapidement parler de lui dans le monde de l’extrême.
(Aude Paquot)
NO RAZA : « Tyrona » (Noble Demon)

Que diriez-vous par les temps qui courent d'une bonne rasade de NO RAZA ?
Quartet basé en Floride mais d'origine colombienne à ses débuts, auteur de 4 albums inégalement disséminés entre 2004 (« Del Poder de la Muerte ») et 2020 (« Transcending Material Sin ») et même d'un best-of en 2021 (faut quand même oser à notre époque !), NO RAZA développe un death metal certes classique mais d'excellente facture.
Sur "Tyrona", leur petit dernier sorti en mai dernier, on retrouve les mêmes ingrédients qui ont fait leur succès (dont des titres comme "Afterlife" ou "Imperial Holocaust" qui feront à coup sûr partie de la set-list de leur prochain best-of !), à savoir des compositions bien nerveuses avec quelques passages lourds ou mélodiques à souhait, des soli de guitare alliant technicité et mélodie et des textes à la fois en anglais et en espagnol.
Une recette épurée simple mais efficace, sans prise de tête avec une reprise du "Ring Of Gold" de BATHORY en bonus, une ballade lancinante présente sur l'album « Nordland I » qui tranche avec le reste. Drôle de choix mais bon... C'est toujours mieux qu'une reprise de Beyoncé !
(Crapulax)
FABULOUS DESASTER : « Crucify This ! » (MDD Records)

La formation de thrash metal allemande avait déjà fait l'honneur d'une désopilante chronique dans ces lignes (et par un chroniqueur de grand talent qui plus est, on ne le répétera jamais assez...) à propos de leur deuxième album, « Off With Their Heads » (Labels & les Bêtes n°17) sorti voilà 7 ans et plus récemment d'une présence dans le classement des meilleurs clips de 2024 ("Faster Than Light") à l'occasion de la réédition de leur premier album « Hang'em High ».
Pour résumer, depuis 2018 rien de changé ! Toujours ce bon vieil EXODUS dans le rétroviseur, toujours ces riffs véloces qui déboulent à 200km/heure sans frein, toujours ces soli de guitares endiablés qui laissent une bonne odeur de pneu brûlé sur l'asphalte ("Misanthropolis") et toujours cette voix, cette diction qui sent bon le Steve Souza de la grande époque (cf le titre éponyme). Bref on ne s'ennuie jamais avec ce « Crucify This ! », pas plus qu'avec les précédents du reste qui sont à conseiller. Et puis comme le disait mon pote Jean-Jacques : « Quand la musique est Bonn, on a beau dire, c'est toujours un indicateur de qualité ».
(Crapulax)