13 septembre 2025, 08:25

FIT FOR A KING

Interview Ryan Kirby


​L'incontournable groupe de metalcore texan FIT FOR A KING revient pour un huitième album studio « Lonely God », paru chez Solid State Records début août. Nous nous sommes entretenus avec Ryan Kibry, le chanteur du groupe, à propos de cette nouvelle production dans un contexte d’écriture et une dimension autrement plus personnels que d'habitude.
 

« So Lonely God » est le premier album pour lequel le groupe entier a travaillé sur sa création. Comment se sont déroulées cette écriture et cette composition dans un processus collectif ?
On a deux membres dans le groupe, Trey (Celaya, batterie, NdlR) et Dan (Gailey, guitare, NdlR), qui l'ont rejoint - il y a huit ans pour Dan, et quatre pour Trey - qui n'avaient pas vraiment été impliqués dans l'écriture parce qu'ils ne le souhaitaient pas, ne voulant pas gêner le groupe. Mais nous les avons rassurés en leur disant : « Ne vous inquiétez pas, ne stressez pas. Écrivez, tout simplement. Écrivez autant que possible. » Et ainsi, cette fois-ci, je pense que cela fait une énorme différence.

Donc, vous savez déjà que vous allez reprendre la recette pour l'album suivant !
Oui, tout à fait (rires) ! On a aimé travailler ensemble ainsi et on le refera : c’est évident !

Cet album est aussi plein de maturité et cette notion revient souvent tout au long de l'album qui aborde le monde sous un angle différent. J'ai eu l'impression d'être entendue, comprise sur plusieurs sujets pour lesquels j’ai pu m’identifier aux paroles. Qu'avez-vous fait pour que ce soit si personnel pour autant de gens ?
Je pense qu'il fallait qu'on soit ouverts sur ce qu'on traverse, parce que beaucoup de choses sont similaires aux vôtres. Où que l'on soit dans le monde, évidemment, comme en Amérique ou en France... Je pense que nous avons tous beaucoup plus de points communs que de différences. Le plus important est simplement de pouvoir en parler, et nous sommes beaucoup plus ouverts sur nos difficultés et nos histoires. Encore plus que sur nos précédents albums. Je pense que j'ai appris en vieillissant que les gens se connectent à la musique, ils apprécient la musique, mais les paroles, c’est autre chose. Je fais en sorte que les gens puissent revenir écouter une chanson toute leur vie. Surtout si on essaie de traduire les paroles ou de parler un peu anglais, c’est encore plus fort, autant pour ceux qui nous écoutent que pour nous.


Le travail d’ouverture d'esprit, la capacité de pouvoir parler des difficultés et de tout ce à quoi on est confronté, et même l'idée d'avoir des points de vue différents à aborder dans ses textes, est-ce venu naturellement ?
Je dirais que c'est devenu assez facilement cette fois-ci. Comme je le dis toujours, en vieillissant... Je suis âgé, tu sais (rires)… Je pense que parler de ces choses devient plus facile, parce que quand j'étais plus jeune, dans la vingtaine et genre à la fin de l'adolescence, je me disais : « Je ne veux pas parler de mes émotions. Je ne veux pas aborder ma vie intime. » Et je pense que c'est très courant. J’ai aussi trouvé un moyen d'exprimer ce que je traverse. Parfois, c'est difficile de mettre des mots sur ce qu'on ressent. Et je pense qu'à mesure qu'on écrit de plus en plus de musique, ces choses-là sont facilitées.

L’album a été écrit dans un contexte politique assez difficile, fin 2024. Et celui-ci ne s’améliore pas depuis  aux États-Unis
Effectivement… On a remarqué qu'à chaque fois qu'on jouait en France, il y avaot une manifestation dans les rues. J'admire ça en France : quand il y a un problème, vous agissez.

Le Français aime bien manifester, on ne peut nier notre réputation, c'est merité (rire) ! Mais dans les paroles des chansons de ce nouvel album, je ne vois pas beaucoup de lueur optimiste dans la possibilité que ce monde puisse s'améliorer. Y a-t-il un message d'espoir caché quelque part ?
C'est tellement difficile pour moi d'imaginer que politiquement, aux États-Unis en particulier, les choses puissent s'améliorer... J'ai l'impression que les gens sont tellement perdus et occupés à se battre les uns contre les autres, au lieu de combattre le gouvernement. Je n'appelle pas à faire des folies, mais comme je l'ai dit, j'admire la façon dont la France proteste quand elle a des problèmes. L'Amérique ne fait pas vraiment ça, surtout pas vis à vis du gouvernement. On ne voit pas beaucoup de grandes manifestations. Il y a de petits rassemblements, c'est vrai, mais de grandes manifestations, comme quand on déclenche des guerres contre des pays qui ne le méritent pas... J'ai tellement de mal à garder espoir, car je ne vois pas assez de sensibilisation. Ils nous font nous battre pour des broutilles, comme le prix de l'essence, chaque fois qu'il y a d'autres problèmes gigantesques. On a l'impression qu'ils s'en servent pour nous détourner des problèmes plus essentiels. Mais c'est aussi parce qu'on ne regarde pas plus loin, qu'on ne voit pas ce qui se passe autour de nous, et qu'on devient de plus en plus égoïstes. C'est dommage parce que finalement, le sujet de l'album, c'est que les Américains arrêtent de parler au sein de leur famille à cause de leur vote et qu'ils laissent des politiciens qui ne se soucient même pas d'eux ruiner leur famille et leurs relations. Et ça, c'est valable pour tout le monde, peu importe pour qui on vote. Les politiciens s'en fichent. Ils ne se soucient de vous que si vous votez pour eux. Et c'est à peu près tout.

Espérons alors que cet album parlera suffisamment aux gens et réveillera certaines consciences.
Oui, on en a sérieusement besoin en ce moment. On croise les doigts, on croise les doigts.

Y a-t-il un détail dans l'album que personne n'a remarqué et que vous aimeriez souligner ?
Il y a un détail amusant concernant le titre "TECHNIUM" : c'est la seule chanson qui n'a pas été enregistrée avec les autres, ce qui n'est pas surprenant puisqu'elle est sortie plus tôt, mais elle a été enregistrée avec Landon (Tewers, de THE PLOT IN YOU, NdlR), qui a également chanté dessus. On est amis avec Landon depuis longtemps et on lui a donc dit : « Hé, Landon, on sait que tu es en studio. Tu veux enregistrer des instruments et des voix ? » Et les choses se sont faites très naturellement. Landon est un chanteur incroyable.


L'album a été produit par Daniel Bronstein, qui a notamment travaillé avec SPIRITBOX, DAYSEEKER et INVENT/ANIMATE entre autres. Comment s'est passée la collaboration et avez-vous d’autres projets communs pour l'avenir ?
C'était incroyable de travailler avec lui. On a vraiment envie de remettre ça. Il sait ce qu'il fait. Tous les groupes avec lesquels il travaille en ce moment sortent les meilleurs albums de leur carrière. Quand on était en studio, on a aussi fait trois chansons inédites qui sortiront en singles plus tard.

Concernant le featuring avec Chris Motionless de MOTIONLESS IN WHITE, "Witness the End”. Peux-tu me dire comment cette collaboration s'est concrétisée ?
On venait de faire une tournée en 2022 ou 23. Je crois que je perds le fil des années, ou 24… bref, on a fait une tournée avec eux aux États-Unis. C'était la première fois que je le rencontrais vraiment. Et c'est quelqu'un de vraiment sympa. Et puis, on a aussi assuré la tournée européenne avec eux. On est devenus vraiment amis et sur la chanson "The Witness The End", j'ai tout de suite pensé que sa voix collerait bien. Ce n'est plus quelque chose qu'il fait souvent dans son style de musique. Du coup, j'ai pensé que ce serait vraiment unique d'avoir non seulement Chris sur une chanson, mais aussi un style vocal qui n'est pas typique de ce qu'il fait dans MOTIONLESS IN WHITE. Et je trouve qu'il a été incroyable sur cette chanson.

Il l’est, le titre est génial. A-t-il participé à l’écriture ?
Non il était déjà tellement occupé. J'ai tout écrit et je lui ai tout envoyé. Evidemment, ensuite, il a apporté sa touche personnelle à la façon dont il a interprété certaines parties, parce que c'est Chris et qu'il sait des choses que j'ignore. Il a ajouté des trucs vraiment sympa.

Et le prochain artiste avec qui tu aimerais collaborer ou faire un featuring, ce serait qui ?
J'adore le chant de Noah Sebastian (chanteur du groupe BAD OMENS, ndlr), comme tout le monde sur Terre (rires) ! Je pense que ce serait vraiment cool de l'avoir sur une chanson. C'est pareil avec Courtney (Laplante, ndlr) de SPIRITBOX, ils sont tous les deux parmi mes chanteurs préférés du moment. Je sais que c'est très générique, et que tout le monde le dit, mais il y a une raison pour laquelle tout le monde le dit.

La tournée Lonely God commence fin octobre. Comment préparez-vous celle-ci ?
On veut faire les choses différemment maintenant. Comme on l'a fait avec l'album. On veut ajouter des éléments théâtraux de nos clips à notre concert. On travaille sur des trucs, mais on peut juste promettre à nos fans que ce sera un vrai spectacle. Pas seulement nous qui jouerons la musique, mais une expérience complète. Et il y aura bientôt une tournée européenne en tête d'affiche. On en reparle très vite !


Peux-tu me donner quelques titres de ta playlist actuelle ?
J'adore le nouveau ERRA "Glory of Being". Je trouve que c'est un super morceau. Je l'ai beaucoup écouté ces derniers temps. "No Loss, No Love" de SPIRITBOX est aussi sur ma playlist. J'adore ce morceau. Il y a aussi cette chanson de BRING ME THE HORIZON, "A bullet with my name on". Je ne sais pas pourquoi je n'arrête pas de l'écouter. J'adore son côté rétro. Et ça me rappelle l’ancien UNDEROATH. J’ai aussi fait un gros retour en arrière avec "Wake the Dead" de COMEBACK KID. Il était déjà dans une playlist et je me suis dit : « j'avais oublié à quel point ce morceau était bon. » Et puis je l'ai réécouté. C'est comme une toute nouvelle découverte de ce morceau.

Blogger : Sonia Salem
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Sonia Salem
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