6 août 2025, 19:17

LABELS ET LES BÊTES

"Le coté obscur de la force métallique" - épisode 94


Pendant que vous vous trémoussez sur le tube de l’été au camping des Flots Bleus (si, si, on vous a vus !), vos aventuriers de l’extrême n’hésitent pas, eux, à braver les territoires hostiles pour vous dégoter du son gras que vous apprécierez tout de même, le crépuscule venu. Pour vous désensabler les oreilles, Clément, Crapulax et Aude vous proposent une sélection de titres grâce auxquels vous pourrez vous passer de cotons-tiges. Inutile de nous remercier, c’est bien sûr cadeau, comme d’habitude.
 

NAIL BY NAIL : « Embraced By Darkness » (War Anthem Records)

« Embraced By Darkness » : quel titre approprié pour un album de black metal lugubre et profond. NAIL BY NAIL, quintet allemand formé en 2023 sort ici sont premier album composé de six titres oppressants. Si "Born In Total War" donne tout de suite le ton apocalyptique de l’album, le plus mélodique et enivrant "Crooked Nails" n’en laisse pas moins une vision sombre avec un rythme lourd et des vocaux caverneux.
"Cosmic Fire", blasté, dévastateur, fait la part belle à un true black sans concession, imposant, sans limite. L’intro légère au piano de "Frozen Tomb" peut alors surprendre mais les riffs pesants qui s’ensuivent nous rassurent vite sur les intentions vertigineuses à venir. De la même façon, les riffs heavy de l’intro de "Embraced By Darkness" nous emmènent vers la fausse piste de la lumière au bout du tunnel car il s’agit d’un titre tout aussi diabolique que les précédents.
​Enfin, les  growls graves de "Dagger Nights" donnent toute la dimension dark à un album des plus riches et réussis. NAIL BY NAIL fait partie de ces noms à retenir car avec ce premier « Embraced By Darkness », il ouvre grand les portes du succès. A suivre donc.
(Aude Paquot)


IMPERIAL CRYSTALLINE ENTOMBMENT : « Abominable Astral Summoning » (Debemur Morti Productions)

Si la horde américaine IMPERIAL CRYSTALLINE ENTOMBMENT existe depuis 2003, il s’est écoulé vingt ans entre leur premier et leur second album. « Abominable Astral Summoning » marque donc ici la suite de la renaissance du groupe, avec en plus un cinquième membre désigné par le Dieu ancien Råvaskieth. Car oui, IMPERIAL CRYSTALLINE ENTOMBMENT se revendique vecteur d’un message astral, étant eux-mêmes les seuls instruments du groupe, ces derniers n’étant pas officiellement assignés. Alors que faire de ces infos ?
Les prendre comme un moyen de produire un black metal extrême, agressif, glacial, les onze titres de ce troisième album ne laissant aucun répit à un auditoire pris dans un tourbillon de riffs et rythmes blastés. Entre avalanche apocalyptique, vide arctique et mort cryogénique, le blizzard souffle un froid dévastateur. Les guitares sont acérées voire dissonantes et les vocaux sont déchirés sur un true black hanté par un fantôme enrobé de givre. Cela donne une atmosphère pénétrante ou contondante, au choix, sans laisser aucune place ni à la douceur, ni à la lumière.
Brut, incisif, « Abominable Astral Summoning » devrait plaire aux plus furieux d’entre vous.
(Aude Paquot)


BEHEADED : « Għadam » (Agonia Records)

Mine de rien, cela fait plus de trois de décennies que les Maltais matraquent avec délice les esgourdes à grand renfort d’un death metal brutal et incisif à souhait. Le groupe a toujours su faire évoluer son style au fil des ans pour toujours rester dans le coup. Et ce septième album en est la plus belle preuve. Virulent, puissant, technique, ce dernier garantira à coup sûr son lot de sensations fortes à l'amateur.
Et le doublé d’ouverture " Hands Of Eternity " / "IXtrajt l-infern " donne un bon aperçu de ce que les natifs de Figura ont dans le ventre. Un death metal viril et moderne, qui ne rechigne pas cependant à respecter la tradition avec quelques solos ciselés de main de maître. Je passe rapidement sur la section rythmique qui avoine et les parties de batterie qui se font un malin plaisir à insuffler ce fameux "esprit" propre aux formations New-Yorkaises comme SKINLESS ou SUFFOCATION. Le quintet ne fait pas dans la dentelle, jonglant entre envolées brutales et parties plus calmes, rythmiques écrasantes qui croisent le feu avec quelques blasts savoureux.
La recette fonctionne ici à merveille. La production dantesque signée par le batteur Davide Billa joue également un rôle important dans la tenue impeccable de l’album. Tout comme l'artwork obscur, mystique de Raffaele Montepaone qui vient ajouter ce petit plus non négligeable à l’ensemble. En un mot : imposant !
(Clément)


MALFORMED : « Confinement Of Flesh » (Dark Descent Records)

La valeur n’attend pas le nombre des années. Formé il y a trois ans du côté d’Helsinki, le groupe n’est pas vraiment du genre à prendre son temps pour dégainer les armes. Et son premier album est une réussite aussi bien sur le fond que sur la forme et ravira ceux qui se régalent d’un death metal en mode rouleau-compresseur. Car ici rien n’est laissé au hasard. D’abord sur le fond : enveloppé dans une production monstrueuse avec du riff brise-nuques par palette de douze, des parties de batterie et de basse destructrices, le tout étant rehaussé de quelques solos distillés avec doigté par Aksell Lindroos ! Le constat est clair : ces trente-trois minutes taillées à la serpe ne laissent aucune place à l’approximation. Tout est ici réglé au millimètre, rien ne dépasse : ça tabasse sec !
Quant à la forme, celle-ci n’est pas en reste : l’artwork evil à souhait ici troussé de main de maître par ce cher Skaðvaldur (plus d’une soixantaine d’artworks à son actif !) entraîne l’auditeur dans des lieux bien peu fréquentables. Chacun des acteurs engagés dans la conception, fond comme forme, de « Confinement of Flesh » apporte sa patte avec classe sur cet album qui frappe un grand coup là où ça fait mal. La recette est connue, certes, mais elle est ici délivrée avec un savoir-faire et une ferveur qui forcent le respect.
(Clément)


RECORRUPTOR : « Sorrow Will Drown Us All » (Time To Kill Records)

Quand on se trouve devant le stand des fruits et légumes du supermarché, on ne se précipite jamais vers l'abricot ou le brugnon trop mur, talé de partout et constellé de tâches de moisissures et de chiures de mouches. Non, on le choisit de préférence beau, lisse et coloré. Avec les pochettes d'album, c'est un peu pareil : peu de fans vont se précipiter vers celles les plus moches, réalisées au crayon de couleur bon marché probablement par un des membres du groupe ou un proche dont le niveau graphique est ce qu'il y a de moins pire dans le quartier.
En ce sens RECORRUPTOR est visuellement passé maître dans l'art de donner envie d'aller voir ailleurs, or cela serait une erreur à ne surtout pas commettre car musicalement parlant le groupe du Michigan est d'une violence rare, portée par un batteur qui ne ménage pas sa peine ("Within The Vault", "Bearing The Befouled Spawn"), c'est le moins qu'on puisse dire. Proche de LORNA SHORE par son côté deathcore et de CATTLE DECAPITATION par son côté death metal, RECORRUPTOR s'engage dans une brutalité constante et oppressante, sûr de sa maîtrise instrumentale et de son niveau de destruction sonore. Assurément la pépite de l'été.
(Crapulax)


STARLIT PYRE : « Veins Of Sulfur » (Indépendant)

Quand on pense que ce « Veins Of Sullfur » est juste le premier essai de ce petit nouveau de la scène bordelaise, formé qui plus est cette année : on peut dire qu'ils n'ont pas chômé !
STARLIT PYRE se présente en réalité comme un condensé de membres tous anciennement issus de groupes de la même ville (CARBON SEED, TEMNEIN). Des musiciens chevronnés donc, capables de jouer et de passer derrière la console ou d'appeler des amis à la rescousse pour taper des soli. Résultat : un EP de 4 titres de death mélodique à la DARK TRANQUILLITY ("On My Own") petit mais costaud, aux compositions bien équilibrées avec de surcroît une production qui n'a rien à envier aux studios de Göteborg !
"Veins Of Sulfur" transpire la parfaite maîtrise technique et le désir de bien faire dans la minutie apportée à tous les stades de la construction de cet EP, très abouti pour un début. Cela en est même choquant !
Alors oui, il n'y a que 4 titres mais c'est bien suffisant pour mesurer à quel point STARLIT PYRE peut atteindre les sommets du made in France ("Solar Rays").
(Crapulax)

Blogger : Aude Paquot
Au sujet de l'auteur
Aude Paquot
Aude Paquot est une fervente adepte du metal depuis le début des années 90, lorsqu'elle était encore... très jeune. Tout a commencé avec BON JOVI, SKID ROW, PEARL JAM ou encore DEF LEPPARD, groupes largement plébiscités par ses amis de l'époque. La découverte s'est rapidement faite passion et ses goûts se sont diversifiés grâce à la presse écrite et déjà HARD FORCE, magazine auquel elle s'abonne afin de ne manquer aucune nouvelle fraîche. SLAYER, METALLICA, GUNS 'N' ROSES, SEPULTURA deviendront alors sa bande son quotidienne, à demeure dans le walkman et imprimés sur le sac d'école. Les concerts s'enchaînent puis les festivals, ses goûts évoluent et c'est sur le metal plus extrême, que se porte son dévolu vers les années 2000 pendant lesquelles elle décide de publier son propre fanzine devenu ensuite The Summoning Webzine. Intégrée à l'équipe d'HARD FORCE en 2017, elle continue donc de soutenir avec plaisir, force et fierté la scène metal en tout genre.
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