7 août 2025, 19:24

PRIMAL AGE

Interview Didier (chant)

Blogger : Clément
par Clément


Pionnier de la scène hardcore-metal française depuis le mliieu des années 90, PRIMAL AGE incarne à merveille l'illustration du terme "abnégation". Ayant lutté contre vents et marées liées aux différentes évolutions du style, le groupe revient aujourd’hui sur le devant de la scène avec un nouvel album tout en muscles : « Until The Last Breath ». qui résume à lui seul sa philosophie, ne rien lâcher et ce... jusqu’au bout. Didier, son chanteur émerite, est revenu avec HARD FORCE sur ce nouveau parpaing mais pas que...
 

PRIMAL AGE vient de marquer son grand retour il y a quelques semaines avec la sortie de son quatrième album : « Until The Last Breath », quels ont été les premiers retours des fans à son sujet ?
Les retours sont unanimes dans le bon sens, aussi bien pour le single que pour l'album en lui-même. Cela fait chaud au cœur, c'est très positif et au-delà de ce que nous pouvions en attendre en retour, lorsque que tu sors un nouveau disque, c'est un retour à zéro comme si tu n'avais rien fait avant, une page blanche à noircir. C’est pourquoi nous avons pris notre temps et beaucoup travaillé pour cet album. Et les retours des médias nationaux, internationaux mais également ceux des fans sont vraiment très bons, ce qui nous motive encore plus pour le défendre désormais sur scène.

« Until The Last Breath » propose avec brio ce que le groupe maîtrise avec doigté : ce hardcore metal "slayeresque" qui envoie parpaing sur parpaing...
Oui, mais pas que ! En effet, nos influences sont très portées sur SLAYER pour le côté metal. Mais nous avons toujours voulu conserver le feeling hardcore edge qui représente à merveille les racines de la formation lors de ses débuts, avec des légendes comme MORNING AGAIN, EARTH CRISIS ou encore STRIFE, Je pense que d'autres titres de l'album pourraient très bien illustrer ce qu’est PRIMAL AGE en 2025 tels "Voiceless Ones" ou "No Regrets".

"Madness", interlude instrumental calé au milieu de l’album, dénote des autres titres par son approche mélodique et apaisée...
Nous avons toujours voulu caler un interlude instrumental dans tous nos albums et EPs. Tout simplement car cela permet à l'auditeur de souffler un peu avant de reprendre une claque jusqu'à la fin ! Quant au titre "Madness", il illustre parfaitement la folie actuelle dans laquelle le monde s'engouffre à grand pas. Cela nous dépasse parfois même...

La production de Guillaume Doussaud aux Swan Studios est puissante et incisive, donnant toute sa dimension à la rage de PRIMAL AGE...
Guillaume Doussaud avait déjà enregistré notre album précédent, « Masked Enemy », sorti en 2021. Il travaille de son côté avec le renommé Alan Douches (West West Side Music New York) pour le mastering. Nous avons été très satisfaits du résultat produit sur « Masked Enemy » donc nous souhaitions reprendre la même équipe pour cet album. La collaboration s’'est très bien déroulée, Guillaume sait exactement où il veut emmener le groupe pour ensuite transmettre un bon mixage afin qu'Alan Douches puisse finaliser le mastering et que le résultat soit à la hauteur de nos attentes. Comme tu le dis dans ta question, à ce titre le son est incisif et puissant. Et représentatif de ce que le groupe a à offrir sur scène.

Cet album n’est "que" le quatrième alors que le groupe est riche de plus de trente années d’existence... comment l’expliques-tu ?
Nous n'avons pas subi de pression de la part des labels avec qui nous avons travaillé jusqu'à présent. Comme nous ne sommes pas professionnels, la musique n'est pas notre métier, cela signifie que nous ne sommes pas soumis à une quelconque rentabilité. J'ajouterais que nous avons toujours voulu aussi prendre notre temps pour sortir ce que nous aimons, pour être en phase avec nos convictions. Il y a eu aussi un break entre 2000 et 2005 qui a été occasionné par la sortie d’un autre projet : xABSONEx, qui a existé pendant une période assez courte. Ce dernier comportait quasiment le même line-up que PRIMAL AGE. Je suis venu après l'enregistrement de l’EP, le chanteur ayant décidé de ne pas faire la tournée. Ce projet s'est finalement arrêté et nous avons évoqué l’idée de remettre PRIMAL AGE sur pied en 2005 avec la réédition du premier EP « Light To Purify ». C’est à ce moment-là que la dynamique et l'engouement des médias et du public a repris et ne s’est jamais arrête depuis !

PRIMAL AGE est reconnu pour son activisme sur des sujets comme le véganisme, les droits des animaux, les travers de notre société de consommation. As-tu encore un peu d'espoir en notre humanité, en l’espèce humaine ?
Malheureusement et je parle en mon nom propre, je pense que c'est mal parti. Nous le voyons aujourd'hui avec les catastrophes naturelles, inondations, tsunamis, orages violents, cyclones meurtriers et autres tremblements de terre. La nature reprend ses droits et nous payons, subissons ce que nous avons détruit depuis de nombreuses années. La consommation excessive reste la priorité de l'être humain, que ce soit en termes d'images, de musique, de concerts, de nourriture, l'être humain veut tout et tout de suite en grande quantité mais sans finalement en profiter. À notre échelle, nous le voyons, nous avons mis le pied sur la pédale pendant un an pour nous consacrer à l'album et nos fans s'impatientaient de savoir quand celui-ci sortirait sans avoir à l’esprit le temps, l'énergie, l'argent que cela implique. Je le constate aussi lors des concerts, les gens ne prennent plus le temps de vivre l'instant à fond car ils savent que le groupe reviendra l'année suivante encore et encore en tournée. J'aimerais bien connaître une véritable statistique sur le nombre de personnes qui ont perdu la vie à cause des catastrophes citées plus haut par rapport à il y 20 ans. Je pense que le chiffre serait impressionnant. Mais ce n'est que ma propre opinion et vision de ce monde actuel.

Dans ma chronique de la sélection du mois de juin, je disais en évoquant l’album : « pas forcément frondeur au point de bouleverser les codes du genre, il n'en demeure pas moins résolu à tirer son épingle du jeu avec l’ambition de frapper une nouvelle fois juste et fort ». Penses-tu qu’il soit possible de faire sauter les lignes dans un genre aussi "codifié" que le vôtre ?
Tu as raison, nous ne cherchons pas à changer les codes d'ailleurs, je pense que nos fans ainsi que les médias pourraient être surpris dans le mauvais sens si nous le faisions. Nous essayons toutefois d'apporter un petit renouveau tout en gardant notre trame et la genèse du groupe qui nous caractérise si bien. Nous n'avons jamais voulu suivre les modes dans les différents styles de metal que nous avons vu arriver et qui, pour la plupart, n’ont pas survécu bien longtemps. Changer à tout prix pour suivre un courant ou un style parce qu'il est en vogue sur le moment, cela n'est tout simplement pas sincère.

A ce sujet, la scène hardcore/metal française avait été exposée au grand jour avec la compilation « The Nightmare Remains... In This Other Land - A French Hardcore Document » paru chez Overcome Records en 1998. Vous y aviez contribué avec deux morceaux. Comment définirais-tu l’état de celle-ci aujourd’hui ? Est-elle aussi riche qu’à cette époque ?
Elle est différente bien sûr, aujourd'hui la scène française reste très prolifique et très riche, mais avec cinq fois plus de groupes qu’à la période de la compilation sortie par Overcome. Il me semble cependant difficile pour que cette scène soit autant soudée comme cela pouvait être le cas à l'époque. Il y avait alors de réelles affinités qui se créaient. Une entraide, une cohésion palpable. Je la retrouve parfois aujourd’hui mais avec moins de force car tout le monde veut se faire une place sur le devant de la scène avec un esprit de compétition accentué.

Parlons du futur, vous allez prochainement prendre la route pour promouvoir cet album (dates à retrouver sur la page facebook du groupe), à quoi doit-on s’attendre lorsque l’on voit PRIMAL AGE sur les planches ?
C’est assez simple : ÉNERGIE, PUISSANCE, PASSION, COMMUNICATION avec le public afin de partager ce que l'on aime avant tout : la même musique !

En plus des Pays-Bas, de la Belgique et de la France bien entendu, vous vous rendrez pour trois dates au Chili au mois d’octobre, comment avez-vous obtenu cette opportunité ?
Nos amis d’ARKANGEL ont déjà joué là-bas, nous avons vu quelques-unes de leurs vidéos et pris contact avec le promoteur qui nous connaissait déjà. Ce dernier constitue un clan "vegan straight edge" qui organise beaucoup de dates de festivals, nous avons alors échangé ensemble et cela s'est fait rapidement. Nous attendons encore un peu pour communiquer une fois la validation des dates en poche. Il y a également une grosse communauté Vegan Straight Edge pour laquelle nous allons jouer le 17 octobre, qui est la journée mondiale du mouvement Straight Edge.
Nous sommes impatients d'y aller et nous aurions d’ailleurs pu en profiter pour faire un autre pays frontalier en plus, mais pour des raisons de logistique nous sommes restés concentré sur le Chili. Nous avons aussi reçu d'autres propositions que nous allons étudier car c'est très excitant d'aller jouer loin de chez nous même si écologiquement ce n'est pas la panacée, je dois le reconnaître.

PRIMAL AGE est déjà actif depuis plus de trois décennies, c’est un âge respectable... quels sont les souvenirs qui te viennent à l’esprit lorsque tu regardes dans le rétroviseur ?
Merci. Il y en a plein : des bons comme les mauvais, je fais référence à notre première tournée lointaine au Mexique qui nous a soudé plus que jamais. Le Japon reste aussi une tournée très marquante et nous espérons pouvoir y retourner. Je dirais donc en synthèse : beaucoup de superbes rencontres, des dates mémorables dans certains festivals mais également dans des cafés-concerts, des petits clubs...

Qu’est-ce qui entretient cette flamme, cette motivation, cette envie d’aller de l’avant au fil de toutes ces années ? Est-ce que l’actualité, qui n’incite pas vraiment à l’optimisme, nourrit aussi cette fameuse flamme ?
Je pense que c'est la passion, comme pour les autres membres qui sont vraiment passionnés par cette musique et par leur instrument également. C'est une fierté d'avoir construit tout cela en ayant un job pour en vivre à côté, cela a impliqué beaucoup de sacrifice de temps mais pas mal de joie, de fous rires et de bonheur tout simplement. Si l'actualité nous incite à poursuivre, nous pourrions faire encore de la musique pour au moins 30 ans de plus !

Didier, on te remercie pour ce moment très intéressant...
Merci à la rédaction de HARD FORCE pour cette opportunité d’interview. Nous remercions tous les gens qui ont contribué à ce que cet album puisse sortir, nous avons hâte de la défendre sur scène et nous espérons voir beaucoup de monde partager cela avec nous...
 

Blogger : Clément
Au sujet de l'auteur
Clément
Clément a connu sa révélation métallique lors d'un voyage de classe en Allemagne, quelque part en 1992, avec un magazine HARD FORCE dans une main et son walkman hurlant "Fear of the Dark" dans l'autre. Depuis, pas une journée ne se passe sans qu'une guitare plus ou moins saturée ne vienne réjouir ses esgourdes ! Etant par ailleurs peu doué pour la maîtrise d'un instrument, c'est vers l'écriture qu'il s'est tourné un peu plus tard en créant avec deux compères un premier fanzine, "Depths of Decadence" et ensuite en collaborant pendant une dizaine d'années à Decibels Storm, puis VS-Webzine. Depuis 2016, c'est sur HARD FORCE qu'il "sévit" où il brise les oreilles de la rédaction avec la rubrique "Labels et les Bêtes"... entre autres !
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