
J’ai été tenté, je l’avoue, par jeu et par provocation, d’écrire cette chronique avant le concert. Après tout, ne connaissait-on pas déjà à l’avance ce que l’on venait voir ? Que ce soit sur YouTube ou les réseaux sociaux, la tournée européenne de cet été (ou la tournée américaine du printemps, ou la tournée européenne de l’été 2024), y a largement été documentée, partagée et critiquée.
L’exercice paraissait facile et amusant. J’aurais écrit, en compilant ce que j’en ai vu, entendu et lu, que la set-list n’a quasiment jamais changé depuis la première date en Allemagne en 2024, qu’à part Angus (très en forme) et Brian Johnson (qui n'a plus beaucoup de voix), ce n’est plus vraiment AC/DC, que le light show est beau, mais sans surprise et sans rien d’extraordinaire non plus, observations globalement confirmées par ce que j'ai pu voir moi-même à l'Hippodrome de Longchamp il y a un an, quasi jour pour jour.
J'aurais écrit aussi que l'organisation au Stade de France est excellente, sans commune mesure avec le fiasco de l'an passé, que le prix du merchandising est scandaleux, que les cornes lumineuses, c'est beau mais c'est cher, que les verres collector, c'est beaucoup de plastique pour surtout sur-facturer 2 euros une bière déjà hors de prix et pas très bonne (j'en bois pas), que le son au Stade de France, c'est nul, sauf en Pelouse Or. J'aurais écrit tout ça et tout un tas de choses convenues, et souvent vraies.
Mais c'eut été faire abstraction de l'essentiel : l'émotion. L'émotion de profiter pendant 2h20 d'un des plus grands groupes de rock de l'histoire, une fois encore, de profiter d'une sélection de titres magnifique, d'entendre un son de guitare mythique qui même au Stade de France nous rentre dans le ventre, de voir la joie sur les visages des gens (de 3 à 80 ans). En somme, de profiter de la vie et de tout ce qu'elle nous offre.

Alors, oui, je suis d'accord, cette mouture 2024-2025 d'AC/DC n'est plus celle qu'on a connue, les tempos sont ralentis, Brian Johnson (bien que dans un très bon soir) fait beaucoup de peine sur quelques titres (c'est très compliqué sur "Thunderstruck", par exemple), mais franchement, quelle importance ?
C'était si bon de voir Angus habité (comme d'habitude), Brian avec le sourire jusqu'aux oreilles, d'entendre "If You Want Blood (You've Got It)" en intro encore une fois, et des versions fantastiques de "High Voltage", "Dirty Deeds Done Dirt Cheap", "Riff Raff" et les coups de canons de "For Those About To Rock (We Salute You)". Et j'en passe tellement...
Alors, à quoi juge-t-on un concert finalement ? A tout un tas de critères "objectifs" ou à l'émotion ressentie par ceux qui y assistent ?
Dans le premier cas, pas besoin de se déplacer, tout est montré, écrit, décortiqué.
Mais dans le deuxième cas, le plus important selon moi, c'est incontestable, ce 9 août 2025, AC/DC a donné, encore une fois, un excellent concert à Paris.
Photos © Céline Kopp : Portfolio
