C’est toujours un événement en soi pour les fans de viking/black/folk metal, quand MÅNEGARM livre une nouvelle œuvre. Voici « Edsvuren ». Avec en bonus cette année la célébration du trentième anniversaire de carrière pour ces Suédois prolifiques. Car oui, là on parle de pionniers du genre qu’on ne présente plus.
Dès "I Skogsfruns Famn", avec Lea Grawsiö Lindström, la fille d'Erik Grawsiö, nous retrouvons le son typique de MÅNEGARM. Guitares rageusement lancinantes pour une rythmique qui tape le sol lourdement tels les sabots d’un régiment de cavalerie, et ces voix qui s’affrontent dans leur dualité, growl versus hurlements aigus et chœurs sensuels. Et une touche de violon bienvenue en bonus, les vikings n’ont plus à faire leurs preuves, ils naviguent toujours entre black sauvage et folk mélodieux. Voilà une entrée en matière dans le plaisir pur. Hors de question toutefois de se reposer sur les lauriers d’un pilote automatique, voici qu’attaque "Lögrinns Värn", qui se fend d’un audacieux groove black metal façon EINHERJER, avec de somptueux soli heavy pur. Je peux imaginer que le rendu live sera sublime.
Place au cérémonial pagan. On chante le sang et la guerre dans "En Blodvittneskrans". On accélère le tempo également, riffs fracassés tandis que s’élèvent des notes de flûtes. Rageux ogres de barbarie ces MÅNEGARM ! En contrepoint nous voilà ravis et surpris par un "Rodhins Hav" à l’acoustique dépouillé porté par la voix elfique de Ellinor Videfors qui taquine celle d’Erik Grawsiö. Une halte drapée de velours dans un havre de paix entre deux raids furieux en somme. Une pause que complète "Till Gudars Följe" et sa texture de gigue de taverne. Bel enchaînement. Ensuite on reprend la direction des mers de l’aventure au son de "En Nidings Dåd". Roulis de riffs généreux et de chants chargés d’aspiration à être libre de toute contrainte. The viking way of live...
Voilà que les drakkars fendent à nouveau les flots impétueux. MÅNEGARM exécute "Hör Mitt Kall" sang pour sang black viking, avec un sens de la mélodie qu’aurait approuvé BATHORY. Puissance et grâce d’une temporalité que l’on s’accapare aisément et avec jouissance. "I Runor Ristades Orden" s’offre aux dieux sévères comme une prière folk à la féminité pénétrante, avant que ne déferle la vague indomptée "Skild Från Hugen" parsemée d’embruns au sel doucereux. Le fer et le miel. "Likgökens Fest" offre un choc frontal black cathartique sans préliminaires, il faut attendre le refrain pour être bercé de douceur pagan. Salutations distinguées avec "Edsvuren" porté par la voix de Liv Hope Lenard, puis berceuse intimiste en écho la complainte sans âge "Ofredsfylgjor". On s’est régalés.
Le vague à l’arme symbolise MÅNEGARM à travers son œuvre, cet album ne le dément aucunement. Une production de grande classe.
