31 août 2025, 15:44

VILDHJARTA

« + där skogen sjunger under evighetens granar + »

Blogger : Clément
par Clément
Album : + där skogen sjunger under evighetens granar +

Désormais redoutable trio originaire de Hudiskvall (bien qu’ayant contribué à la composition de certains morceaux, le guitarise Daniel Bergström a quitté le navire en mars 2025). Et cela Century Media l’a vite flairé pour la sortie du premier album groupe, « Måsstaden », paru en 2011 chez l’auguste label allemand. Conviant alors à la noce tout ce qui se faisait de plus féroce, quelque part entre metal et hardcore, le bestiau s’affichait sans détours comme une version plus sombre et monolithique d’un rejeton de MESHUGGAH gavé au djent. Du lourd, du gras, du dissonant et peu de place pour le reste où le matraquage et les ambiances obscures se dressaient en maître pendant plus de cinquante minutes.

De retour en 2025 avec sa nouvelle cuvée, « + där skogen sjunger under evighetens granar + », la formation reprend sa recette gagnante avec brio. L’intro instrumentale "+ byta ut alla stjarnor pa himlen mot plustecken +" ne laisse guère planer de doute sur les ambitions des Suédois : faire mal, mais faire mal avec une précision chirurgicale. Du noir, du gris, du goudron, du ciment, tout ce qui faisait la force des deux premiers albums est bel et bien toujours présent. Mais tout cela n’est qu’un avertissement avant que le tsunami "+ sargasso +" débarque avec ses riffs saccadés et sa section rythmique vindicative qui sont une nouvelle fois érigés en art de vivre ! Mais la démarche de VILDHJARTA ne se résume pas à un simple tour de force de bout en bout puisque le groupe sait aussi faire preuve de discernement comme sur "+ Två vackra svanar +" ou "+ Ylva +" par exemple où il dévoile une mélancolie certaine, avec une deuxième partie toute en atmosphères.

La frappe du batteur, Buster Odeholm, y est méthodique, chirurgicale et les ambiances insaisissables. Ne se refusant pas à l’utilisation de quelques blasts saupoudrés ci et là, ce dernier fait ici preuve d’une maîtrise indéniable. Tout comme le bassiste, aux abois, qui plaque ses parpaings avec de véritables doigts de fée diabolique. "+ där mossan möter havet +", "+ kristallfågel + » ou le single « + ? regnet, the ? » + » n’échappent pas à règle en érigeant eux aussi les dissonances comme autant de coups de boutoir douloureux. Et le meilleur est à venir avec l’épique et tout en nuances "+ stjarnblodning +" qui démontre toute l’étendue du talent de VILDHJARTA. Mais ce sont surtout les sept dernières minutes du finisher "+ den spanska kanslan +" (traduisible en "Spanish Fly" ou "Mouche Espagnole")  qui font rentrer le groupe dans les rangs des grands avec ses ambiances fantastiques et ses pirouettes rythmiques insensées en synonymes d’adieu. Et qui au passage colleront le frisson aux auditeurs les plus exigeants.

Polyrythmies fracassantes, marque de fabrique du son "Thall", dissonances meurtrières et riffs syncopés sont ici une nouvelle fois à l’honneur. Comme si les Suédois se plaisaient à casser le rythme en permanence pour en décupler sa force. Le djent protéiforme et envoûtant prodigué tout du long de cet album assurera sans hésitation son lot de sensations fortes pour les connaisseurs. De vraies montagnes russes musicales qui titillent les esgourdes en permanence, zéro stabilité, ça glisse où que l'on mette les pieds. Un vrai fatras de huit cordes et de percussions broyées dans un maelstrom furax d'où émerge les vocalises passées au papier à l’émeri de Vilhelm Bladin. Qui fait preuve, au passage, d’une belle aisance sur ses lignes de chant claires.

VILDHJARTA fait encore une fois preuve d’une maturité déconcertante, parvenant à assembler entre-elles les pièces d’un puzzle musical à priori insoluble pour en faire un ensemble cohérent. A ce titre « + där skogen sjunger under evighetens granar + » est un véritable labyrinthe truffé d'indices retors, de fausses pistes et de frénésies rythmiques. Un kaléidoscope de sensations tout bonnement fascinant, qui n'en reste pas moins une œuvre délicate à assimiler à l’écoute de ses structures tortueuses dont le but avoué est de faire régner la confusion. Une confusion entretenue par l'imposante production, réalisée de main de maître par le batteur et le guitariste qui sculptent ici un son puissant, profond et dense. Où chaque coup de baguette infligée sur les peaux résonne comme une claque, sourde et punitive. Où les guitares acérées renvoient en permanence d'inquiétants échos à une basse dantesque. Une évidence pour certains…une expérience unique pour les autres. A moins que cela ne soit finalement les deux.

Grandiose, tout simplement.

Blogger : Clément
Au sujet de l'auteur
Clément
Clément a connu sa révélation métallique lors d'un voyage de classe en Allemagne, quelque part en 1992, avec un magazine HARD FORCE dans une main et son walkman hurlant "Fear of the Dark" dans l'autre. Depuis, pas une journée ne se passe sans qu'une guitare plus ou moins saturée ne vienne réjouir ses esgourdes ! Etant par ailleurs peu doué pour la maîtrise d'un instrument, c'est vers l'écriture qu'il s'est tourné un peu plus tard en créant avec deux compères un premier fanzine, "Depths of Decadence" et ensuite en collaborant pendant une dizaine d'années à Decibels Storm, puis VS-Webzine. Depuis 2016, c'est sur HARD FORCE qu'il "sévit" où il brise les oreilles de la rédaction avec la rubrique "Labels et les Bêtes"... entre autres !
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