Originaires de Belgique, les membres de LVTHN se plaisent à cultiver une certaine discrétion sur leur identité, peu d’informations filtrant à leur sujet. Peu importe, puisque c’est ici la musique qui permet d’en savoir plus sur leurs obscures intentions. Et sur ce point-là, aucun doute n’est permis sur son contenu : noir, destructeur, insondable, qui, tout du long de 43 minutes aliénantes, se nourrit de ce qui se fait de plus extrême en la matière. Riffs dissonants, breaks hallucinés, climats hostiles : bienvenue en Enfer.
Et c’est au son d’un maelström de sinistres trémolos sur ce doublé d’ouverture "A Malignant Encounter – The Servant " / " A Malignant Encounter – The Master" qui en laissera plus d’un sur les rotules, que ce voyage inquiétant démarre. Intenses et sauvages, les guitares tournoient, la batterie, elle, est littéralement débridée, accompagnant sans jamais baisser la garde ce magma compact qui annihile toute forme de résistance. LVTHN écrase par ses changements de rythmes se mêlant aux embardées fulgurantes qui déchirent et lacèrent sans répit. Dire qu’il aura fallu attendre neuf ans pour savourer la parution de ce deuxième album qui fait suite à « Eradication of Nescience », fortement influencé par son collègue américain LEVIATHAN avec qui il partage quelques consonnes. Mais aussi ce sens inné destiné à délivrer un black metal dissonant à souhait, sans compromis, qui prend sa source dans des temps reculés. A ce titre « The Devil’s Bridge » n’est ni plus ni moins qu'un bombardement auditif sur lequel le quintet a encore élevé le niveau, menaçant les esgourdes d’un carnage en règle sur six brûlots destinés à nourrir ce feu meurtrier. Le groupe tranche net, avec minutie, pour imposer un rythme d’enfer à l’auditeur qui n’en demandait pas tant.
Les blasts tombent ainsi comme des flèches sur l’ennemi, la section rythmique est déchaînée mais ce qui fait tout le sel de ce nouvel album, ce sont bien ces riffs hypnotiques et ces mélodies vengeresses que les Belges distillent avec classe tout du long de cette quarantaine de minutes haute en couleurs (ce rageur "Grim Vengeance" qui donne envie de tomber la chemise en est une parfaite illustration). En tendant bien l’oreille, l’on notera ci et là quelques similitudes notables avec ce qui se pratique du côté de la scène Islandaise. Dans un style glacial, épuré, LVTHN tient la dragée haute à ses petits camarades et se montre plus incisif, impétueux en diable, envoûtant de la première à la dernière seconde. Bourrée d'accélérations abruptes et envoûtantes, la violence de son propos n'a d'égal que cette ambiance de fin du monde qu'il injecte dans chacun de ses riffs.
A priori moins dissonant et ténébreux que son prédécesseur, ce nouvel album se montre également moins immédiat à assimiler lors des premières écoutes. Ce qui ne l'empêche pas d’être toujours habité par ce sens du détail qui tue. Ici appuyé dans sa quête maléfique par une production dense, profonde ainsi qu’un artwork imposant signé par l’incontournable Adam Burke, ce nouveau méfait a des allures de pointure. De celles qui réjouiront les amateurs de black metal les plus exigeants.
