6 septembre 2025, 11:06

BLACKBRAID

"Blackbraid III"

Album : Blackbraid III

Je pourrais raconter que j’attendais l’été indien pour parler du nouveau BLACKBRAID, ce one man band amérindien, ce serait mentir, j’ai juste eu une grande flemme. Inexcusable quand on connaît la qualité des compositions passées. Voici le volume « III » des contes d'outre Atlantique.

BLACKBRAID, en langage black metal pour un initié, est un nom indien signifiant très certainement BATHORY. Voilà, c’est dit. Une preuve que les northmen ont bien foulé le continent des hommes à la peau rouge. Je développe, promis. L’introduction acoustique, aussi sèche que le crâne d’une momie, "Dusk (Eulogy)", contient dans les trémolos de ses guitares la patte d’un « Hammerheart ». Enchaînement direct avec "Wardrums At Dawn On The Day Of My Death", où la musique est tout sauf pacifique, blasts fou et balancements de basse profond, charges furieuses de riffs et un chant rugueux, vindicatif. Vu comme les hommes blancs leur en ont fait baver depuis qu’ils sont venus leur piquer des patates et du maïs, je peux comprendre cette réappropriation de leur héritage musical, exécuté avec une sonorité pagan très moderne, très similaire au black/viking metal originel. Donc oui, je suis persuadé que Quorthon approuve, assis dans le grand Hall en écoutant ce titre une corne d’hydromel à la main. Du black vikindien assez puissant pour fracasser tous les géants des glaces.
"The Dying Breath Of A Sacred Stag" déverse un torrent indomptable sur nos chevelure sauvages, enfin, celle que j’ai en rêve hélas. Ça fracasse peaux et cordes, ça hurle la rage de tout un peuple, toute une histoire. Le titre prend son temps et s’étale bien comme il faut en nous, jusqu’à gonfler nos sens d’un plaisir incomparable.

Oser comparer BLACKBRAID avec le canonique BATHORY n’est pas juste pour l’esbroufe. Quand tu écoutes "The Earth Is Weeping", tu évolues dans l’atmosphère authentique que peignait le chantre du black viking. Des bruissements végétaux et des chants animaux qui accompagnent une guitare sèche, la musique se dote d’une âme propre. "God Of Black Blood" est le rugissement de cette âme naissant dans la douleur, baptisée dans le sang des riffs entêtants et le battement d’un cœur indestructible tel celui du dieu du tonnerre. Nous sommes transpercés par cette voix antédiluvienne. Puis, se pose une nouvelle accalmie, "Traversing The Forest Of Eternal Dusk" sublime en musique la faune et la flore, une flûte, accompagné d’un solo inspiré, s’élèvent pour saluer la lune ronde et féconde. Les divinités oubliées écoutent cette ode à la nature avec nous, avant que ne surviennent la fresque "Tears Of The Dawn", 9 minutes de débauche d’énergie black metal aux saveurs guerrières et mélodiques, aux chants rugissants et intimistes. Une dualité de l’audace, une entité à la beauté et à la violence primale, une réussite sensitive.

"Like Wind Through The Reeds Making Waves Like Water" est une nouvelle transition acoustique, avant le grand final "And He Became The Burning Stars..." Pluie de riffs huileux et lourds, rythmique profonde et chant qui explose tout sur son chemin. Incroyable vécu que ces 9 minutes folles. On veut prolonger notre plaisir. "Fleshbound", reprise de LORD BELIAL, tombe à point. Une ultime charge dans les règles du genre, sauvage et sans limite.

Et de trois pour ce groupe. Incroyable est le talent de BLACKBAIRD. Déjà lors des albums précédents je l’affirmais, à présent je voudrais convertir un maximum d’auditeurs à cette nouvelle religion black/viking metal.

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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