
Groupe iconique de l’adolescence pour toute une génération, THE RASMUS a réussi à revenir sur le devant de la scène lors du Concours de l’Eurovision 2022 avec "Jezebel", mais aussi à garder l’élan fourni par ce single pour tourner dans toute l’Europe à nouveau, remplissant toujours plus de salles. La success-story ne s’arrête cependant pas là. Récemment signés sur le label Better Noise Music, le groupe finlandais revient avec « Weirdo », un album revenant à des sonorités plus heavy, sans perdre le côté rock alternatif efficace qui a fait sa renommée. Nous avons pu nous entretenir avec Lauri Ylönen, chanteur de la formation depuis 1995, et Emilia "Emppu" Suhonen, guitariste ayant rejoint THE RASMUS en 2024, pour parler de ce nouveau disque.
Comment vous sentez-vous pour cette nouvelle ère avec THE RASMUS ?
Lauri : Eh bien, d’une certaine manière, nous sommes un peu nerveux parce que quand on le lâche enfin, il n’y a plus de demi-tour possible pour faire de petits réglages. Je pense que si ça ne tenait qu’à nous, le processus serait sans fin. On ajouterait toujours une chanson, et ça ne serait jamais vraiment fini. Mais c’est comme ça, être artiste, je pense !
Emilia : Pour moi, cet album est particulièrement important, parce que c’est le premier album avec ce groupe pour lequel j’ai pu participer dès le tout début. Parce que quand j’ai rejoint le groupe, ils étaient déjà en train de faire l’album précédent, mais là j’ai pu participer dès le début. Là, je ressens vraiment que c’est notre album à tous les quatre.
Lauri : Et le groupe était un peu brisé, quand tu l’as rejoint. Notre guitariste venait de partir, et j’étais sur le point d’abandonner. Puis tu es arrivée et il n’y a eu que du positif après ça. Ça a fait une différence énorme. Tu as l’air de te sentir bien dans le groupe, et avec les gars, et ça change tout. Parce que c’est assez éreintant, notamment pour les journées de promotion comme celle-là, avec 18 interviews par jour pendant des semaines…
Emilia : En tout cas on a hâte !
Lauri : Oui, on a hâte !

Comment était le processus d’écriture, avec ce nouveau line-up ?
Lauri : Nous avons écrit la plupart des chansons en Grèce, où l’on a un studio sur l’île de Folegandros et où je suis déjà allé cinq fois pour écrire. J’y ai travaillé avec la légende Desmond Child, qui a bossé avec KISS, BON JOVI etc. Il m’y a invité pour la première fois il y a des années, et c’est devenu un peu notre lieu sacré pour l’écriture. C’est une petite ville très calme, c’est un bon endroit pour écrire.
Emilia : Il y a écrit 25 chansons ou quelque chose comme ça, puis nous nous sommes rassemblés pour choisir peut-être les 12 ou 13 meilleures, et nous avons réservé un studio avant d’aller enregistrer, parce qu’on avait très hâte. On voulait tester les chansons un petit peu. Ça, c’était en Finlande, avant d’aller à Nashville pour enregistrer vraiment. On passait notre temps là-bas, et on y dormait, et on travaillait 24 heures sur 24 et sept jours sur sept avec les chansons, en réfléchissant aux arrangements, en testant des trucs différents. Puis quand on est allés en studio, on a tout changé bien sûr (rire) !
Lauri : Ça dépend de comment tu rentres dans le morceau, de quand tu lis les paroles ensemble. C’est important que tout le monde dans le groupe connaisse bien les chansons, parce que ça sert pour rechercher le son qu’on veut à la guitare pour aller avec les paroles, ou juste pour travailler chaque chanson comme une œuvre d’art, tu vois ? Donc certaines chansons sont beaucoup plus heavy que tout ce qu’on a sorti auparavant, mais il y a aussi une chanson pop, ‘’Love Is A Bitch’’… On ne pouvait pas faire autre chose qu’une chanson pop avec celle-là (rire) ! Elle était faite pour être comme ça, et on y est allés. On a essayé d’avoir l’esprit ouvert, et d’aller avec le feeling du moment, et l’intention.
Est-ce la raison pour laquelle l’album sonne de manière générale un peu plus heavy que d’habitude, en tout cas sur le début du disque ?
Lauri : Je pense que c’est quelque chose qu’on voulait simplement essayer. Et puis ça reflète plutôt bien l’état du monde de nos jours. Les temps sont durs, il y a beaucoup de peurs et on s’est dit que ça s’y adaptait bien. Puis, personnellement, j’aime écouter de la musique plutôt heavy. J’ai redécouvert beaucoup de groupes que j’écoutais quand j’étais plus jeune, et ils me sont revenus. Il y a aussi toute la musique actuelle qui est produite comme ça, il y a un genre de nouvelle vague de rock et de metal.
Emilia : Il faut suivre son intuition quand on fait un album. Si un album veut être heavy ou hard, alors il faut le faire comme ça, et on ne sait pas ce que sera le prochain.
Je pense que le single que j’ai préféré est "Break These Chains". Quelle est l’histoire derrière cette chanson ?
Lauri : C’est une chanson qui parle d’une relation. Ça parle de laisser partir cette relation et de se dire qu’elle est mauvaise pour toi, même si tu y tiens. On pourrait dire que le sexe est bien, mais que c’est mauvais pour ton cœur (rire) ! Les gens tiennent vraiment à des choses qu’ils devraient laisser partir, et c’est difficile, parfois.
Emilia : On a eu Niko de BLIND CHANNEL également sur cette chanson, et j’ai l’impression qu’il a vraiment ajouté beaucoup. C’était super. C’est un super artiste, un super chanteur et c’est vraiment facile de travailler avec lui !
Vous avez aussi travaillé avec Lee Jennings de THE FUNERAL PORTRAIT sur "Weirdo". Comment était la collaboration avec lui ?
Lauri : Nous étions heureux de devenir amis avec ce groupe américain, parce qu’on a tourné avec eux en mai de cette année, en première partie de leur tournée américaine. On les a rencontrés via le label, car nous avons le même depuis que nous avons signé avec Better Noise Music. J’ai tout de suite senti une connexion avec lui, avant même de le rencontrer, en lui parlant par messages. C’est comme une âme sœur musicale, c’est un mec très gentil. Puis j’ai commencé à écouter leurs morceaux et j’ai trouvé leur chanson qui s’appelle ‘’Stay Weird’’, qui a presque la même idée dans les paroles que notre chanson ‘’Weirdo’’. Je me suis dit que c’était un signe.
Emilia : Et ils vont aussi faire notre première partie quand on tournera en Europe plus tard cette année. C’est très sympa de continuer comme ça !
Et est-ce que vous allez chanter "Weirdo" avec lui sur scène ?
Lauri : Oui, je le pense, mais c’est une surprise, il ne faudrait pas que je te le dise par inadvertance (rire) !
Emilia : On verra ce qui arrivera (rire) !

J’ai été surpris par la chanson "Banksy", parce que ça sort un peu de nulle part ! Pourquoi l’avoir choisie comme sujet pour une chanson aussi fun ?
Emilia : On a vu le travail de Banksy sur toutes nos tournées. Par exemple, l’autre jour quand on était en Angleterre, des fans voulaient nous montrer une de ses œuvres. Mais je pense aussi que tout le groupe l’apprécie en tant qu’artiste. Son travail est très politique, et est toujours réalisé de manière intelligente. Ce n’est pas du street art ordinaire, il y a toujours un sens derrière.
Lauri : Cette chanson est assez légère, c’est comme une chanson de fête.
Emilia : Elle est fun à écouter, mais encore plus fun à jouer !
Y a-t-il une chanson qui vous a posé peut-être un peu plus de difficultés sur l’album ?
Lauri : J’ai écrit une de ces chansons pour mon fils, qui a 17 ans. Je pense que c’est celle qui m’a le plus ému, parce que ça parle de ces 17 années à être parent, et à ne peut-être pas être le meilleur parent possible… En tout cas je n’ai pas été parfait. Et en gros, dans cette chanson je lui explique pourquoi et comment j’ai fait certains choix. Il va très bien, et j’ai une très bonne relation avec lui, mais c’est comme une confession que je lui fais. C’est difficile parfois quand les chansons sont si personnelles, mais elle a fini par être très bien, et j’adore cette chanson.
Quelle chanson correspondrait le mieux à votre humeur aujourd’hui ?
Emilia : Ah (rire) ! Je suis plutôt dans une humeur ‘’Banksy’’.
Lauri : Je suis plutôt dans une humeur ‘’Creature Of Chaos’’ (rire) !
Vous allez jouer en France très bientôt, que peut-on en attendre ? A part peut-être une apparition de Lee Jennings...
Emilia : Eh bien, nous allons jouer tous les hits du passé, bien entendu, car les gens veulent vraiment les entendre. Mais on jouera aussi beaucoup de chansons du nouvel album, et également des chansons du passé, que nous n’avons pas jouées depuis longtemps, qui sont presque de nouvelles chansons pour moi !
Lauri : Oui, on les a jouées très rarement ! On assemble la tournée depuis des semaines maintenant. On a beaucoup joué et répété, et on a beaucoup travaillé sur les lumières, les visuels, les écrans… On est très impliqués dans l’aspect visuel, car ça a toujours fait partie de l’image du groupe. Ce n’est pas que la musique, mais tout ce qui vient avec nous en tournée. Et puis on a aussi toute l’imagerie qu’on a construite au cours de notre carrière, si on remonte à ‘’In The Shadows’’ et tout ça… Il y a tous les visuels avec les corbeaux, et on peut remonter dans le temps avec les images aussi. On peut faire des sauts dans le temps de nostalgie, et je pense que ça plaira au public !
Comment décririez-vous votre relation avec le public français ?
Lauri : C’est une très bonne relation ! La dernière fois qu’on a joué ici (à la Maroquinerie, ndlr), c’était très petit et c’était complet.
Emilia : On était en sueur, et c’était rempli à craquer !
Lauri : La scène était très basse… Mais tu connais sûrement ! J’étais un peu nerveux à vrai dire (rire) ! Mais Emilia tu disais « c’est ma salle préférée » (rire) ! Le concert était si amical et puissant… C’était dingue ! Ce sont les gens qui font le concert, après tout. Et leur manière de nous recevoir.
Emilia : L’ambiance était super !
Lauri : Je pense qu’on est toujours de bonne humeur en tournée, parce que c’est plutôt facile, comparé à la composition et à l’enregistrement ! On aime prendre du temps pour faire le tour de Paris, avant de nous donner à fond sur scène. C’est un moment très unique, dans notre cycle de travail. Je pense qu’on peut assez facilement établir une ambiance décontractée avec le public. Nos fans nous connaissent, et comment on fonctionne, et nous approchent plutôt facilement. On n’est pas très effrayants (rire) !
