19 septembre 2025, 23:59

METABLER : PENITENCE ONIRIQUE + MIASMES + RÄUM

@ Béthune (Le Poche)

Le premier événement Metabler de l'association Les Amis de la Table Bruaysienne, à visée caritative en faveur de Sourires d’autistes, a été une réussite. La soirée, placée sous le signe du label Les Acteurs de L’Ombre, a enregistré plus de 110 entrées payantes. Si l’on ajoute les invités, le Poche de Béthune, salle intimiste, était bien garni. Les spectateurs présents, calmes et attentifs, comme happés par la musique des trois groupes programmés, ont vécu un bel instant de black metal.

MIASMES, trio composé de musiciens expérimentés, a livré une prestation raw et primitive, très 90’s, à l’image des vocaux, en français, du chanteur-bassiste. Des touches punk, que ne renierait pas DARKTHRONE ou IMPALED NAZARENE ("Peste"), enrichissent les compositions du groupe. Un poing américain, que l’on retrouve dessiné sur la pochette de leur premier album « Répugnance », est accroché au pied de micro, comme un symbole de la volonté de la formation : frapper vite et fort, puis, goguenarde, laisser un bref espoir à l’auditeur, au détour d’une brève ligne mélodique ("Destructeurs") ou d’un début de morceau d’un calme trompeur ("Répulsion" qui finit par exploser en une rage noire). 45 minutes sales, intenses, donc jouissives !


RÄUM, quartet de Liège, est mené par un chanteur au look hardcore/rap – casquette, chaîne autour du cou – qui dégage une énergie et un entrain aussi impressionnants que la frappe de son batteur, habile dans les blasts comme dans les tempos plus modérés ; enfin tout est relatif... Il harangue les premiers rangs, qui s’approchent, certes, mais sans se mettre en mode furieux, passe sa main dans les cheveux d’un spectateur, grimpe sur les retours et finit à genoux sur "Cursed By The Crown", long morceau aux ambiances variées, de la furie du début à la froide obscurité en passant par un temps calme. Entre post-black et black metal, le groupe brille sur ces compositions les plus longues, a tendance hypnotique, comme l’épique "Fallen Empire", première accalmie, après la paire lancinante, douloureuse comme une fraise de dentiste utilisée sans anesthésie, formée par "A path Of The Abyss" et "Obscure". Les titres plus purement black metal, comme "Nemo Me Impune Lacessit", sont moins percutants, peut-être à cause des vocaux particuliers, comme des grognements venus du fond de la gorge, même si demeurent les ambiances malsaines telle la seconde partie de "Eclipse Of The Empyreal Dawn".


Les six compagnons de PÉNITENCE ONIRIQUE semblent bien à l’étroit sur la petite scène du Poche mais cette disposition ne les empêche pas de livrer un concert de haute tenue. Derrière leurs masques étranges, d’où perlent un chapelet de croix, sous leur cagoules, le sextet tisse son black metal riche et mystérieux, rougeoyant, où la puissance née des trois guitares, la furie de riffs stridents et la rage de blasts déchaînés ("Souveraineté Suprême" ou "Je Vois Satan Tomber Comme l’Eclair") s’enjolivent de détours lumineux, comme le solo de "Désir" ou le lead de "Pharmakos", ou d’une étrange lenteur, voire langueur, comme celle qui hante "Les Mammonites". Maîtres de leur art, les musiciens n’hésitent pas à proposer, durant ce concert centré sur leur dernier album « Nature Morte », de longs enchevêtrements... oniriques, comme sur le titre éponyme, magnifique pièce quasi progressive qui ne nie pas la violence mais la sertit dans une douceur vénéneuse pour dessiner un bijou de haute valeur. Tel est aussi "Vestige" où les arpèges glacés, stalactites mystérieuse, s’ouvrent sur le feu d’un enfer déchaîné. Magnifique.

Blogger : Christophe Grès
Au sujet de l'auteur
Christophe Grès
Christophe a plongé dans l’univers du hard rock et du metal à la fin de l’adolescence, au tout début des années 90, avec Guns N’ Roses, Iron Maiden – des heures passées à écouter "Live after Death", les yeux plongés dans la mythique illustration du disque ! – et Motörhead. Très vite, cette musique devient une passion de plus en plus envahissante… Une multitude de nouveaux groupes a envahi sa vie, d’Obituary à Dark Throne en passant par Loudblast, Immortal, Paradise Lost... Les Grands Anciens – Black Sabbath, Led Zep, Deep Purple… – sont devenus ses références, comme de sages grands-pères, quand de jeunes furieux sont devenus les rejetons turbulents de la famille. Adorant écrire, il a créé et mené le fanzine A Rebours durant quelques années. Collectionneur dans l’âme, il accumule les set-lists, les vinyles, les CDs, les flyers… au grand désarroi de sa compagne, rétive à l’art métallique.
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