Le 12 septembre, le groupe de stoner et heavy rock brestois APPALOOZA a sorti son quatrième album. Depuis le premier disque éponyme en 2018, le trio composé de Sylvain Morel (chant, guitare), Gaëtan Lemaire (chœurs, basse) et Vincent Kermagoret (batterie) s’est imposé comme l’un des groupes incontournables de la scène stoner française. Le son du groupe est identifiable au point qu’on le reconnaît dès les premières notes du single d’ouverture "Grieve" : entre saturation grunge inspirée d’ALICE IN CHAINS, lenteur stoner de KYUSS et riffs heavy de FU MANCHU, le mélange est particulier et fonctionne très bien.
Parmi les inspirations du groupe, on peut également penser au projet solo du frontman Sylvain Morel, alias Wild Horse, qui propose des titres où la voix est accompagnée par la guitare acoustique dans une veine plus douce et intime. En entendant le début du single "Emperor", on ne peut s’empêcher de penser que ce nouveau projet est né d’une envie d’approfondir des sonorités encore peu explorées par le groupe. Quoi de mieux pour dépeindre la solitude extrême d’un tyran avant que sa fureur ne se déchaîne sur le peuple ? La douceur de l’acoustique est également celle des adieux de la chanson "Adios Maria" qui intègre des influences plus flamenco et montre la richesse d’inspiration d'APPALOOZA.
Divisé en huit titres, l’album poursuit la fresque dystopique des travers de l’humanité entamée dès le premier album. Parmi les sujets de société abordés ici, le troisième titre, "Cradle To The Grave", rend hommage aux femmes enfermées dans des mariages dans lesquels elles ne peuvent exister qu’à travers leur époux. La mélodie de violon personnifie alors la détresse de la femme dont il est question dans la chanson avant que celle-ci ne s’apaise pour s’éteindre calmement. Le message écologique est également présent avec le single "Tarantula" : le monde s’est retourné contre l’humanité pour le punir de son mépris et de son manque de considération. Le cri du refrain devient alors un cri de vengeance de la Terre qui reprend ses droits et choisit d’écraser ceux qui l’ont opprimée.
Alors qu’on pourrait craindre qu’APPALOOZA ne se perde dans une forme de monotonie, certes tentante au vu du caractère envoûtant du son du groupe, ce quatrième album montre qu'il parvient à se renouveler et trouve toujours l’inspiration dans les nombreux travers de l’humanité ainsi que dans des mélanges musicaux surprenants et rafraîchissants. On en viendrait presque à souhaiter que l’humanité reste aussi néfaste pour elle-même afin d’inspirer les prochains albums du trio.