Pour ceux qui ont écouté le single "Matins" lorsque nous vous annoncions la sortie du septième album d’EVOKEN, vous avez rapidement compris qu’il ne s’agissait pas d’une comptine pour enfant. Dans cette nouvelle réalisation, les émissaires du death/funeral doom nous proposent un concept et une histoire intrigants.
L'album raconte l'histoire d'un vieux moine bénédictin du XIVe siècle, confiné dans sa chambre au sein du monastère par une maladie l'empêchant de se déplacer. Si sa foi et son dévouement à Dieu restent inébranlables, à mesure que sa santé décline et qu'il souffre d'insomnies dues à des douleurs continuelles, le moine rencontre une entité hideuse émergeant d'une faille dans la réalité. L'histoire pose alors la question suivante : le tourment que subit ce moine à chaque heure qui passe est-il infligé par cette entité, ou est-il uniquement le fruit de son imagination ?
Structuré autour des sept prières des moines qui rythment la journée du monastère, tout commence au cœur de la nuit avec le cauchemardesque "Matins". On y découvre un chant guttural qui incarne cette entité hideuse, se mêlant à une musique lancinante, triste et mélancolique, au travers de laquelle on ressent la souffrance et l’angoisse de ce moine au crépuscule de sa vie.
"Matins" installe une sorte de dialogue entre cette entité et le moine. La lenteur du tempo renforce, tout au long de l’album, la pesanteur de cette journée. Bien qu’elle soit ici résumée en un peu plus d’une heure, elle semble interminable et les moments de répit sont rares. Deux courts instrumentaux en font partie : la prière de la première heure, "Prime", qui laisse imaginer que le monastère se situe quelque part au Moyen-Orient, et les vêpres, "Vespers", qui proposent un instrumental d’orgue d’une profonde tristesse.
Avec ce nouvel album, EVOKEN propose une retraite cauchemardesque qui met admirablement en musique les derniers instants d’un homme seul face à son funeste destin. Cette réussite est une prouesse artistique ; le groupe parvient, à travers des titres avoisinant les dix minutes, à maintenir des rythmes lents sans jamais laisser place à la monotonie.