8 août 2025, 23:59

ALCATRAZ FESTIVAL

@ Courtrai (Jour 2)


Le deuxième jour de l’Alcatraz est marqué par une intense chaleur. Dès 11h, alors qu’une foule déjà importante, se presse devant la Prison Stage, le soleil se montre redoutable… à la différence de MAGIC KINGDOM (11h20 – 12h00). Son power metal est pénalisé par un son médiocre qui noie la guitare néo-classique de Dushan Petrossi, pourtant principal atout de la formation belge. Si l’on ajoute un problème de micro avant "Frozen Realm Of Death", la débâcle n’est pas loin. Le chanteur préfére s’amuser avec son foulard et renonce à soigner ses lignes de chant pour noircir plus encore un tableau déjà peu brillant… à la différence du backdrop rougeoyant. Seuls les touches folk de "In The Den Of The Mountain Trolls" et un efficace "I’m a Lionheart" évitent un naufrage total…


Pour nous réconcilier avec nos amis belges, nous filons sous la Morgue pour recevoir une belle claque thrash dans les gencives. PRIMAL CREATION (12h05 – 12h45) dégage une énergie folle à l’image de la prestation bondissante de son chanteur. Il varie ses vocaux, teintant ainsi les compositions de couleurs tantôt death, tantôt black. Guitaristes et bassiste multiplient les poses, le sourire aux lèvres, ravis de sentir le public emporté par leurs morceaux. La tente, bien remplie, se lance ainsi dans d’intenses pogos et de festifs circle pits. A la vôtre, Messieurs, et merci pour cet apéro !


MAMMOTH GRINDER (Swamp, 13h10 – 13h55 prévu, 13h35 en réalité) a été la déception de la journée. Leur death bien gras crache des glaviots sludge et des mollards hardccore dans une ambiance lugubre… mais le groupe, agacé par des problèmes techniques, notamment sur la batterie, quitte la scène sans un mot, sans la moindre explication après moins d’une demi-heure de musique. Pas terrible, comme attitude…


Heureusement cette prestation raccourcie précède l’un des temps forts, très forts de ce samedi. BAEST (Swamp, 14h25 – 15h10), après une intro longuette, déclenche une tornade death mâtinée de hard rock – à l’image d’un "Stormbringer" typé AC/DC – qui arrache tout sur son passage. Aussi groovy qu’agressive, leur musique déclenche un tsunami devant la scène, comme lors de l’apparition de Bart Govers (COFFIN FEEDER) pour un featuring épileptique. Les Danois s’éclatent sur scène, se réjouissent d’être là dans le sillage d’un Simon Olsen (chant) intenable qui finit dans la fosse, entouré par la foule, portant un gamin sur ses épaules ! La classe !


En sueur nous quittons les barrières de la Swamp pour assister, de la tribune, au concert de NAILBOMB (Prison, 16h25 – 17h15). Est-ce cette position éloignée qui me rend fades les 50 minutes punkoïdes ("Blind and Lost") où se mêlent thrash, indus et death sous le patronage colérique du SEPULTURA de "Arise" et de MINISTRY ? Est-ce la difficulté de Max Cavalera à proposer un chant correct ? Est-ce la prestation d’Igor au micro, qui ne rend guère justice aux lignes d’Alex Newport ? Même si la section rythmique déverse sa froideur groovy avec talent, même si les premiers rangs se lancent dans de belles séances de pogo dès l’inaugural "Wasting Away" – quelle claque que ce morceau ! – même si le backdrop anti KKK fait son effet, la prestation reste monotone. Et pourquoi avoir joué le poussif "Coackroaches" et diffusé l’inutile "Shit Pinata", rares points faibles de l’iconique « Point Blank », seul album studio du projet, et fait l’impasse sur le redoutable "Religious Cancer" ? Un concert, donc, qui laisse sur sa faim… et donne envie d’aller manger une glace pour chasser la déception.


Le cornet à la main, je me rends à La Morgue pour la prestation d’HOLY MOTHER (17h15 – 18h05), sans savoir à quoi m’attendre. La surprise est bonne ! Le quartet, intense, assène avec une démence débonnaire son metal groovy, dans un esprit très US, qui pourrait résonner dans un stade mais se savoure d’autant plus en petit comité – même si le chapiteau est bondé. Les titres, au refrain bien troussé ("Power", simple, basique, efficace), sont magnifiés par les soli déchaînés de Greg Giordano, comme sur l’envoûtant "Mesmerized By Hate". La voix puissante de ce vieux briscard de Mike Tirelli, qui s’offre un convaincant passage a cappella sur le début de "Fire", fait elle aussi merveille. Comme la section rythmique pose une base solide, agrémenté d’un solo de batterie plaisant car pas trop long, les 50 minutes allouées aux Américains passent en un clin d’œil. Une reprise réussie du classique "Holy Diver", une flatterie à l’égard des Belges avec le guitariste qui enfile le maillot de l’équipe nationale de football et agite le drapeau du pays, des passages fréquents sur l’avant-scène et le tour est joué : HOLY MOTHER a gagné haut la main le respect et l’admiration du public.


Les sourires disparaissent dès que SUFFOCATION (Swamp, 18h50 – 19h45) récite à la perfection sa leçon de brutal death. Vitesse supersonique et technique haut de gamme, passages étouffants ("Perpetual Deception"), growls impressionnants de Ricky Myers, batterie épileptique et groove menaçant, toutes les cases sont cochées pour déclencher l’hystérie dans la fosse où slams et circle pits se multiplient. Quatre titres sont issus de « Hymns From The Apocrypha », dernier album du groupe et premier sans son âme légendaire, Franck Mullen, mais les classiques ne sont pas oubliés ("Effigy Of The Forgotten", un "Catatonia" idéal pour déclarer la guerre comme l’est "Infecting The Crypts" pour la conclure), la set-list est redoutable, la prestation impeccable.


Pour retourner à la Morgue, je passe devant la Prison où le groupe DORO, en pleine forme, revisite la discographie de WARLOCK. Doro Pesch se fait plaisir avec le "Breakin The Law" du PRIEST, rehaussé de l’intro de "For Whom The Bell Tolls" et enrichi d’un clin d’œil à "War Pigs". Je regarde avec plaisir le show de la metal queen, déjà présente lors du premier Alcatraz. En 2008, le festival se tenait sur une journée, en salle, au Brielpoort de Deinze ; quelle évolution magnifique !


Me voilà au premier rang pour savourer le heavy metal à tendance gothique – coucou SENTENCED sur "Run With The Wolves" ! – de THE NIGHT ETERNAL (Morgue, 20h30 – 21h25). A contre-jour d’une rare lumière, dans la fumée et une ambiance mystérieuse qui se marient à merveille avec leurs compositions, les Allemands – malgré un chanteur handicapé par un genou blessé – livrent une prestation enivrante, à l’image de leur premier album, le chef d’œuvre « Moonlit Cross » – le second « Fatale », quoique solide, ne dégage pas la même magie, car moins surprenant. Les deux guitaristes, nourris à la NWOBHM, tissent des leads harmonisés fabuleux, s’offrent des soli de pure tradition britannique. Les mélodies sont prenantes, les refrains inoubliables – "Elysion (Take Me Over)", "In Tartarus". Le chanteur navigue entre agressivité et tonalités plaintives ("Shadow’s Servants", "Deadly As a Scythe") pour varier les couleurs de ces chansons qui mêlent mélancolie et entrain.


CANDLEMASS (Swamp, 22h30 – 23h20) plonge un public ravi dans l’histoire du doom, versant épique. Même si les musiciens – surtout l’iconique bassiste Leif Edling – portent sur leurs épaules leur grand âge et pour certains, comme Johan Langvist, leurs cheveux blancs, ils livrent une prestation haut de gamme, accompagné par des fans qui reprennent les riffs avec un plaisir quasi extatique. Excepté le récent et dispensable « Sweet Evil Sun », la set-list est un collier de perles, une rivière de diamants, d’un "Bewitched" épique à souhait à "Solitude", bijou final aux reflets de chef d’œuvre intemporel offert avec maestria par un Johan en voix.

EXTREME et AVATAR laissés de côté, j’attends OBITUARY (Swamp, 00h20 – 1h30) pour conclure cette deuxième journée. Les Floridiens arrivent sur l’habituel instrumental "Redneck Stomp". Ils enchaînent avec l’ultra efficace "Threatening Skies" suivi de "By The Lights", tous deux tirés de « Back From The Dead », puis proposent le dispensable "The Wrong Time".


Ces morceaux sont assénés avec conviction et envie, très bien… mais Tardy’s brothers and co. n’étaient-ils pas censés fêter les 35 ans du référentiel « Cause Of Death » – même si, honte à moi, je lui ai toujours préféré « The End Complete », l’album qui m’a fait découvrir le groupe ? Un temps mort puis, dans un grondement, tombe le backdrop à l’effigie de l’œil sanglant et résonne "Infected" ! Enfin, le bayou prend vie sous nos yeux ! Malgré l’heure tardive, la chaleur humide se répand sous la tente, les créatures du marais hurlent à travers la gorge de John et les éclairs zèbrent un ciel oppressant à chaque solo de Kenny Andrews.

Le groove diabolique du quintet est bien présent, asséné en toute sérénité par la paire Donald (batterie) & Terry Butler (basse), sereine malgré des problèmes de batterie qui causent des interruptions certes gênantes mais qui n’enlèvent presque rien à l’intensité du concert, rythmé par des slams incessants. "Circle Of The Tyrants", la reprise de CELTIC FROST, est une arme de destruction massive comme le quasi-instrumental "Dying", lancinant, ou la bombe "Cause Of Death", chanson à la puissance écrasante. Six des neufs titres de l’album mythique sont joués avant que ne brûle le génial "I’m In Pain" et que les gaillards n’achèvent leur leçon sur l’inévitable "Slowly We Rot". OBITUARY a conclu magistralement cette deuxième journée riche en émotions fortes. Vivement demain !
 

Blogger : Christophe Grès
Au sujet de l'auteur
Christophe Grès
Christophe a plongé dans l’univers du hard rock et du metal à la fin de l’adolescence, au tout début des années 90, avec Guns N’ Roses, Iron Maiden – des heures passées à écouter "Live after Death", les yeux plongés dans la mythique illustration du disque ! – et Motörhead. Très vite, cette musique devient une passion de plus en plus envahissante… Une multitude de nouveaux groupes a envahi sa vie, d’Obituary à Dark Throne en passant par Loudblast, Immortal, Paradise Lost... Les Grands Anciens – Black Sabbath, Led Zep, Deep Purple… – sont devenus ses références, comme de sages grands-pères, quand de jeunes furieux sont devenus les rejetons turbulents de la famille. Adorant écrire, il a créé et mené le fanzine A Rebours durant quelques années. Collectionneur dans l’âme, il accumule les set-lists, les vinyles, les CDs, les flyers… au grand désarroi de sa compagne, rétive à l’art métallique.
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