On s’écarte des panzers et autres canons de 75, on délaisse les "Heroes" des guerres mondiales pour les « Legends » de l’histoire avec une grande hache, on se demande alors, ça donne quoi SABATON en 2025 ?
Sautillements de la rythmique dignes d’une aérobic, riffs qui s’étalent et chant de Joakim porté par d’amples chœurs de cathédrale, "Templars" se pose et s’impose en fresque EPICA. Lui succède le bagarreur “Hordes Of Khan“, avec son matraquage de riffs, les guerriers des steppes déboulent avec la grâce des panzers de « The Art Of War ». Avec SABATON ça bastonne toujours comme il se doit, faisant oublier, à l’instar des cousins de POWERWOLF, le classicisme grâce à une énergie qui déborde de chaque musicien. Ca swingue avec son clavier élégant et ses soli héroïques, lâchant un fringant "A Tiger Among Dragons", puis on se glisse dans l’armure de l’ami Jules César, avant de foncer sur Rome l’éternelle à travers "Crossing The Rubicon" dont le chant sait nous captiver grâce à la puissance de riffs armés et rangés en cohortes disciplinées derrière son centurion. SABATON professeur d’histoire, c’est toujours avec une immersion réussie !
Petit détour par l’hexagone, car on en a eu de sacrées, de légendes. "I, Emperor", loin de juste gratter le corse, déploie des guitares impériales, un chant revanchard et une rythmique digne de la grande armée en marche. Musique de château plutôt que de bon appart, je plaisante évidemment, Napoléon est mieux illustré ici dans sa grandeur que certaines épopées filmées. Plus étonnant est l’hommage à la première femme au foyer. "Maid Of Steel" est en effet un boulet de canon power metal qui réveille ses morts avec une efficacité digne des meilleurs hits de SABATON, je pense à "Night Witches" notamment. Un morceau que j’adore à la première écoute. Après tout, Jeanne d’Arc mérite bien d’être réhabilitée pour sa foi guerrière, voilà chose faite avec conviction. Virage vers une autre atmosphère, "Impaler" donne l’occasion aux claviers de Par de briller et de nous emmener dans les Carpates, pour serrer la main de Vlad Dracul en personne, sous des soli que valide la Hammer films.
"Lightning At The Gates" a la grandiloquence d’un "Carolus Rex", c’est dire qu’on a une belle chair de poule en se laissant emporter par un lyrisme classieux. Retour aux combats héroïques avec "The Duelist", les guitares aiguisées s’entrechoquent alors que la batterie marque l’arbitrage, un rythme incroyable à la "Shiroyama", ou comment expliciter la quête de Myamoto Musashi qui à travers des duels mémorables atteignit la zénitude. Paradoxe de la belligérance en somme. "The Cycle Of Songs" après cela paraît anecdotique, alors qu’il ne l’est absolument pas. "Till Seger" narre la rébellion d’un héros danois inconnu chez nous, toutefois cette épopée est contée avec force riffs, frappes et chœurs. Avec SABATON on découvre toujours de belles histoires individuelles dans la grande. Merci ma foi.
Moi qui craignais écrire sur du réchauffé concernant une énième saga de SABATON, j’ai passé un excellent moment sur sa brochette de légendes cuisinées au power symphonique, certes sans surprise mais franchement, au vu de la jouissance musicale ce serait dommage de bouder son plaisir.