
Le 16 octobre 2025, un gosse du Bronx s’en est allé rejoindre les étoiles qu’il affectionnait tant. Son nom était Paul Daniel Frehley. Mais pour tout le monde, il restera à jamais Ace, l’homme de l’espace. KISS a bercé ma jeunesse. Quand vous avez 6 ou 7 ans et que vous découvrez « Alive II », l’intérieur de sa pochette dépliante, des chansons comme "Detroit Rock City", "I Stole Your Love" ou "God Of Thunder", jouées à un volume que l’on devine très fort devant un public proche de l’hystérie, et les quatre photos individuelles des musiciens aux looks de super-héros au verso, votre esprit en est marqué à vie. Cette épiphanie musicale sera vite suivie par la découverte d’autres disques comme « Kiss », « Hotter Than Hell » ou « Destroyer ». Tout cela par l’entremise de grands frangins déjà rompus aux joutes du rock dur avec des légendes comme LED ZEPPELIN, AEROSMITH ou VAN HALEN, qui venait de tout péter avec son premier album. Mais aucune de ces formations n’avait toutefois l’aura des quatre New-Yorkais. Et quand environ un an plus tard, Gene, Paul, Ace et Peter trusteront les médias français avec leur ritournelle disco-rock "I Was Made For Lovin’ You", ma passion pour la mystique KISS se transformera vite en manie tandis que ma chambre prendra petit à petit des airs de musée.

Tout devait être gardé précieusement : vinyles bien sûr, mais aussi posters, magazines, t-shirts (dont certains, ornés de transferts, venaient directement des States, grâce à l’un de mes oncles que sa profession avait amené à dire bonjour à un autre oncle nommé Sam !), maquettes (haaaa, le fameux van KISS d’AMT !), badges et que sais-je encore ! Oui, le Big Bisou a réellement rythmé ma vie, au point de lui consacrer un site, Diamant Noir, au début des années 2000. Un hommage numérique chronophage et énergivore que j’abandonnerai pas loin de 10 ans plus tard, lassé de la puérilité de certains fans mais aussi de l’inconsistance de tournées uniquement motivées par le flouse et de musiciens qui ne cherchaient même plus à donner le change. « No regrets! », ce site m’aura permis de nouer de belles amitiés (virtuelles ou non) et puis, surtout, de rencontrer Gene, Paul et leurs deux employés (il faut dire les choses comme elles sont, non ?) dans les coulisses de ce qui s’appelait encore le palais omnisports de Paris-Bercy en 2008. Mon rêve de gosse s’était enfin réalisé... même si Ace et Peter avaient quitté le navire entre-temps !
Désormais, je sais que je ne pourrai jamais rencontrer celui qui a porté à bout de bras la crédibilité rock de KISS quand Gene et Paul l’avait oubliée dans les vestiaires du Studio 54 au début des années 80. Il faut du temps et la maturité qui va avec pour réaliser l’impact que le grand guitariste à la démarche chancelante a eu sur son groupe. Le gosse que j’étais à la fin des années 70 était naturellement fasciné par Gene Simmons, le démon cracheur de feu et de sang. Mais au fil des années, tout le talent du Spaceman s’est révélé à mes oreilles, le grain si particulier de sa guitare, ses "dinosaur bends", ses trilles, ses montées pentatoniques, etc. Bref, un style inimitable à son image : à la fois nonchalant et acéré. Et cette voix légèrement traînante qui donnait un charme très "stonien" aux compositions qu’il chantait. Vous comme moi nous sommes pris pas mal de coups sur la tronche ces dernières années avec les disparitions successives de Ronnie James Dio, Lemmy Kilmister, Malcom Young, Eddie Van Halen et, il y a seulement trois mois, celle d’Ozzy Osbourne. Mais cette fois-ci, "Shock Me", pour moi, c’est pour de vrai ! Ace, qui avait écrit cette chanson suite à son électrocution sur scène au Civic Center de Lakeland en 1976, ne pouvait se douter qu’elle aurait une telle résonance en 2025...
Salut, l’artiste ! Parce que toi, tu en étais un vrai. Et au passage, tu donneras le bonjour à ton pote Eric Carr, le Little Caesar.
Playlist d'Ace Frehley indispensable :
01. "Rock Soldiers"
02. "Shock Me"
03. "Fractured Mirror"
04. "Bronx Boy"
05. "Sister"
06. "Rip It Out"
07. "(Escape) From The Island"
08. "Shot Full Of Rock"
09. "Torpedo Girl"
10. "Hard Times"
