13 octobre 2025, 23:59

KADAVAR + SLOMOSA + ORB

@ Lille (L'Aéronef)

Belle affiche en ce lundi soir à l’Aéronef. L'étage de la salle lilloise n’est certes pas ouvert, ni la date sold-out, mais une foule consistante a répondu à l’appel stoner/psyché/fuzz lancé par KADAVAR, SLOMOSA et ORB.

Si chaque groupe compte en ses rangs au moins un barbu, les Australiens – de Geelong, dans l’État de Victoria – grâce à leur bassiste à bonnet, emportent haut la main la palme de la pilosité faciale ! Le trio, nimbé durant la demi-heure qui lui est allouée de lights rouges, diffuse un stoner rock psyché, qui glisse parfois vers la lente lourdeur du doom. Il s’offre tantôt des éclats de lumière, tantôt des bizzarreries jazzy mais jamais ne renie les éclairs fuzz.


Le chant, rare, s’enveloppe d’une certaine nonchalance ; nonchalants sont aussi les quelques pas de danse que tente le guitariste/chanteur. Le public, bien sage, apprécie de se laisser emporter par cet ORGANIC ROCK BAND, comme inscrit sur une batterie martelée d’une frappe sèche, martiale. Le groupe, qui ne cache pas son admiration pour BLACK SABBATH, n'utilise pas de set-list et varie les plaisirs chaque soir ; voici les titres des morceaux présentés à Lille : "Birth Of A New Moon", "Migration", "Dandelion Seeds" et "O.R.B".


SLOMOSA est attendu par tout L'Aéronef... sans doute plus que KADAVAR ; après la trop brève – 40 minutes – prestation des Norvégiens, de nombreux spectateurs s’en iront, ravis d’avoir assisté à un concert riche en protéines, déçus de n’avoir pas mangé à leur faim. Le plat présenté par le quartet est non seulement succulent mais, surtout, concocté par des cuisiniers hors pair. Leur joie d’être ensemble, de jouer face à un public conquis est contagieuse et s’immisce dans les moindres cellules des spectateurs.
La bassiste Marie headbangue à tout va, sans cesser de sourire... et se montre à l’aise au chant sur le début d’un "Red Thundra" qui va crescendo, tout en mélodie. Tor, avec humour, multiplie les poses de guitar-hero et n’hésite pas à s’approcher du bord de la scène, comme Benjamin, qui finira le show au contact des premiers rangs.


Énergie et enthousiasme sont au rendez-vous pour asséner des compositions irrésistibles, génial mélange de stoner aux riffs tourbillonnants et de refrains qui lorgnent vers le grunge. Comment résister à "There Is Nothing New Under The Sun" ? Et d’ailleurs à l’appel de Benjamin, qui réclame un mosh-pit, la fosse obéit : les plus jeunes se lancent dans la bataille, les fans reprennent les paroles, les autres dodelinent de la tête et tapent du pied. Le groupe sait parfaitement doser ses effets, ses efforts. Il glisse de subtils ralentissements pour faire monter la tension, pour attiser l’attention avant de se lâcher en une incontrôlable explosion de groove. Le meilleur du premier album (la paire incontournable "Kevin"/"Horses" en final euphorisant) côtoie les efficaces morceaux de « Tundra Rock ». L’instant norvégien, ce desert-rock au froid brûlant, aura été un délice.


Sans doute conscient que passer après le blizzard SLOMOSA est une tâche ardue, KADAVAR attaque son set pied au plancher avec l’enchaînement "All Our Thoughts"/ "Doomsday Machine". Comme le laisse supposer ce doublé, le groupe offre un panorama complet de sa désormais riche discographie, allant chercher le meilleur de chacune de ses oeuvres, comme "Into The Night " tiré d’un « Berlin » bien trop long et irrégulier ou "Black Star", perle de leur première réalisation. Le désormais quartet, avec l’arrivée de l’aussi discret qu’efficace Jascha Kreft à la seconde guitare, dégaine même deux titres, réussis, de « K.A.D.A.V.A.R » dont la sortie est prévue pour le 7 novembre... mais qui est déjà en vente au stand de merchandising !

"Lies" et "Total Annihilaton", qui porte son nom à merveille, sont deux bombes redoutables. L’ambiance, évidemment, est aux années 70, tant dans le look des musiciens, aux vêtements tout droit sortis d’une boutique vintage, que dans les splendides mouvements de lumière. Cette atmosphère rétro naît surtout des chansons, émanations directes de cette période, placées sous le lourd signe de LED ZEPPELIN et BLACK SABBATH, enrobées parfois de mélodies aériennes qui offrent des pauses bienvenues ( "I Just Wanna Be a Sound" ou "I Flight Among The Stars") dans le déluge heavy (le tir groupé "Into The Wormhole" – "Die Baby Die", extraits de « Rough Times »).


Le bassiste français Simon Bouteloup, placé au centre de la scène, multiplie les grimaces sous son chapeau mais tisse avec son compère batteur Tiger Bartelt, au jeu théâtral, une armature solide. Malgré les qualités évidentes des musiciens, le concert traîne parfois en longueur, pénalisé par une voix, pourtant l’un des atouts de la formation, mixée en retrait. Le groupe semble jouer pour lui- même, sans guère se soucier des spectateurs qui, pour beaucoup d’entre eux, quittent L’Aéronef avant la fin des festivités. Il ressort ainsi de la prestation de KADAVAR un goût d’inachevé qui contraste avec le plaisir total ressenti à l’écoute de la plupart de ses albums – tel le merveilleux et envoûtant « For The Dead Travel Fast » dont est présenté, en guise de conclusion, le magnifique "Long Forgotten Song".
 

Blogger : Christophe Grès
Au sujet de l'auteur
Christophe Grès
Christophe a plongé dans l’univers du hard rock et du metal à la fin de l’adolescence, au tout début des années 90, avec Guns N’ Roses, Iron Maiden – des heures passées à écouter "Live after Death", les yeux plongés dans la mythique illustration du disque ! – et Motörhead. Très vite, cette musique devient une passion de plus en plus envahissante… Une multitude de nouveaux groupes a envahi sa vie, d’Obituary à Dark Throne en passant par Loudblast, Immortal, Paradise Lost... Les Grands Anciens – Black Sabbath, Led Zep, Deep Purple… – sont devenus ses références, comme de sages grands-pères, quand de jeunes furieux sont devenus les rejetons turbulents de la famille. Adorant écrire, il a créé et mené le fanzine A Rebours durant quelques années. Collectionneur dans l’âme, il accumule les set-lists, les vinyles, les CDs, les flyers… au grand désarroi de sa compagne, rétive à l’art métallique.
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