Le post-metal de MAUDITS est particulier. Pour qui prend RUSSIAN CIRCLES comme référence, on est surpris.e de la douceur des titres du groupe et de sa proximité occasionnelle avec le calme de l’ambient. L’ancien trio désormais quartet, armé de la guitare d’Olivier Dubuc, de la basse d’Erwan Lombard, de la batterie et des samples de Christophe Hiegel et du violoncelle de Raphaël Verguin, visite les confins du genre pour proposer une musique aussi délicate que la lumière. « In Situ », le troisième album de MAUDITS pourrait bien se hisser dans vos favoris de l’année.
Actif depuis 2019, MAUDITS écume les mers du post-metal en cherchant toujours à explorer de nouveaux horizons. Les titres du groupe s’apparentent à des rais de lumière, se mouvant lentement au fil du temps pour dessiner un espoir parfois mâtiné de mystère et de suspense, à la manière d’un film muet dont on suivrait le fil conducteur qui se tend et se détend.
L’album commence par le titre "Leftovers" dont la nappe sonore initiale nous plonge d’emblée dans un style à part : pas complètement ambient, pas explosif comme un post-metal instrumental redoutable, ni sombre ni totalement lumineux. C’est là qu’on mesure la puissance de MAUDITS qui crée une variété d’ambiances aussi large qu’elle est surprenante. La boucle mélodique de "Fall Over" en est la preuve : aussi efficace que la suite du titre est inquiétante, elle ne dit rien de la douceur du titre éponyme de l’album. "In Situ" se révèle au milieu des chants d’oiseaux, comme un encouragement à apprécier le moment présent et le lieu dans lequel on se trouve.
Habitué du thème du précipice qui avait déjà inspiré deux titres de l’album précédent, MAUDITS poursuit le voyage sonore en ajoutant une troisième pièce à l’ensemble. La lumière dessinée par les trois titres est toujours changeante, mais cette fois, elle entoure aussi bien les yeux que les oreilles. On plonge vers elle sans jamais l’atteindre, comme une chute sans fin. Plus long titre de l’album, "Précipice Part III" et sa guitare accompagnée de samples n’en finissent pas de montrer la lumière discrètement visible dans l’obscurité ambiante. Les variations se poursuivent, là encore à partir d’une boucle mélodique déclinée, diluée et étoffée au fur et à mesure, jusqu’à la lumière finale qui nous happe complètement.
Et, si certains titres de l’album répondent à des mélodies qu’on connaissait déjà des albums précédents, MAUDITS intègre ici deux titres chantés. L’un, la reprise de "Roads" de PORTISHEAD, sur lequel le groupe s’accompagne de la voix de Mayline Gautié, chanteuse du projet LŮN. L’autre, l’OVNI "Carré d’As", avec Olivier Lacroix, chanteur de NOVEMBRE et ERLEN MEYER, plonge sans hésiter vers le rap et montre que la musique de MAUDITS fonctionne également pour accompagner un texte inspiré du cadavre exquis. Ces nouvelles orientations peuvent déstabiliser les oreilles les moins aguerries, mais montrent aux autres que le quatuor parvient à repousser ses propres limites.
Enfin, MAUDITS termine le voyage avec le très beau "Lev-Ken" sur lequel on retrouve Yann Desti et Boris Patchinsky, tous deux membres du groupe PARLOR. Inspiré par l’assemblage de plusieurs titres, le single nous plonge dans une multitude de motifs qui semblent être autant de scintillements magiques. L’atmosphère change ensuite de façon imprévisible, le tempo s’accélère, et l’ambiance s’éclaircit de nouveau avant que tout ne s’allège. Pas de doute, MAUDITS vient de montrer que le post-metal n’a pas fini de nous surprendre et que l’exploration ne fait que commencer.