
Fleuron du hardcore australien depuis près de vingt ans, DEEZ NUTS écume le monde en amenant le chaos dans les salles de concert avec son hardcore foutraque et rassembleur mené par JJ Peters, chanteur du groupe depuis la séparation de son ancien groupe, I KILLED THE PROM QUEEN, en 2007. Après six ans d’absence en studio et le décès en 2021 du bassiste Sean Kennedy, le groupe nous propose « Saudade », un album plus honnête que jamais sur leur état d’esprit. Nous avons pu discuter avec JJ Peters de ce nouvel album qui frappe très, très fort, mais aussi de son expérience autour du traumatisme et des addictions. Un échange direct et honnête avec un chanteur bien plus réfléchi que ce que certains pourraient imaginer.
Comment te sens-tu à la sortie de « Saudade » ?
JJ Peters : Je suis enthousiaste, mais aussi impatient. Par moments, je suis fou d’impatience ! On a fini d’enregistrer l’album à la fin du mois de janvier donc j’attends ça depuis longtemps ! On a bien sûr sorti des singles au fur et à mesure, mais la patience n’est pas une de mes vertus (rire) ! Plus ça approche, plus les heures me semblent longues. Mais en gros, j’attends depuis un moment et maintenant, je veux juste que l’album sorte pour savoir ce que les gens en pensent. Je veux qu’ils aient une vision d’ensemble de l’album. Honnêtement, j’ai aussi très hâte de commencer à travailler sur le prochain ! Donc c’est une période très chargée pour moi.
Vous avez traversé beaucoup de choses ces dernières années, mais cet album semble être un retour triomphal et inverserait presque la tendance. Qu’est-ce qui vous a fait garder les pieds sur terre depuis « You Got Me Fucked Up » en 2019 ?
Je ne sais pas, ça fait longtemps ! Je crois que ça fait cinq ans... Pendant la pandémie, tout était fou pour tout le monde et ça a été une période un peu bizarre de manière générale. Mais le groupe et moi avons eu une période particulièrement difficile dans nos vies personnelles pendant ces années. Il s’est passé beaucoup de choses mais on a toujours trouvé du réconfort entre nous et en tournée. On ne pouvait évidemment pas faire ça pendant le Covid, mais après, ça a été très thérapeutique de partir ensemble. À vrai dire, on serait bien entrés en studio plus tôt si on n’avait pas eu un cycle d’album repoussé par le Covid. Donc même si l’album était sorti depuis déjà deux ans, on a commencé à le jouer en live deux ans plus tard et ça nous a mis en retard pendant un moment. Mais pour ce qui est de garder les pieds sur terre, j’essaie juste de rester actif. Je viens de finir de tourner avec mon autre groupe, I KILLED THE PROM QUEEN, pour célébrer nos 25 ans de carrière. J’ai dû réapprendre à jouer de la batterie (rire) ! C’était assez difficile d’en rejouer après m’en être éloigné pendant quinze ans. Mais finalement, j’essaie juste de faire fonctionner la musique. Maintenant que j’ai de nouveau ce groupe de metal, j’essaie juste de rester actif tout le temps !
Le titre de « Saudade » évoque une forme de mélancolie mais cet album est probablement le plus puissant que vous ayez sorti depuis un moment. Est-ce que c’était un genre de réaction à tout ce que vous aviez vécu et à cette attente avant de sortir de la musique pour DEEZ NUTS ?
Oui, je crois que le processus d’enregistrement est toujours thérapeutique et cathartique pour moi. Je ne peux pas parler pour tout le groupe, mais pour moi, c’est le cas. Ça dépend généralement de la période de nos vies où on enregistre. Quand on enregistrait « You Got Me Fucked Up », c’était cathartique pour des raisons différentes : c’était un album beaucoup plus drôle et c’était une période de ma vie où les choses semblaient plus simples. Donc c’était cathartique dans le sens où cette sortie musicale me permettait d’extérioriser certaines choses. Alors que pour ce nouvel album, c’est comme si on devait répondre à un besoin. On devait aborder beaucoup de sujets et le sentiment de soulagement après les avoir extériorisés était plutôt immense. Le nom « Saudade » n’est pas le titre d’une des chansons, c’est juste celui de l’album. D’habitude, on choisit un single qui donne son titre à l’album. J’aime bien formater les choses comme ça. Mais cette fois-ci, aucun des titres ne semblait correspondre à l’album dans sa globalité parce qu’on y évoque beaucoup de sujets différents et que chaque chanson a un son et une texture différente. Donc quand j’ai découvert le mot « saudade », j’ai trouvé qu’il représentait bien ce que je ressentais tout au long de l’album. Même si, selon moi, aucune chanson ne résumait l’album en entier, c’est le sentiment que l’album m’inspirait.

Sur cet album, tes paroles sont plus personnelles que jamais. Qu’est-ce qui fait que tu as voulu aborder ces sujets sur cet album en particulier ?
J’ai toujours écrit des chansons assez sombres : par exemple, si tu plonges dans « Binge And Purgatory » et « Word Is Bond », il y en a quelques-unes qui sont juste mélangées à des chansons de fête. Même si ce sont des histoires écrites pour avertir sur les dangers de telle ou telle chose, elles contiennent un certain nombre de références à un style de vie hédoniste. Mais je crois que c’est le premier album sur lequel le sujet ne dévie pas et on dirait effectivement que c’est un album plus réfléchi. Je me livre un peu plus, c’est plus introspectif que fictionnel et c’est quelque chose que je n’avais pas vraiment fait avant. Je pense que c’est à cause du poids de certaines choses que j’ai vécues ces cinq dernières années. Je pense que ça se ressent dans mes paroles et je crois que la musique a magnifiquement porté ces paroles, ce qui donne un album plutôt lourd et poignant. Mais finalement, on s’appelle toujours DEEZ NUTS. Donc on va surmonter ces obstacles et avancer. C’est difficile pour les gens de nous prendre au sérieux avec un nom pareil, mais on sait être sérieux.
C’est vrai que c’est un grand changement pour les fans potentiels qui se seraient intéressés à vous avec « You Got Me Fucked Up » !
Oui, c’est une grosse transition. Mais si on se place du point de vue de ceux qui nous ont découverts avec « Binge And Purgatory » ou « Word Is Bond », ils ont trouvé que « You Got Me Fucked Up » s’écartait beaucoup de notre son habituel parce qu’il était beaucoup plus léger et mélodique. À l’époque, les gens s’étaient demandés : « C’est quoi ce bordel ? » Mais c’est ce qu’on voulait faire à ce moment-là. Les gens se demandaient si on essayait juste d’écrire des chansons entraînantes, mais on ne prévoit jamais vraiment quoi que ce soit. On va en studio sans avoir d’intentions précises, on ne se dit pas : « On veut faire un album heavy », « On veut faire un album mélodique » ou « On veut faire un album triste ». On veut juste faire un album. On y va en n’ayant écrit aucun riff à l’avance et j’y vais sans avoir déjà écrit la moindre parole. On entre dans une pièce, on s’y enferme pendant plusieurs semaines et peu importe ce qui en ressortira, ce sera l’album. Je pense que c’est l’approche la plus honnête pour nous et ce nouvel album est le résultat de ce processus.
Vous avez un nouveau line-up. Comment s’est passé le travail avec Apolinario Correia (basse) et Jesse Labovitz (batterie) ?
C’était cool ! Au-delà d’être des membres du groupe, ce sont tous deux des amis de longue date. Et avant même qu’on écrive et qu’on enregistre ensemble, on fait des tournées ensemble depuis trois ans. Donc c’était facile parce qu’on est très bons amis et parce qu’on a joué nos plus grands hits des centaines de fois. Dans la setlist d’un concert, un groupe doit essayer d’inclure tous ses bangers. Ils connaissent vraiment bien notre son, bien mieux que la plupart des gens qui n’ont pas beaucoup tourné avec nous, et ils me connaissent mieux que la plupart des gens. Je pense qu’en commençant à écrire avec eux, on avait déjà confiance dans leurs capacités d’écriture. Les groupes dont ils ont fait partie et dont ils sont encore membres parlent pour eux, de même que leur capacité à écrire du hardcore ou quoi que ce soit d’autre. Ils savent écrire du DEEZ NUTS et ils savaient exactement comment contribuer au son du groupe en proposant des choses qui allaient fonctionner et correspondraient à ce que les gens attendraient de nous. Donc c’était facile ! C’était le même processus que celui que Matt Rogers et moi avions, mais avec deux autres personnes qu’on adore et le résultat est l’un de nos meilleurs albums !
Dans l’un des singles qui frappent le plus, "ICU", qui parle d’addictions, tu dis « I have a lot of enemies but wouldn’t wish this shit on one » (« J’ai beaucoup d’ennemis, mais je ne souhaiterais cette merde à personne »). Quel serait ton conseil pour vaincre une addiction ou pour ne pas sombrer dedans ?
Je suis moi-même encore en train de chercher la réponse à cette question parce que j’ai une relation d’amour-haine avec l’alcool et d’autres substances. J’ai vécu une vie très bien remplie et j’ai toujours été assez franc sur le fait que j’ai expérimenté la plupart des choses qui existent pour faire la fête. Mais ce qui m’a le plus détruit, c’est la boisson. Il y a un moment où l’amusement s’est transformé en dépendance et où cette dépendance est devenue destructrice. Il faut du temps pour se rendre compte de ce changement quand ça concerne quelque chose que tu as fait toute ta vie. Je crois que j’ai commencé à boire à douze ou treize ans. J’en ai aujourd’hui 43 et j’ai enchaîné les phases de sobriété ces dernières années. Donc je n’ai pas la réponse définitive, mais je crois que j’ai commencé à réaliser que je ne veux pas être complètement sobre pour toujours parce que je sais que la rechute se situe à une situation dramatique ou à un traumatisme près. J’aimerais avoir une relation saine avec l’alcool, si une telle relation est possible. J’aimerais me tourner vers la boisson aux bons moments et pour les belles occasions en ne buvant qu’un peu, puis réussir à m’en éloigner jusqu’à la prochaine fête. Mais le fait d’avoir ce poids au-dessus de moi dès que je suis en détresse, anxieux ou déprimé… J’ai l’impression que je vais me tourner vers l’alcool aux mauvais moments et que ça pourrait devenir quelque chose de très sombre qui pourrait me contrôler. Mon conseil serait de me souvenir que ça ne marche pas pour tout le monde. Certaines personnes ne peuvent pas faire certaines choses parce que sinon, elles tourneraient mal. Chacun doit faire son propre chemin et comprendre les choses soi-même. Mais je pense qu’essayer d’être sobre pendant un moment est bon pour la santé. Je sais que si tu bois pendant longtemps, tu ne réalises plus que c’est un problème avant que tu n’arrêtes quelques temps et que tu réalises ce que c’est d’être sobre et sain pour un moment. Pour beaucoup de gens, c’est une meilleure manière d’être. Je n’aime pas prêcher, je n’aime pas dire aux gens comment mener leur vie, mais je pense que chacun devrait essayer quelque chose de différent quand quelque chose ne marche pas.
Donc il faut se rendre compte du moment où ça bascule et où il s’agit d’une addiction.
C’est quand ce n’est plus une fête. Quand ce n’est drôle ni pour toi ni pour les gens autour de toi, c’est le moment d’arrêter.

J’ai aussi beaucoup aimé "Give ‘Em Hell". Peux-tu me parler de cette chanson et de ce qui l’a inspirée ?
Les chansons ne s’enchaînent pas dans l’ordre dans lequel je les ai écrites. J’espère que les gens vont écouter l’album du début à la fin car les titres s’enchaînent bien. Je sais que d’une certaine manière, on nous encourage à écrire des singles par-ci par-là pour figurer sur les playlists des sites de streaming… Mais l’album raconte vaguement une histoire et suit un certain motif. Cette chanson suit donc de manière logique celle qui la précède. Sur la précédente, j’évoque un sujet et les émotions que ce sujet m’inspire, puis sur la suivante, je réponds en disant : « Je vous emmerde », « Si tu ne me connais pas et que je ne te connais pas, tu ne peux pas voir qui je suis vraiment. ». Je reformule, la chanson ne dit pas littéralement ça, mais elle développe un peu ces propos. Il y a d’autres chansons dans lesquelles je dis que j’ai du mal à croire que les gens se comportent avec moi de certaines façons, où je me plains et où je montre que ces comportements m’atteignent, et il y en a d’autres dans lesquelles je me relève et j’emmerde le monde. « Si tu ne crois pas en moi, je t’emmerde » !
C’est une idée à laquelle les fans peuvent s’identifier facilement car tout le monde traverse ce genre de situations.
Je pense que la meilleure manière de se rapprocher des gens, c’est de rendre les choses personnelles, mais pas spécifiques au point que personne ne puisse se les approprier. Il faut rendre les choses très profondément émotionnelles et connectées à soi-même pour que cela ressorte, mais il ne faut pas être trop spécifiques, comme : « J’étais énervé quand mon chien à chié sur le tapis » (rire) ! Parce que ce truc n’est peut-être jamais arrivé à l’auditeur donc il faut le tourner de manière métaphorique, d’une manière qui soit suffisamment générale et large pour que les gens s’y attachent et puissent en faire leur histoire aussi. Je pense que j’y arrive plutôt bien maintenant.
Est-ce que c’est un effort que tu fais consciemment pour qu’on puisse s’identifier le plus possible à ces chansons ?
Heureusement, c’est un peu la base de mon écriture. Je viens plus du rap et du hip hop que du metal et du hardcore en tant que tel. Je passe la plupart de mon temps à écrire des paroles dans ce style donc je peux écrire un 16 mesures en quelques minutes et c’est généralement le nombre moyen pour un couplet de rap. Quand je fais ça, j’essaie de garder une écriture intéressante. Avec le hip hop, tu ne peux pas te cacher derrière autre chose : quand tu rappes, ta voix est au centre de la musique et tu ne peux pas le cacher derrière un scream ou la musicalité de la chanson. Il faut vraiment avoir quelque chose à dire. Il faut utiliser le double sens, voire le triple sens, et il faut dire des choses d’une manière qui soit à la fois nouvelle et intéressante. Tu ne peux pas te répéter ou t’ennuyer. J’utilise les mêmes techniques quand j’écris pour DEEZ NUTS : j’essaie d’être le plus malin possible avec ma musique et avec mes paroles. Donc sur les morceaux, ce ne sont pas les phrases évidentes qui frappent le plus. C’est plus dissimulé derrière ce que j’imagine être une écriture intelligente. J’essaie de faire en sorte que tout ait un double ou un triple sens pour que, même si les gens ne le comprennent pas, je sache que c’est là. Ça facilite le processus d’appropriation des chansons parce que je ne dis rien de trop spécifique.
C’est un peu ce que tu avais fait avec le titre de l’album « You Got Me Fucked Up » (qui peut à la fois vouloir dire : « Tu m’as détruit », « Tu m’as bourré la gueule » et « Tu m’as mal compris » en argot, ndlr) !
Oui, exactement ! Deux de ces sens sont très évidents mais il y a beaucoup d’autres manières d’interpréter cette phrase. J’avais suggéré ce titre d’album et il y avait eu beaucoup d’échanges pour savoir si ça allait passer ou non, si les gens le comprendraient, et saisiraient ce que je voulais dire. Est-ce que les gens penseraient que c’était ce groupe de soirée qui dit : « Tu m’as vraiment bourré la gueule » ? Je pense que c’est à l’auditeur de trouver le sens des mots. On l’appelle comme ça, mais leur interprétation et le sens qu’ils donnent aux mots leur appartient. Ce n’est pas à nous de dire aux gens comment ils ressentent les choses ni de quelle façon ils doivent les recevoir. On propose des choses et une fois qu’elles sont sorties, elles leur appartiennent.

"Miss Me With That" parle de traumatisme et de la façon dont ça peut te détruire mais aussi te faire grandir. Qu’est-ce qui, dans ton expérience personnelle, t’a permis de tirer de la force d’une telle situation ?
Encore une fois, je n’ai pas de réponse courte et rapide à cette question et je ne pense pas avoir fini de travailler sur tous mes traumatismes. Quand on dit que le temps guérit, c’est vrai. Mais je pense que cette chanson, sans vouloir avoir l’air trop kitsch, parle de reprendre le pouvoir des mains des gens qui sont là pour te voir échouer, de manière presque parasitique. Sur le moment, tu crois que ces gens sont là pour t’aider alors qu’ils veulent juste être au plus proche de la tragédie pour la voir se dérouler. Dans cette chanson, je parle un peu du moment où j’ai réalisé que je n’avais pas besoin de la force et du soutien de gens qui sont là pour utiliser la situation et se mettre en lumière. M’éloigner de ces personnes toxiques m’a apporté de la force et j’ai appris à affronter les obstacles par moi-même plutôt que de chercher une aide extérieure pour faire face à mes traumatismes.
Vous avez travaillé à nouveau avec Andrew Neufeld (de COMEBACK KID, ndlr) pour cet album, et plus spécifiquement sur "Hang The Hangman" sur laquelle il chante avec toi. Selon toi, qu’est-ce qu’Andrew ajoute à votre son ?
C’est une des personnes qu’on aime le plus. Real Bad (le surnom de Matt Rogers, guitariste de longue date du groupe, ndlr) et moi avons une longue relation avec lui car il a produit nos trois derniers albums, en plus de celui-ci. Mais même si tu remontes à nos premières démos et nos premiers EP, il avait chanté dessus ! En 2007, Andrew et moi étions déjà amis. Donc on a une longue histoire ensemble. Notre bassiste Apolinario a aussi une histoire avec lui : ils ont tourné ensemble avec DEVIL IN ME et COMEBACK KID. Notre batteur Jesse a aussi joué pour COMEBACK KID pendant quelques années, donc on était déjà tous super proches de lui et c’était facile. C’est comme refaire de la musique avec un pote. Ce qu’il nous amène à chaque fois, c’est qu’il nous pousse dans des directions dans lesquelles nous n’allons pas d’habitude. Il nous propose des défis et on le défie en retour. C’est une manière très saine de faire de la musique ! Si on avait un producteur qui disait : « Non, ça ne va pas le faire comme ça », ça ne marcherait pas pour nous parce qu’on est généralement très têtus à propos de notre musique et de nos opinions. Mais on a confiance en Andrew parce qu’on adore la musique qu’il fait. Si on ne comprend pas tout de suite sa vision, on est d’accord pour essayer quand même. Parfois ses idées sont nulles, parfois ce sont les nôtres qui sont nulles, mais on se donne mutuellement des idées et l’opportunité de les réaliser. Certaines des meilleures choses qui sont arrivées sur nos albums et sur nos chansons viennent de moments où on a suivi aveuglément les avis des uns et des autres. Parfois, ce qu’on suggère à l’autre semble dingue, mais si on a confiance en cette personne, alors parfois, certains des meilleurs moments arrivent. On se prend parfois un peu la tête, mais d’une belle manière. On se donne des défis, mais ça fait ressortir le meilleur de nous-mêmes. Il a aussi une très bonne manière de nous faire garder le moral et de rester dans les temps sur notre programme. Parce que si on va en studio, comme pour cet album, on y est pour moins d’un mois. J’y suis allé peut-être le 1er ou le 2 janvier et on est sortis avant février avec les dix chansons complètes alors qu’on n’avait pas écrit la moindre chanson en entrant en studio ! On a complètement écrit et enregistré cet album en moins d’un mois. Pour faire ça, il faut avoir un producteur qui te pousse toujours et qui s’assure que pendant que la batterie est en train d’être enregistrée, je travaille sur la voix et sur d’autres choses. On gère plusieurs choses à la fois. On a beaucoup de raisons d’aimer travailler avec Andrew et j’espère qu’on continuera à bosser avec lui sur les prochains albums, s’il n’est pas trop occupé avec COMEBACK KID… C’est souvent le cas, mais il trouve toujours du temps pour nous malgré tout et on aimerait vraiment continuer à bosser avec lui à l’avenir.

À propos des tournées, vous allez jouer à Nancy en novembre. Ce n’est pas une ville habituelle sur une tournée ! Qu’est-ce que vous attendez du public nancéien ?
Je ne sais pas, peut-être un bon concert ? J’espère en tout cas ! On a toujours eu du succès à Paris, à des degrés différents et à des moments différents de notre carrière. On a toujours eu un peu de succès en province mais on a eu la chance de faire une tournée complète avec RISE OF THE NORTHSTAR en tant qu’invités il y a deux ans. On a donc fait avec eux plus de dates en France qu’on n’en avait jamais fait en une seule tournée ! En plus, on jouait devant de grandes foules parce qu’ils ont beaucoup de fans là-bas. C’était très bénéfique pour nous parce qu’on a gagné beaucoup de nouveaux fans. On a joué devant les bonnes personnes parce qu’ils ont un public ouvert, avec une tendance heavy, qui est aussi ouvert au mélange de rap avec du hardcore. Donc pendant cette tournée, à chaque fois qu’on a joué en France ou en Belgique, nos chiffres ont été plus hauts que jamais ! J’ai l’impression qu’on monte de plus en plus dans cette partie du monde et j’ai hâte du concert !
Il y a quelques années, vous avez tourné avec RISE OF THE NORTHSTAR, mais aussi avec LANDMVRKS. Ce sont des groupes qui montent vraiment dans la scène mondiale aujourd’hui. Que penses-tu de ces nombreux groupes français qui arrivent sur le devant de la scène ?
C’est super ! J’adore voir les gens avoir du succès. Pas dans le sens où je veux les voir avoir leurs putains de cinq minutes de célébrité, mais plutôt les voir vraiment atteindre les hauteurs que ces mecs sont en train d’atteindre. Il y a de la longévité là-dedans, c’est indéniable ! Ils ont une base de fans vraiment solide et ça va rester avec eux pour toujours. Mais j’adore voir les gens avoir leur moment de gloire : il y a des pays et des villes dans lesquel.le.s des groupes d’amis qui ont grandi ensemble ont joué aux mêmes concerts et ont aussi tourné dans la même scène. Ces mecs ont leur moment de gloire aujourd’hui et je trouve magnifique de voir ça parce que je les vois monter depuis dix ans maintenant et ils le méritent ! Ils sont super cool et super humbles. Chaque fois qu’on les voit, ils sont aussi cool que s’ils étaient dans un petit groupe. Ils ont cette même énergie maintenant qu’ils sont des putain de têtes d’affiche et j’ai beaucoup de respect pour ça. Certaines personnes, pas tout le monde, mais certains pourraient prendre la grosse tête et devenir un peu arrogants en ayant une énergie différente de celle d’avant. Mais ces gars sont adorables et je suis heureux pour eux !
Quelle chanson de « Saudade » correspondrait le mieux à ton humeur aujourd’hui ?
Je reviens souvent à "Kill This Shit". Comme je le disais, je n’écris jamais avec une intention précise et je le redis, mais quand j’ai entendu le riff que Matt a écrit pour cette chanson, il y avait ce côté heavy, presque à la KUBLAI KHAN, qui emportait vraiment, quelque chose de lent que DEEZ NUTS n’avait jamais vraiment fait auparavant. Je me suis dit qu’il fallait que ça soit une chanson qui mette de bonne humeur. Dans ma tête, j’imaginais une chanson jouée pour le début d’un match de catch ou bien de lutte gréco-romaine. Il fallait que ce soit une chanson qui donne de l’énergie pour pratiquer du sport, courir, péter la gueule de quelqu’un ou bien juste se sentir bien et conquérir le monde, ce genre de choses. Je pense que j’ai réussi et c’est devenu une chanson qui me gonfle à bloc. J’ai écrit la chanson pour moi-même, ce que je ne pensais jamais faire. Quand je m’énerve sur quelque chose ou que quelque chose m’atteint, j’écoute cette chanson : c’est comme si je me disais à moi-même que je vais tout déchirer. J’ai très souvent cette chanson en tête. Mais parfois, je suis plutôt d’humeur pour "God Damn" qui est une autre chanson dont la lourdeur est complètement opposée. C’est probablement la chanson la plus mélodique et la moins heavy, avec un côté ALKALINE TRIO dans les mélodies et j’adore ça aussi. Parfois, j’aime beaucoup écouter ça et me dire que ça me représente mieux. Donc ça dépend des jours, mais aujourd’hui je dirais "Kill This Shit" parce que je trouve que je déchire aujourd’hui (rire) !
Vous allez bientôt célébrer les vingt ans de DEEZ NUTS. Pour les dix et quinze ans de « Bout It » et « Stay True », vous aviez sorti des éditions spéciales des albums. Est-ce que vous allez faire quelque chose de spécial pour les vingt ans du groupe ?
Oui ! J’avais tout fait à la main pour ces éditions spéciales : j’étais allé les faire presser moi-même, je les ai ramenées chez moi, je les ai signées, faites emballer et je les ai envoyées moi-même par la poste ! J’avais fait ça dans ma putain de chambre ! On va bien sûr faire quelque chose pour les vingt ans de DEEZ NUTS. Je ne sais pas quoi mais on fera sûrement un genre de tournée qui va résumer le meilleur de ces années, un peu comme ce qu’on fait à chaque fois. On verra comment on le fera de manière spéciale. Je veux vraiment faire quelque chose d’unique. Par exemple, une réédition de « Rap Your Hood » (le premier EP du groupe sorti en 2007, ndlr). Je ne sais pas si beaucoup de monde écoute « Rap Your Hood » en 2025 parce que les chansons sont un peu nulles, mais on essaiera de faire quelque chose de spécial. Peut-être un best-of ou quelque chose comme ça !
