9 novembre 2025, 17:01

AGNOSTIC FRONT

"Echoes In Eternity"

Album : Echoes In Eternity

On n’y croyait plus à ce nouvel album. Plus de 40 ans après son arrivée sur les planches d’un New York éternellement gorgé de rebelle attitude, celui qui avec Harley Flanagan a posé les bases du punk-metal, aujourd’hui appelé hardcore, AGNOSTIC FRONT nous interpelle avec « Echoes In Eternity ». On remballe les fleurs et les tongs, Roger et Vinnie nous réservent de réelles salves d’artillerie.

"Way Of War". Pas d’introduction instrumentale, on démarre au milieu d’un couplet. Le morceau a l’énergie et la brièveté de l'AGNOSTIC FRONT de toujours, des riffs qui glissent sur une basse folle, et une voix vindicative portée par la batterie. Roger ne fait pas ses 61 piges avec ses vocaux adolescents. Sans reprendre son souffle c’est le skud "You Say", sang pour sang hardcore speed et oi ! Nous sommes droits dans nos Doc Martens sur "Matter Of Life & Death", riffs martiaux pénétrants et slam dans le plus pur urban style avec, s'il vous plaît, Darryl "DMC" McDaniels de RUN DMC en featuring bref, c’est jouissif. "Tears For Everyone" aurait pu être une reprise de SLAYER avec sa rapidité d’exécution et son solo saignant, mais le chant de Roger rappelle qu’il était le premier dans les rangs du tintamarre brutal, et qu’il a su imposer un style authentique comme le reflète ce "Divided" mi agressif, mi nostalgique.

L’album prend une direction singulière dès "Sunday Matinee", morceau qui me fait craquer de plaisir, du pur punk-oi !, rythmique minimaliste, des riffs qui RAMONES et des refrains fédérateurs, voilà un hit que l’on attend pour animer les pits. Du grand AGNOSTIC FRONT, digne de ses plus grands tubes. "I Can’t Win" nous laisse pantois tel un "Victim in Pain", puis c’est la folie pure de "Turn Up The Volume", brûlot NYHC que les afficionados adopteront immédiatement. On sent nos pieds s’arracher en sautillant du sol pour soutenir un air de hardcore qui décoiffe, qui réunit la famille hardcore sous toutes ses formes. Rythmique effrénée, guitares qui crachent, "Art Of Silence" c’est 41 secondes d’un délire napalm-punk, puis ça repart avec "Shots Fired" qui a la saveur du bitume chaud d’un été new-yorkais, avec une pointe de démesure à la SUICIDAL TENDENCIES. Dingue.

L’offensive se poursuit. "Hell To Pay". AGNOSTIC FRONT semble défendre bec et ongles son leadership, tabassage à grands coups de cordes huileuses et de chant rageur, speedcore à travers "Evolution Of Madness", retour à du punk martial pour "Skip The Trial", à nouveau un excellent refrain pour user nos cordes vocales. Voulant finir en beauté, AGNOSTIC FRONT lâche "Obey" au message musical des plus concis, mais également des plus efficaces, puis c’est "Eyes Open Wide" qui fait claquer ses semelles hardcore dans une ultime épreuve de force NYHC. Applaudissements.

Dignes héritiers du punk new-yorkais, urgence d'écriture et d'exécution, c’est-à-dire lâcher son message en moins de 30 minutes chrono, AGNOSTIC FRONT a su réaffirmer, pour ceux qui en doutaient, que les parrains du hardcore sont toujours présents, porteurs de la flamme et éternels vigilantes du mouvement. Vous pouvez (si vous en êtes capables) reprendre une activité normale. Bonsoir.

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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