29 novembre 2025, 11:55

BUKOWSKI

Interview Mathieu Dottel & Romain Sauvageon


Derrière ce nom désormais bien connu, il n’y a pas seulement un clin d’œil au regretté Charles Bukowski, mais bien une ode à la persévérance et la fureur. BUKOWSKI est de retour avec son nouvel album « Cold Lava », et cela risque bien de faire bouger votre classement de fin d’année. Et puis, au diable les statistiques, ce brûlot plein d’efficacité va tout simplement vous faire bouger la tête, avec une spéciale dédicace aux fans de la première heure, car il marque un inattendu retour aux sources. Avec bientôt 20 ans au compteur, BUKO n’est définitivement pas prêt d’éteindre les amplis… d’ailleurs, je croyais que c'était un mythe, les amplis à 11 ?
 

« Cold Lava » semble marquer une nouvelle étape : line-up stabilisé, plus collectif, plus organique… c’est un tout nouveau BUKOWSKI, en fait ?
Mathieu Dottel : Complètement, c’est un peu un BUKO 2.0. Le son est effectivement très organique, on a bossé à l’ancienne avec Francis Caste. Et collectif, comme tu dis, car tout le monde s’est investi dans la composition et dans les textes. Un vrai travail à huit mains… et même à dix avec Francis, qui s’est aussi impliqué dans le projet. Tout s’est déroulé naturellement, et on en est très fiers.
Romain Sauvageon : Je ne peux qu’approuver, Mathieu a très bien résumé l’esprit. Ça s’est fait par étapes : d’abord nous, puis Francis, qui apporte la petite finition qui donne encore plus d’ampleur au tout. Le line-up stabilisé aide beaucoup, car il nous a permis de mieux nous connaître. Après, est-ce qu’on peut vraiment parler d’un BUKO 2.0 ? Par la force des choses, oui. Mais musicalement, on a aussi voulu revenir aux sources. On est sur un grand écart entre modernité et hommage au BUKOWSKI des débuts.

Comme évoqué, vous avez travaillé avec Francis Caste pour la production, c’est la quatrième fois ! Après toutes ces expériences avec lui, est-ce qu’il arrive encore à vous surprendre ?
M.D. : Pour Romain c’était la première fois, donc une découverte énorme. Et me concernant, il nous surprend toujours. Ça faisait quand même un bout de temps depuis la dernière fois, et j’ai vu une évolution dans sa manière de travailler. Il a progressé, et il a encore plein de tours dans son sac.
R.S. : Sans avoir de point de comparaison, c’est vrai que c’est super agréable de travailler avec lui. Ça file droit, et il comprend tout de suite le projet. J’avais même parfois l’impression qu’il le comprenait mieux que moi. Ce qui n’est finalement pas étonnant, puisqu’on a la tête dans le guidon depuis plus d’un an, et qu’on a entendu nos morceaux des milliers de fois. Et lui, il arrive avec une oreille neuve, il va changer juste un micro-détail, et ça fonctionne tout de suite.

D’ailleurs, il a dit de vous « Bukowski, c’est un porte-avions sur le Canal St Martin ». J’adore cette citation, c’est plutôt flatteur ?
M.D. : L’expression est très bonne, il nous l’a rappelée dès la première réunion. Et là, on s’est dit que c’était vraiment la bonne personne pour réaliser cet album. C’est exactement ce qu’on avait en tête : des refrains hyper catchy et un rouleau compresseur qui avance.

Justement avec « Cold Lava », vous revenez à des morceaux plus courts et plus directs. Vous venez de dire que c’était une volonté de renouer avec l’efficacité rock de vos débuts, peut-être aussi de revenir aux fondamentaux du style ?
R.S. : Au départ, la direction artistique était de mêler modernité et retour aux racines. Donc pour le côté rock'n'roll aussi, car on voulait quelque chose de plus "in your face", et garder plein de passages qui envoient fort. En tout cas, mettre davantage le curseur sur le rock que sur le metal. On a toujours été entre les deux, mais là, c’est un peu plus penché de ce côté-là.

Au passage, c’est vrai que votre son a toujours oscillé entre metal et rock. Est-ce qu’il y a une dominante dans vos influences ?
M.D. : C’est dans notre ADN de pousser les amplis à 11, nous sommes tous des fils du metal. C’est vrai qu’on aime bien alourdir un peu le riff, on va dire qu’on fait du metal teinté de rock. J’aime vraiment quand la guitare est saturée, ce matin par exemple, j’ai écouté DECREPIT BIRTH, c’est une machine de guerre ! Après, quand j’écoute autre chose, ce n’est pas forcément du rock, souvent des choses beaucoup plus calmes, mais quand il y a de la distorsion, je ne peux pas m’empêcher d’écouter des groupes très violents.

Il y a douze ans, je vous demandais quelles étaient vos attentes avec « Hazardous Creatures ». Aujourd’hui, avec « Cold Lava »​, qu’attendez-vous encore d’un album de BUKOWSKI ?
M.D. : Avec cet album, on a fait des refrains fédérateurs pour que les gens bougent la tête. On aime dire, et sans aucune prétention bien sûr, qu’on fait de la musique de stade et qu’on a envie de voir tout le monde headbanger en même temps, et éventuellement chanter les refrains avec nous. C’est un album qui est moins introspectif que précédemment, et même si les textes ne sont pas spécialement joyeux, il y a une sorte de fête qui s’installe autour des mélodies. Donc plus le public sera nombreux aux concerts, plus on sera contents.
R.S. : Avec l’âge qui avance, on voit aussi tout un tas de nouveaux groupes sur scène avec un niveau technique stratosphérique, ce qui est génial ! Mais il y avait aussi la volonté de se rapprocher des groupes de notre adolescence, ceux qui nous ont formés en tant que musiciens. Il y en a plein, et le premier qui me vient à l’esprit, c’est ALICE IN CHAINS, car il y a de la mélodie et du refrain. Et quand on dit "stade", on veut dire la belle mélodie et ce refrain qui reste en tête. Bref, les quadras qui font encore du rock veulent retourner à leurs amours de jeunesse.

Avez-vous eu justement l’occasion de tester vos nouvelles chansons sur scène?
M.D. : On va vraiment tester cela ce 29 novembre au festival Barak’Fest à Arras. Pour l’instant, on a juste joué "Criminals", c’est un titre taillé pour la scène, et les gens ont répondu présents. C’est le morceau le plus costaud qu’on a envoyé, et on se régale à le jouer.

On peut entendre Reuno de LOFOFORA sur "Communication In Silence", comment ce featuring a-t-il vu le jour ?
M.D. : Sur un hasard de calendrier. On ouvrait pour LOFOFORA dans le nord de la France, et après le concert, on discutait, et ça s’est présenté comme une évidence. Car on cherchait à ce moment-là sans se prendre la tête. Reuno a donc accepté immédiatement, et lors de l’enregistrement, il est venu nous rejoindre chez Francis. Il avait écrit ses cinq phrases, il a fait la prise en vingt minutes, et c'était dans la boîte. C’était mortel, même pour Francis c’était un peu un rêve de gosse, car il avait déjà mixé LOFOFORA mais Reuno n’était jamais venu dans son studio. On a pris plus de temps pour discuter dans la soirée...

Peut-on imaginer voir un beau jour cette collaboration en live ?
M.D. : On espère bien ! Il y a une release-party prévue au Forum de Vaureal le 30 janvier, et vu que Reuno n’est pas très loin, on va lui proposer de passer. Mais rien n’est sûr pour le moment.

BUKOWSKI existe depuis presque 20 ans, jusqu’où peut aller votre engagement ?
M.D. : Aujourd’hui, on n’a pas fini, on est ultra motivés. Bien évidemment, dans la vie d’un musicien, il y a des hauts et des bas, et là nous sommes sur le haut. Donc je ne peux que donner de bonnes nouvelles pour la suite des événements. J’ai même recommencé à composer un peu.

Avez-vous prévu de vous exporter à l’étranger ?
M.D. : Ça serait l’idéal, surtout qu’on chante en anglais. Pour l’instant, nous n’avons pas trop de pistes. Il y aurait une possibilité de signature en licence avec des labels, notamment en Allemagne, mais on ne s’est pas penché sur le sujet pour le moment.
R.S. : C’est quelque chose qu’on aimerait beaucoup, mais on sait aussi dans quel état est le monde de la musique depuis quelques années, et les difficultés qu’il y a chez nous. Après, si une opportunité se présente, et j’ose espérer qu’elle se présentera, on la considérera avec attention. Notre but est déjà de voir comment ça prend ici, pour avoir plus de visibilité pour la suite.

Vous avez sûrement une tournée en préparation, ou du moins quelques dates ?
M.D. : C’est en train de se monter, le gros de la tournée va se faire en janvier. Les dates vont bientôt être annoncées.
R.S. : Ce qu’on est en train de voir avec notre booker Rage Tour, c’est surtout de mettre l’accent sur les festivals, donc les événements avec une grosse visibilité. Le but est de défendre l’album au mieux et de continuer à avancer. Il y a une problématique économique, on sait depuis quelques années que faire des concerts, c’est difficile. Avec les festivals, les gens sont plus enclins à payer leur place, car ils savent qu’ils vont voir plusieurs groupes.

Quand vous composer, vous êtes plutôt du style à écouter plein de groupes, ou au contraire à vous isoler musicalement ?
R.S. : Je suis plutôt du genre à écouter plein de groupes, et de styles très différents. Le rock et le metal sont les dominantes, mais j’écoute aussi du jazz et j’aime beaucoup la musique classique, sans être non plus un expert. Ce qui forme un musicien, c’est d’avoir les oreilles ouvertes et d’être attentif à ce qui se fait. C’est comme ça que tu vas développer ton jeu, et aussi tes idées.
M.D. : Me concernant, j’en écoute peu. Mais ce n’est pas parce que je me retiens, c’est juste que je ne suis pas un gros consommateur de musique. Écouter le dernier son qui est sorti, ce n’est pas mon truc. Je vais écouter la radio du coin, qui s’appelle RGB à Cergy. Ce qu’ils passent ne sera pas forcément du metal, mais je vais découvrir plein de choses. D’ailleurs, je les salue au passage !

Et pour conclure, qu’est-ce qui a tourné le plus sur vos platines dernièrement ?
R.S. : J’ai beaucoup écouté l’album de Yungblud, j’ai aussi pas mal poncé les derniers QUEENS OF THE STONE AGE et TURNSTILE.
M.D. : Pour moi ce n’est pas vraiment des nouveautés, mais comme j’ai eu les boules d’apprendre la mort du chanteur d'AT THE GATES, je me suis refait leur discographie, et tous les groupes à coté comme DISFEAR. Sinon, c’est vrai que je n’aimais pas du tout ce que faisait Yungblud avant, mais là, il m’a vraiment surpris. Je trouve qu’il y a un côté rock-star très impressionnant qui est en train de se créer chez ce personnage. Et j’écoute régulièrement le morceau qu’il a fait en hommage à Ozzy, il chante hyper bien.

Ce fut à nouveau un plaisir de converser avec vous...
M.D. : Longue vie à HARD FORCE, et continuez comme cela. C’est grâce à vous qu’on vit ce genre de rendez-vous comme aujourd’hui.

Blogger : Jérôme Graëffly
Au sujet de l'auteur
Jérôme Graëffly
Nourri dès son plus jeune âge de presse musicale, dont l’incontournable HARD FORCE, le fabuleux destin de Jérôme a voulu qu’un jour son chemin croise celui de l'équipe du célèbre magazine. Après une expérience dans un précédent webzine, et toujours plus avide de nouveautés, lorsqu’on lui propose d’intégrer l’équipe en 2011, sa réponse ne se fait pas attendre. Depuis, le monde impitoyable des bloggers n’a plus aucun secret pour lui, ni les 50 nuances de metal.
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