16 novembre 2025, 16:45

1914

"Viribus Unitis"

Album : Viribus Unitis

Pour le commun des mortels, 1914 évoque le début d’une des périodes les plus horribles de l’histoire. Dans le milieu du metal, c’est également le côté sombre qui est incarné par 1914, à savoir le groupe de blackened death/doom metal ukrainien. Il revient en ce mois de novembre ô combien symbolique avec un quatrième album intitulé « Viribus Unitis » (« Par l’union des forces », devise de François-Joseph 1er d’Autriche mais aussi nom d’un cuirassé de la marine austro-hongroise pendant la Grande Guerre). En tenant la pochette hantée par la faucheuse et à la lecture des titres de chacun des 10 morceaux, on sait que l’on entre en plongée immersive dans les batailles de la Première Guerre Mondiale, mais pas à l’arrière où se jouent les stratégies, non, au front, bien au fond des tranchées. Bienvenue dans un monde de sang, de violence, de fumée, de bruit insoutenable mais aussi d’humanité et de solidarité. Ames sensibles, s’abstenir.

"War In" (The Beginning Of The Fall) sert d’intro à l’Histoire avec l’hymne allemand diffusé sur un vieux phonographe. Ce sont ensuite les blasts de "1914 (The Siege Of Przemyśl)" qui prennent le relai avec des riffs cinglants et des vocaux plein de haine envers l’ennemi russe. Quelques secondes de musique militaire en tant que break et le rythme effréné reprend. Une vraie déclaration de guerre.
"1915 (Easter Battle For The Zwinin Ridge)" prend le pas avec un tempo en rafale, des guitares angoissantes et un blackenened death metal incisif. La basse résonne comme les canons et les chœurs viriles président à une deuxième partie de chanson solennelle, tout en laissant place à un final lourd, martial et intense jusqu’à ce que tout s’éteigne doucement, laissant place au vide du champs de bataille ravagé.

Les tirs de "1916 (The Südtirol Offensive)" se font entendre en tant qu’intro à un morceau dissonant, très death metal mais avec un final plutôt mélodique alors que le corps à corps mené sur "1917 (The Isonzo Front)" fait place à une brutalité sans nom, musicalement comme textuellement. Si les rythmes y sont variés, les riffs dissonants et les lignes de chants déchirés ne laissent aucun doute quant à la violence des faits racontés.
Le très pesant "1918 Pt 1 (Wounded In Action)" suit avec des rythmes claqués, ralentis comme si après quatre ans de conflits, chaque action devenait insoutenable. Les chœurs masculins sont ici de retours, vaillants pour se donner la force d’en finir. Il est de même avec "1918 Pt 2 (Prisoner Of War)", acerbe, revendicateur et écrasant de puissance sauvage, surmonté d’une atmosphère funeste, théâtrale par moment. Envoûtant. Et puis le glacial et pénétrant "1918 Pt 3: ADE (A Duty To Escape)" nous plonge dans un black/doom complètement hypnotisant avec en plus la voix aérienne d’Aaron Stainthorpe (ex-MY DYING BRIDE) qui correspond totalement à l’atmosphère chaotique et funeste décrite dans la chanson.

"1919 (The Home Where I Died)" est un titre mélodieux, aux nombreux effets sonores et à l’ambiance mélancolique, presque sereine avec un piano calme et doux, une voix suave chantée de laquelle se dégage une grande quiétude, d’apparence en tous cas. Car au fond, l’angoisse semble toujours présente et les réminiscences de la guerre passée s’entendent dans les tambours de fond. Tout est dit en fin de titre : « The war that never ends ». La beauté dans la tristesse. C’est l’hymne d’outro "War Out (The End?)" qui termine un album aussi intense que sensé.

Avec « Viribus Unitis », 1914 réussit la prouesse de nous immerger dans un monde que pourtant nous ne souhaitions pas connaître de près. Les morceaux y sont si cohérents et prégnants qu’on ne peut que se sentir impliqué. Que l’on soit fan de black, de death ou simplement de metal, chacun trouvera en les mots et les sons, la puissance d’une Histoire funestes, l’intensité d’une musique chirurgicale.

Blogger : Aude Paquot
Au sujet de l'auteur
Aude Paquot
Aude Paquot est une fervente adepte du metal depuis le début des années 90, lorsqu'elle était encore... très jeune. Tout a commencé avec BON JOVI, SKID ROW, PEARL JAM ou encore DEF LEPPARD, groupes largement plébiscités par ses amis de l'époque. La découverte s'est rapidement faite passion et ses goûts se sont diversifiés grâce à la presse écrite et déjà HARD FORCE, magazine auquel elle s'abonne afin de ne manquer aucune nouvelle fraîche. SLAYER, METALLICA, GUNS 'N' ROSES, SEPULTURA deviendront alors sa bande son quotidienne, à demeure dans le walkman et imprimés sur le sac d'école. Les concerts s'enchaînent puis les festivals, ses goûts évoluent et c'est sur le metal plus extrême, que se porte son dévolu vers les années 2000 pendant lesquelles elle décide de publier son propre fanzine devenu ensuite The Summoning Webzine. Intégrée à l'équipe d'HARD FORCE en 2017, elle continue donc de soutenir avec plaisir, force et fierté la scène metal en tout genre.
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